VIII Le prince Sigismond MalatestaPlutôt amant que l’on rêve, que mari qu’on subit, que l’on trompe, en lui revivait quelque chose de ce temps où les Alberti, des banquiers, étaient beaux comme les dieux grecs ; où l’industriel était artiste ; l’artiste poète et le brigand bandit. Au lieu du Bovary nobliot des romans modernes, Sigismond Malatesta semblait le pâle seigneur peint par Raphaël et que l’on dit être César Borgia, autant toutefois que le hideux habillement contemporain permet de rappeler un patricien à toque et pourpoint de velours tailladé. Maigre sans être osseux, le nez long aux narines fermées, il portait sur son front droit l’inquiétante blancheur de la perversité. À le voir, on sentait qu’en aucune situation il ne pouvait pas plus être ridicule qu’un tigre. Dès vingt ans,