Journal écrit à Huntingdon – Huntingdon, année 1765J’avais renoncé à vous voir et même à vous écrire, Théodora ; mais vous m’approuverez d’obéir à la voix de ma conscience, qui me crie de rétracter une coupable malédiction, et de justifier à vos yeux, comme il est justifié aux miens, celui que dans mon cœur j’avais accusé d’être un mauvais père. Oui, Théodora, j’avais maudit celui que je croyais l’aveugle ennemi de sa fille, celui qui lui avait défendu d’être à moi, celui qui avait pu vous dire que votre amour ferait votre malheur, celui qui n’avait que trop raison, celui dont la prudence sévère vous a préservée d’être la compagne d’un insensé… Il avait raison ; qu’il me pardonne, et pardonnez-moi vous-même, vous, sa fille, vous qui m’aimez toujours, je le sais, mais que je délie de vos s