XI Le rêve d’un péchéC’est, après un bain prolongé dans le ruisseau clair, en une heure de repos, étendue sous l’ombre des forêts troublantes, qu’Artémis aux jambes chastes sentit le désir, serpent qui se cache dans les rêveries, piquer sa chair calme. La princesse songe, non plus à un passé d’orgueil satisfait, mais au présent, et à de possibles joies. Des cogitations étrangères à son habitude, des doutes sur l’excellence de ce qu’elle a résolu, des curiosités aiguës de ce qu’elle s’est interdit, des préoccupations de ce qu’elle dédaigne et fuit, se lèvent insensiblement en elle. Sa pensée tourne ces pages du livre du Sphinx, qui bruissent comme un écho affaibli de baisers nombreux et sourds, et d’où glissent les signets : fleurs séchées moins vite que les ardeurs qui les ont échangée