Cette nuit-là, il allait inévitablement revenir, un inconnu aux multiples noms et au visage occulte.
Il était onze heures du soir lorsque Laura prit un thé chaud au parfum angélique, avant de s'effondrer sur le lit qui témoignait de son vécu. Les flammes chaudes du brasier qu'elle vivait déjà depuis un bon moment.
À une heure méconnue, dans un monde opposé au nôtre, elle se réveilla capturée dans des bras. Les bras des ténèbres. Il faisait sombre et encore une fois, Laura était perdue entre rêve et réalité.
Depuis sept ans maintenant, elle était célibataire. Pourquoi aurait-elle dit non ?
Pourquoi aurait-elle refusé de ressentir, ce qu'aucun homme ne pouvait lui faire expérimenter ? Pourquoi ?
Et surtout à un moment de sa vie où la jeunesse lui disait au revoir et la vieillesse se méfiait d'elle ?
C'est alors que dans le silence de la nuit ardente, ce complice des défaites humaines, égratignait sans blesser le chemin qui le menait aux portes du royaume de Laura.
Lui qui ne connaissait que la violence, laissait pourtant paraître cette nuit-là, par des caresses et des baisers, son attachement à la jeune femme.
Il la choyait, l'embrassait, puis se frottait à elle en poussant des cris qui pouvaient effrayer des âmes innocentes.
Et malgré le fait qu'il se cachait derrière la nuit, l'espoir porté sur les étoiles trahissait sa morphologie.
Sa taille s'étalait sans fin, ses bras d'ours dessinaient un travail acharné en salle, et les armes portées sur son corps, avaient l'amabilité d'exaucer tous les vœux charnels des désespérés.
Les yeux fermés, Laura se donnait sans retient. Sans laisser échapper un seul mot. La jeune femme se concentrait sur le silence bruyant qui excitait les fraudeurs de la nuit.
Aucun homme n'avait les mêmes.
Ni son armure de guerre, ni même son arme à feu indescriptible qui, en elle, recherchait des mystères en faisant des va-et-viens.
Lentement, elle se plongeait dans un jeu dont elle ne savait rien. Ni les règles, ni même le but. Elle ne voulait que profiter des émotions qu'elle en tirait. L'adrénaline de la vitesse, le surpassement face à l'adversité et l'épuisement de la fin du jeu.
La bête qu'il était prit le dessus, il devint sauvage, les mains posées sur les hanches de Laura. Il menait une danse qui la laissait à bout de souffle.
Caché derrière ses démons, la sincérité de la lune laissait tout de même paraître les intentions de cet étranger.
Au travers de cette ampoule posée sur le ciel, on pouvait lire la rage et l'enthousiasme de cet inconnu se quereller.
C'était en plein hiver pourtant, la chaleur des lieux était de plus en plus intense. Puis d'une force inhabituelle, Laura se redressa, comme pour dire à celui qui la dominait toujours, qu'elle dirigeait tout maintenant.
D'un coup de pied, elle le jeta sur le sol, cognant d'un saut son navire sur cet énorme glacier.
C'était de trop, elle ne pouvait plus se retenir, défiant alors les voix des nuits, elle cria de toutes ses forces.
Elle montait, puis descendait de cette allée à toute vitesse, en donnant toute la force qu'elle pouvait avoir à son amant secret.
À cette forme humaine particulière qu'elle ne verrait sûrement jamais au levé du jour.
La lune, épuisée par cette scène, cria au soleil de mettre fin aux combats occultes qui ne respectaient ni la douceur de ses rêves, ni l'espoir de ses enfants qui avaient les yeux pleins d'étoiles.
En vaillant héros, le soleil mit fin aux ténèbres et transperça de ses rayons les choses cachées.
Enfin vint le jour et Laura qui n'avait pas pu entendre le bruit incessant de son alarme, épuisée, bondit sur son lit, consciente d'avoir certainement trop dormi.
Assise sur le matelas, ses yeux se dirigèrent vers l'horloge qui marquait 8 h 30. Elle était cordialement en retard au boulot.
L'odeur des souffles coupés qui se pavanait sur sa peau, trahissait la nuit chaude qu'elle venait de passer. Elle ne pouvait alors pas ne pas se doucher.
La jeune femme lâcha donc un cri d'agacement tout en retirant sa culotte. La glace qu'elle avait heurtée hier avait sûrement fondu sur elle, car elle en voyait l'humidité.
Son île était inondée. Aucun repos n'avait visité sa nuit. Elle sourit tout en gardant un air perplexe, c'était bien plus qu'un rêve ça.... pensa-t-elle avant de se débarrasser de tout ce passé sous la douche.
L'eau chaude frappait sa peau et de ses mains, elle caressait son corps d'un gel au coco. Ainsi, l'odeur de la veille s'étouffait dans les bulles de savon qui glissait le long de sa morphologie. Ça lui faisait un bien fou, mais elle ne pouvait pas s'y éterniser.
Elle se rinça de là en moins de trois minutes pour filer s'apprêter et sortir de son chic appartement.
Dans la précipitation, la jeune femme avait oublié de prendre sa tasse de café. Et c'étaient donc les yeux alourdis, qu'elle arrivait à voir qu'il était affiché 9 h 45 sur l'écran d'un panneau publicitaire qu'elle pouvait apercevoir sur le rétroviseur de son vieux 4×4, rouge pâle. Alors qu'elle se retrouvait dans des embouteillages.
Après une demi-heure de route enchaînée, sa présence fut tout de suite remarquer dans l'entreprise.
Pourtant, elle ne voulait point y être.
C'était même le regard dégoûté qu'elle confia à son égo à voix basse, 'encore une journée de merde.' Essoufflée par la course qu'elle avait dû faire de sa voiture à son immeuble.
Derrière le son de ses talons, on pouvait entendre les pas d'une femme confiante et déterminée.
C'était d'ailleurs sous ces pas qu'elle avait dirigé ses jambes vers le bureau pour s'assoir et commencer à taper des chiffres sur son ordinateur.