Lettre XII28 juillet, II. Enfin je me crois dans le désert. Il y a ici des espaces où l’on n’aperçoit aucune trace d’hommes. Je me suis soustrait pour une saison, à ces soins inquiets qui usent notre durée, qui confondent notre vie avec les ténèbres qui la précèdent et les ténèbres qui la suivent, ne lui laissant d’autre avantage que d’être elle-même un néant moins tranquille. Quand je passai, le soir, le long de la forêt, et que je descendis à Valvin, sous les bois, dans le silence, il me sembla que j’allais me perdre dans des torrents, des fondrières, des lieux romantiques et terribles. J’ai trouvé des collines de grès culbutés, des formes petites, un sol assez plat et à peine pittoresque : mais le silence, et l’abandon, et la stérilité m’ont suffi. Entendez-vous bien le plaisir que j