Bien souvent, elle finissait sous les draps, manipulée par les doigts d'Ana.
Elle courait s'y réfugier, y trouvant du confort et du réconfort.
Un jour, Aline envoya un message à Ana dans la nuit. Lui demandant de venir chez elle, car elle ne se sentait pas bien.
La jeune adolescente ressentait les frissons de la maladie s'agripper à sa chair.
Et les deux jeunes femmes s'étaient aimées, avant que la visiteuse ne s'en aille très tôt à l'aube.
Aline quant à elle s'était apprêtée pour aller en cours. Par obligation, pris le petit déjeuner puisque ses parents étaient en congés et l'observaient, avant de mentir, de monter se soulager afin d'aller se faire vomir.
Elle alla ensuite à l'école et ne s'était pas sentie mieux de la journée. Il n'y avait pas que son corps qui ne fonctionnait plus normalement. Ses émotions étaient en fureur. Celle-ci avait même repoussé Ana cette journée.
La jeune femme ignorait ce qui n'allait pas chez elle et avait l'impression de devenir folle. Folle de rage. Folle de tristesse. Folle.
Elle rentra à la maison, salua ses parents, puis était restée allongée, fixant le vide, jusqu'à l'heure du dîner.
À table, aux côtés de sa mère et de son père, elle mangea du poulet aux pommes de terre.
Après cela, vint se placer face à la fenêtre de cette pièce qui avait été témoin de tant de souffrance.
Cette pièce qui avait accueilli dépression et anorexie. Cette chambre qui l'avait vu grandir et l'avait aimé telle qu'elle était, cette chambre qui avait supporté tous ces états.
On dit souvent que les murs ont des oreilles. Alors peut-être est-ce la raison pour laquelle on s'attache à des maisons. Car bien trop de fois les couloirs ont été à l'écoute de nos cris.
Mais ce qu'Aline désirait pour une fois, entendre la voix de son lit la réconforter. Sa chambre lui dire qu'elle l'aime et son oreiller caresser les cheveux se cassant sur sa tête.
Pendant qu'elle essaya de se lever afin daller se soulager, un vertige et des nausées captivèrent, son corps amaigrit. Ainsi, elle tomba sur le sol, paralysée par des crampes insupportables. Pourtant, elle n'appela pas à l'aide. La lenteur de ses gestes la plaisait presque à cet instant. Simplement parce que pour la première fois depuis si longtemps, le monde parlait moins fort et elle entendait la voix en elle. Sa voix dans le passé.
Celle de cette petite fille courant dans les jardins le sourire aux lèvres, les pieds sales ayant bien trop joué dans de la boue. À cette époque où les avertissements et agacements de ses parents ne cachaient pas l'amour qu'ils avaient envers elle. Oui, elle pouvait encore ressentir leur fierté. Cette époque où après avoir demandé à leur fille d'arrêter, ils se mettaient à rire devant la bêtise qui en dernier ressort apportait de la joie à leur vie.
Que s'était-il donc passé ?
Des larmes aux yeux, face à ces souvenirs, elle trouva la force de se relever pour aller vers la salle de bain.
Fesses posées sur le WC, yeux pâles telle une âme fixant un ours polaire au milieu d'un froid affamant, la jeune petite femme observait le vide. Laissant son cœur danser sous le silence de cet espace temps.
Puis, un sourire se dessina, lorsqu'elle parla, "comment es-tu entrée ?"
"Ta fenêtre était mal fermée." Annonçait donc Ana. "Tu es si magnifique." Louant la mort présente sur les gestes de celle lui faisant face.
Line se releva, s'essuya avant de, dans sa robe de nuit tant détestée par son père, mais chérie par Ana, suivre cette dernière vers la chambre.
"Tu sais Line, jamais encore quelqu'un ne m'a aimé comme tu le fais. Parmi tout ce monde, je t'ai choisi toi et je ne le regrette pas."
"Tes mots apaisent les battements agités de mon cœur." Se posa-t-elle sur le lit. "Viens maintenant." Tendant sa main vers son amie.
Celle-ci agrippa donc ses doigts sur la paume d'Aline, puis déposa sa silhouette au-dessus de cette dernière.
Les deux souffrantes et rejetées âmes se regardaient. L'une étant ainsi assise sur les cuisses de l'autre. De là, Ana emprisonna de nouveau la face de Line entre ses ongles. Ensuite lui offrait un b****r.
Un b****r tant chaud qu'il donna l'impression à Line de recouvrir la fraîcheur fiévreuse qu'elle eut ressentie dernièrement.