PROLOGUE

646 Words
PROLOGUE « … Tiens tiens… Notre jolie gazelle se connecte… C’est du propre ! Voilà où part l’argent du contribuable… Encore une fonctionnaire payée à rien foutre ! Elle a pourtant cours aujourd’hui, ma Nanouche. Vérifions… Ah ! Au temps pour moi, mardi de 9 heures à 10 heures, un petit trou d’emploi du temps. Tu n’as rien d’autre à faire, Nanouche ? Si tu veux davantage de travail, je vais t’en donner… du fil à retordre. Pas mal comme titre pour une rédaction, non ? Voyons voyons… Sous quel pseudo je vais te parler aujourd’hui ? La gentille et timide Mitsie ? L’intello Daniel B ? Patrick le dragueur ? Milène R la rigolote ? Oui, Milène R, tiens ! Tu dois avoir besoin de décompresser un peu si tu vas sur les réseaux sociaux si tôt dans la matinée ! Revoyons son pedigree à l’autre… Je ne sais plus si sa fille est l’aînée ou si c’est le garçon… Ah ! Zoé, 10 ans, Max, 8 ans. Qu’est-ce qu’il ne faut pas inventer pour la bonne cause, Nanouche ! Tu as vu comme ton ami de l’ombre est malin ? Plus d’un tour dans son sac à malice… Je me demande bien auquel de mes cinq figurants tu finiras par accorder ta confiance ! Je parie pour le dernier, mais je peux me tromper. Ça m’arrive aussi quelquefois, rassure-toi ! Pas souvent, c’est sûr ! Mais les petites fautes d’orthographe, tu aimes les corriger, non ? C’est ton métier et ceux qui en font, tu les trouves plutôt touchants… À nous deux, ma sale g***e ! » « Milène R : — Coucou ! Excuse-moi de te déranger, mais j’ai une lettre importante à écrire pour du boulot. Comme tu es prof, j’en profite un peu ! Lol ! Qu’est-ce qu’il faut dire ? Je vous serai grée ou je vous saurai grée ? J’ai oublié tous ces trucs ! Natnic : (...) » « C’est bon ! Mords bien à l’hameçon, ma chérie ! J’ai tout mon temps ! J’adore voir ces trois petits points danser comme une vague pour m’indiquer que tu écris une réponse ! C’est un peu longuet. Je parie un paquet de cacahuètes que tu es en train de me fourguer l’explication en supplément ! Tu ne peux pas t’en empêcher, hein ? Défaut professionnel ! Dieu que les profs sont chiants et imbus de leur petite personne ! » « Natnic : — Coucou, Milène ! Je t’en prie ! Tu ne me déranges absolument pas ! Si tu es redevable à quelqu’un, pour l’obtention d’un poste par exemple, il est préférable d’employer le verbe SAVOIR, mais au CONDITIONNEL ! Donc, tu écris : Je vous saurais gré de… etc. Par ailleurs, fais attention à ne pas ajouter un « e » à gré. C’est comme bon gré, mal gré ! Milène R : — OK ! Merci pour tout, Natnic ! C’est vraiment sympa ! Tu ne bosses pas aujourd’hui ? Natnic : — Si, mais j’avais une heure de libre ! Et toi ? Tu as quitté ton job à la parfumerie ? Milène R : — Non, pas encore ! Mais je cherche autre chose ! Comme je te l’ai déjà dit, ma patronne est trop chiante ! Toujours sur notre dos ! Enfin… Si je trouve quelque chose de mieux, je la mettrai au parfum ! Mdr ! » Il n’eut que quelques secondes pour se déconnecter. Il s’en était fallu de peu, encore une fois. À nouveau, ses colonnes de chiffres emplissaient l’écran. — Vous n’avez pas encore terminé votre rapport ? — Non, j’ai eu un petit souci avec l’un des logiciels ce matin. Mais je viens de trouver la panne. Il s’obligea à soutenir le regard soupçonneux de son vis-à-vis. Il était clair que son chef nourrissait quelques doutes à son sujet. Mais il savait aussi, pertinemment, que l’autre, se croyant à l’abri des indiscrétions dans son bureau personnel, s’adonnait à sa marotte : le poker en ligne. Ce serait donnant-donnant, le cas échéant… — Bon, je suis bien obligé de vous faire confiance, pour l’instant. Le patron veut ce rapport à 10 heures et demie. Son client a rendez-vous un quart d’heure plus tard. Je compte sur vous ! — Aucun problème, Monsieur. Je le lui enverrai avant l’heure ! Je m’y attelle depuis hier. C’est du boulot, pas un coup de poker ! L’autre s’était retourné vers lui, alors qu’il avait déjà la main sur la poignée de la porte. Il avait légèrement blêmi. — Je peux savoir pourquoi vous dites ça ? Il prit l’air le plus étonné du monde en relevant la tête de son ordinateur. — Hein ? Qu’est-ce que j’ai dit ? Que si mon boulot est prêt, ce n’est pas dû au hasard ? Ben c’est vrai, non ? L’autre se contenta de hausser les épaules. Mouché et habillé pour l’hiver.
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