Directement après l'appel de Nathan, je me rendis vers l'extérieur. Mélancoliquement, à la même seconde qui collait le pas marquant mon arrivée à la belle étoile, un vent me gifla sur la face, volant presque un cristal de mes yeux.
Et à cet instant, sans pour autant me séparer de l'envie de le retrouver, je haïssais dès à présent ce Éric Croft. Je le détestais de vouloir réanimer en moi une petite fille fragile, qui avait pourtant été longtemps dans le coma. Une âme face à laquelle je ne voulais plus me retrouver.
De plus, à cause de la façon dont Léandre m'avait quitté, je désirais tant poser au chauffeur la question de savoir où était son patron. Néanmoins, je ne pus point franchir ce pas.
Je m'inquiétais donc, en silence, des possibles liaisons que je risquais de perdre à cause d'une ombre, un homme sans visage.
J'envoyais ensuite un message à Beau à dessein de me calmer. 'J'espère que tu passes de bons moments.' Avant qu'il ne me dise qu'il m'appellerait quand il sera libre.
Ainsi, dès que la voiture se gara, je m'étais hâtée d'aller dans mon cocon, ne sachant pas la scène de théâtre qui m'y attendait.
C'est comme si les étoiles s'étaient alignées afin de à tour de rôle, puis à tour de baguette, me jeter un sort. Je n'avais plus de moment de sérénité.
Précisément, en ouvrant la porte, je vis face à moi, Grâce, aux côtés de son petit ami.
'Que fais-tu chez moi ?' Lui Demandais-je.
Avant ce jour, je n'avais encore autorisé aucun homme à y mettre les pieds. Aucun, appart ceux qui passaient dans le but de réparer des pannes à la maison. Même mes clients, je les gardais à distance. Ils avaient seulement le droit de savoir où j'habitais, parce qu'ils envoyaient chauffeur et cadeaux, sans pour autant eux même pénétrer à l'intérieur de mon lieu secret.
Toutefois, ne sachant pas mes conditions, le petit ami de Grâce rétorqua, 'Depuis quand me parles-tu sur ce ton ?'
'J'ignorais que nous étions amis toi et moi... ' ne cessais-je de flirter avec le mépris.
'Tu devrais être un peu plus humble.'
'Je l'ai été... et je n'ai rien gagné de cela, même pas de la sympathie !' Hurlais-je en claquant la porte qui n'avait pas encore été fermée derrière moi.
'Térésa... ' Murmurait enfin Grâce.
Or, je l'interrompis, 'Quoi ? Tu lui as pardonné ?'
'Eh bien... il s'est excusé.' Et j'éclatais de rire. Ainsi, elle continua, 'Tu devrais me comprendre... pas plus tard qu'aujourd'hui, tu as fait des efforts pour ton mec.'
Mais je riais encore plus fort, 'tu ne sais rien ! Rien des sacrifices que je fais pour quiconque.'
'Alors que je suis ton amie.' Me reprenait elle.
'C'est pour cette raison que je t'épargne de connaître celle que tu ne veux pas que je sois.'
'Écoutes... ' entamait son copain. 'Je ne suis pas venue ici pour une telle scène. Je suis venue pour récupérer ma femme.'
'Ta femme ? Oh, j'ai du raté un épisode parce que je n'ai pas reçu le faire part de votre mariage.'
'Térésa... il m'aime, c'est pour cela qu'il m'appelle comme telle.'
'Oh, ça doit aussi être pour cette même raison qu'il t'a trompée... '
'Tu lui racontes nos problèmes ?' Se tourna-t-il brusquement vers elle.
'Non, chéri... ' soufflait-elle, 'Térésa, j'en ai marre de ton air condescendant, ok ?' Cria telle, 'il s'est excusé et c'est la meilleure chose qu'il pouvait faire. Que veux-tu de plus ? Il n'est pas aussi riche que ton chéri, mais au moins, je suis sûre qu'il m'aime.'
'Que pourrais-je ajouter ?' posais-je la question, 'que sais-je de l'amour ? Mais en es-tu certaine ?'
'On s'en va.' Dit-il, la tirant vers l'extérieur.
Et alors qu'ils s'avançaient vers la sortie, je susurrais, 'tes affaires... ' lorsque Grâce, se retourna, horrifiée, continuant tout de même son chemin.
Je restais ainsi seule dans la pièce, de retour à ma vie de solitaire. Puis, en avançant vers le canapé, je fixais l'écran de la télévision que je n'allumais presque jamais, créant des images en moi d'une vie meilleure.