juliette

weekend

Enfin de retour chez moi . Quel bonheur de se retrouver entouré de ceux qu'on aime !! Ma famille est ma seule refuge. C'est vrai que les jeunes de nos jours manifestent leur désir de partir bientôt, quitter la maison de parents et devenir autonomes, car pour eux il est inconcevable de rester trop longtemps dans une situation de dépendance, l’indépendance qu’on obtient par soi-même a une très grande importance. Mais personnellement je ne suis pas pressée de partir.

Je veux profiter de chaque seconde de ce week-end. L'accueil de mes parents était très chaleureux, surtout de la part de ma mère, elle ne cesse de me toucher comme si c'est pour vérifier si j'étais vraiment là .

Hélène _ma puce, mon bébé d'amour , tu m'as énormément manqué .

JULIETTE _toi aussi maman chérie !!

Noah _ ah ! la chiante est de retour !!JULIETTE _le tombeur !!

Noah _la g***e !

JULIETTE_ l'imbécile !!

Hélène _ ehhhhhhh , crie maman , arrêtez tous les deux !! Noah laisse ta sœur tranquille .

Noah _ c'est toujours ma faute !!

JULIETTE _ oui puisque c'est toi qui a commencé.

Noah _ tu sais ?? tu m'as vraiment manqué ?? enfin , je veux dire le fait de te taquiner m'a manqué.

JULIETTE _viens dans mes bras nez de bœuf.

Noah _ je t'aime reine des cons .

On a dîné en une ambiance très agréable, mon père nous a rejoint quand il a fini son travail. Après le repas copieux de ma mère, je me suis rendue dans ma chambre pour dormir, mon lit me manque, tout est bien rangé comme je l'ai laissé la dernière fois, même l'odeur des draps est encore fraîche . Je change mes vêtements et m'affale sur le lit , je mets mon téléphone en mode silencieux et dors comme un bébé qui a retrouvé sa maman après longtemps.

Le lendemain matin .

On toque à la porte , j'ouvre péniblement un œil pour voir l'heure, il est six heures du matin. SIX HEURES ??? Qui est ce fou qui me réveille dès l'Aube ?? Comme si je ne sais pas.

Noah _ vas y , lève toi, bouge tes fesses, on va faire du jogging !!

JULIETTE _ non pas maintenant, reviens dans deux heures ou dans deux jours si tu insistes !! dis je d'une voix mi_endormie .

Noah _ il fait beau temps, on doit profiter car l'après-midi il pleuvra.

JULIETTE _ d'accord, je te rejoins, je dois me changer d'abord.

Noah _ enlève ces chaussettes de clown, dit il en pointant du doigt mes pieds .

Je soupire et lève mes yeux au ciel .

Je vais donc aller au parc avec ce raté, Il fait encore froid ,humide et l'atmosphère est pesante. L’herbe est mouillée, fraiche et glissante. De gros oiseaux planent au-dessus de nos tête.

JULIETTE _Qu'est ce qui m'a pris d'accepter cette mauvaise idée et de laisser mon lit ??

Noah _arrête de bouder !! On va s'amuser, je te promets.

Le soleil commence à réchauffer avec ses rayons la terre humide, l'odeur de l'herbe et des rosés est sublime et me fait emporter dans un autre monde , j'ai oublié pour un moment Noah qui s'est étalé sur terre pour faire quelque gestes de gymnastique. Je pense à Harry , son parfum ne me quitte pas d'esprit. Je fais quelques étirements et souris de temps à autre en me rappelant son histoire du mot de passe .

Noah _ eh toi !!! où est est-ce que tu es partie ??? Ne me dis pas que tu penses au gars de l'autre fois ??

JULIETTE _ pas du tout, c'est just que ....

Noah _ tu mens mal !!

Je baisse ma tête pour ne pas faire paraître mes émotions.

Noah_ JULIETTE !!! pourquoi tu as une tête de mule ??? Qu'est-ce qui est spécial chez lui ??

JULIETTE _ je n'ai pas le droit d'aimer ??

Noah _ si , à moins que ça ne te fera pas souffrir.

JULIETTE _ je veux tenter ma chance et voir où ça m'emmènera.

Noah _ il n'y a pas très longtemps ça t'a emmené à être aux limites d'une tentative de viol .

JULIETTE _ t'as pas le droit de me parler comme ça

Noah _je suis ton frère, je dois te protéger

JULIETTE _ et tu dois aussi me rappeler cette histoire à chaque fois

Noah _ je me rappelle seulement des nuits pénibles à cause de tes cauchemars si tu te souviens.

JULIETTE _ tu sais quoi ? je n'ai pas besoin d'entendre tes conneries. tu as gâché ma journée, merci .

Je jette la bouteille d'eau que je tiens et coure sans aucune destination, les yeux pleines de larmes et l'angoisse envahissant mon coeur. c'est douloureux, ce n'est pas aussi facile comme ça en a l'air .Si je peux me reconstruire aujourd’hui, c’est grâce à ma famille et surtout à Noah. Il avait raison en quelques points mais ce n'est pas la peine de me le dire tous les cinq minutes .

Faire le choix de ne pas se taire, c’est faire le choix de la vie. Les violences sexuelles ne sont pas des contes visant à effrayer les jeunes filles, ce sont des histoires qu’il faut avoir le courage de raconter.

C'était un samedi, Il y a deux ans, une fête entre amis. De l’alcool, de la d****e circulaient . J'ai été invitée avec ce que j'appelais à l'époque petit ami. Un élève comme moi , populaire, j'avais le béguin pour lui , et j'aimerais être en sa compagnie comme il était capable de me faire sentir quelque chose d'unique. J'avais une confiance inexplicable en lui. Il m’a emmenée loin des consciences, des lumières chaudes, des éclats de rire. Je l’ai vu se transformer en prédateur sexuel.

De personne, je suis devenue chose. Le monde s’est réduit à lui, l’agresseur ; aux quatre murs de la pièce qui faisaient de moi la victime de gestes non consentis, et de coups lorsque j’ai résisté. Son agression a été interrompue par l'arrivée de mon frère qui n'a pas accepté notre relation dès le début puisqu'il connaissait son passé.

La honte, la dépression, l’anorexie m’ont anéantie, et tout cela est resté scellé dans une carapace de silence entre deux personnes . Chaque nuit, le cauchemar me guette et ma seule refuge était Noah.