Depuis la première fois, depuis le premier instant où mes yeux se sont ouverts, il n’y a que le visage de ma mère que j’ai vu fleurir devant mes yeux.
Elle était pour moi une combattante, une fée qui faisait tout pour occuper sa place de mère, mais aussi jouer le rôle du père que je n’ai pas eu.
Elle ne voulait jamais que l’on parle de mon père et je me demandais souvent si c’était pour éviter ses blessures ou pour éviter de m’en causer.
Et la cerise sur le gâteau, contrairement à ma meilleure amie Linda, ma famille; qui n’était composée que de ma mère et de moi, n’était pas très riche. Enfin, on ne l’était pas du tout même.
Mais ce trite social n’a pas freiné ses ambitions, ni les miens d’ailleurs. Elle s’était battue pour que je puisse fréquenter les meilleurs écoles de la ville.
Pour que vous comprenez mieux comment cela a pu se faire, sachez qu’un ange a vu la bonté de son cœur.
Elle avait un travail et mettait tout ses revenues sur moi, mais après mes six premières années, la scolarité devenait de plus en plus chère et mes besoins aussi.
Elle voulait tout abandonner lorsqu’elle rencontra le père de Linda, monsieur Franck.
Il a vu en elle ce qu’elle était peut être bien et il s’était proposé de l’aider, enfin, de nous aider.
Mais il y’avait une condition et on avait pas à se plaindre de ce sacrifice là.
La condition était que ma mère devait travailler pour eux.
Et au moment où ma vie a pris un tournant aussi tourmenté, cela faisait déjà dix ans qu’on travaillait pour eux.
Vous voulez savoir pourquoi je dis ‘on’ et non ‘elle’?
Et bien vous le saurez bientôt.
pour revenir à ce jour où tout avait commencé, reprenant l’histoire où on l’a laissé, à cette journée au lycée.
La sonnerie retentissait enfin me sauvant d’un cours de géographie.
C’était d’ailleurs mon dernier cours de la journée et je n’avais qu’une envie, rentrer à la maison.
Je marchais dans les couloirs les yeux fixés dans le vide lorsqu’une voix m’arrêta ‘Clara?’ C’était Tom ‘Je t’ai cherché toute la journée.’ Un mec que je passais mes journées à éviter.
Et comme d’habitude, je devais lui répéter la même chose ‘J’ai eu un emploi du temps chargé...’
‘Mais je ne t’ai pas non plus aperçu à la pause déjeuner.’
‘Linda a voulu qu'on déjeune dans un restaurant en face de l’école.’
‘Tu m'étonne...’ Disait il ‘encore elle avec ses goûts luxueux.’
‘Faits attention à ce que tu dis.’
‘Désolé... quand on parle du loup...’
À ces mots, je me retournais pour voir Linda qui venait de me trouver.
‘Clara, faut qu'on s'en aille, papa est déjà là.’
Je me détournais donc de Tom après lui avoir dit au revoir.
Et il me regardait fixement m’en aller vers la voiture de Franck où ce dernier semblait plutôt nerveux.
Après plusieurs minutes de silence, il prononçait enfin ses premiers mots ‘les filles, changement de programmes!’ Attirant grandement notre attention. ‘Dès aujourd'hui je devrais d'abord déposer Linda puis je déposerais ma fille adoptive.’ Faisant reference à moi bien sûr.
Surprises, ce n’était que Linda qui trouvait le courage de lui poser des questions ‘Mais pourquoi?’ Me laissant les oreilles bien tendues.
Franck qui avait toujours le regard bleu océan coulant sur la route se justifiait ‘parce que mes heures de travails ont été prolongées. Ce serait plus rapide pour moi de quitter de chez Lyne pour le boulot.’
Lyne était ma mère, et en effet, l’entreprise de monsieur Peters était beaucoup plus proche de chez nous que de chez eux. On pourrait dire que notre maison se trouvait entre les deux.
Et bien qu’il avait raison, Linda était dégoutée à l'idée de ne pas me voir pendant quelques minutes de plus.
Et moi, je ne pouvais pas imaginer que ma vie s’apprêtait à prendre un tournant irréversible.
Monsieur Franck avait donc d’abord déposé sa fille qui ne s’était pas retenue de m’embrasser à d’humides températures, me poussant à la rassurer ‘ce n’est rien, on se verra demain.’
Puis elle y répondait ‘Je sais!’
Avant de partir à pas de chéquier dans leur immense demeure.
Et une fois sa silhouette engloutie par la maison, monsieur Franck me disait ‘tu peux venir devant.’ Me laissant exécuter cela.
À ce moment je me rendais compte à quel point sans Linda, je n’avais pas le courage de tenir des conversations avec cet homme si influent.
Et cela, malgré le nombre d’années passées à les servir.
Il brisait donc ce bruit de silence ‘Je te trouve bien silencieuse aujourd'hui...’ remarquant un roche sur le sable de mes eaux paisibles.
Un souffle profond envahit mon être, faisant bien deviner que quelque chose n’allait pas.
‘Tu peux tout me dire tu sais.’
Et il n’en fallait pas plus pour que cette chute d’eau soit emportée par le courant ‘Ces derniers temps je penses beaucoup au fait que je n'ai pas de père. Mais aussi, à ma mère qui fait mille et un job pour vous, pour mon éducaton.’ Avouais je.
Puis il souriait ‘La vie n'est pas parfaite tu sais!’ Avant de cogner à la porte de mes confidences ‘Tu veux connaitre un secret?’
Et cet instant là, cette question qui semblait si anodine allait changer le titre de notre relation, ou plutôt enfin allait mettre un titre sur notre relation.