Lettre VISt.-Maurice, 26 Août, I. Un instant peut changer nos affections, mais ces instants sont rares. C’était hier : j’ai remis au lendemain pour vous écrire ; je ne voulais pas que ce trouble passât si vite. J’ai senti que je touchais quelque chose dans le vide. J’avais comme de la joie, je me suis laissé aller ; il est toujours bon de savoir ce que c’est. N’allez pas rire de moi, parce que j’ai fait tout un jour comme si je perdais la raison. Il s’en est peu fallu, je vous assure, que je n’aie été assez simple pour ne pas soutenir ma folie un quart-d’heure. J’entrais à St.-Maurice. Une voiture de voyage allait au pas, et plusieurs personnes descendaient aussi le pont. Vous savez déjà que de ce nombre était une femme. Mon habillement français me fit apparemment remarquer ; je fus sa