Chapitre 2

2995 Words
2 PARKER A l’instant où Miss Millard était montée dans le train à Billings, j’avais su que c’était elle, l’élue, l’unique. Bien que le porteur l’ait suivie pour convoyer son petit sac, elle avait chancelé dans la coursive quand le train était reparti. Elle avait balancé ses mains d’un siège à l’autre pour garder l’équilibre. J’avais bondi de mon siège, arrachant Sully au livre posé sur ses genoux pour lui monter la femme que nous allions épouser. Sa robe était coupée à la dernière mode, une soie vert pâle et brillante, mais qui ne serait pas aussi douce sous mes doigts que la peau de son cou. Je n’avais pas besoin d’être une femme pour reconnaitre le style en vogue ou le prix des tissus. Son petit chapeau posé sur ses boucles blondes était parfaitement assorti. L’ensemble était parfaitement convenable, des longues manches jusqu’au col haut, mais ne cachait en rien ses courbes lascives. Pour une femme aussi petite—elle m’arrivait à peine à hauteur d’épaule—elle avait des seins rebondis et de larges hanches. Elle était voluptueuse, un rien moins que pulpeuse mais c’était comme ça que j’aimais les femmes. Quand elle chevaucherait ma queue, et ce n’était qu’une question de temps, je pourrais saisir ses hanches rebondies. Quand je la fesserais, et vu son apparence aimable, ce serait plus par plaisir que par punition, elle frémirait sous ma paume et prendrait une adorable teinte rosée. Ses seins rempliraient généreusement mes mains. Et j’imaginais déjà ses yeux, dévorés par la passion, quand je tirerais sur ses tétons pointant. Je m’avançai pour prendre son sac au porteur avant de lui glisser une pièce tirée de ma poche. Dans un petit signe de tête, il tourna les talons et s’éloigna vers l’arrière de la voiture. Ayant déposé son sac sous le siège, je lui fis signe de venir s’asseoir en face de nous. Bien que le wagon ne soit pas plein et qu’elle aurait pu choisir toute autre place, je lui avais ôté cette possibilité. Ses bonnes manières lui intimaient d’accepter. Sully se leva par galanterie, prenant garde à baisser la tête, il était si grand, et lui fit signe de nous rejoindre. Un petit signe de tête était tout ce qu’il avait fallu pour que je ressente son approbation. En moins d’une minute, nos vies avaient basculé. Inéluctablement. La jeune beauté aux cheveux blonds serait à nous. Et ainsi nous lui avions parlé depuis Billings jusqu’à Butte. Ou plutôt, je lui avais parlé. Sully parlait peu mais avait passé son temps à la regarder de près. J’avais remarqué la courbure de ses lèvres quand elle souriait, chaque tâche de rousseur de son nez, la courbe insolente de son oreille. Nous avions parlé de tout, de sa visite à sa grand-mère, à ses lectures, sans oublier la politique dans le territoire du Montana. Elle était cultivée, manifestement bien élevée. Bien que ma queue ait envie de son corps, j’étais ravi de voir qu’elle était un esprit aussi affûté que bienveillant dans un emballage tout autant délicieux. Il était facile de fantasmer sur elle en écoutant sa voix douce, comment celle-ci crierait mon nom quand je lui donnerais du plaisir, comment elle supplierait Sully de la prendre. Plus fort. Plus profond. Plus vite. Heureusement, un troupeau d’élans était apparu au loin. Pendant qu’elle les avait regardés, j’en avais profité pour remettre ma queue en place, celle-ci étant sur le point d’éclater dans l’étroitesse de mon pantalon. Sully s’était contenté de grimacer. Et alors, une fois arrêtés à Butte, et après que je l’aie aidée à descendre du train, j’avais été ravi qu’elle se tourne vers moi. A cet instant, je ne savais pas qu’elle paniquait, mais je la considérais déjà comme mienne et je résoudrais le moindre de ses problèmes. Tout comme Sully. Quand j’avais découvert qui elle était, l’héritière d’un des grands noms du cuivre et que son père indélicat la destinait à un odieux arrangement, mes instincts protecteurs avaient pris le dessus. Quand j’avais découvert qu’elle était sur le point d’épouser cet enfoiré de Benson, je fus reconnaissant que Sully nous ait rejoints. Benson était impitoyable. Un affairiste véreux qui faisait passer l’argent avant les gens. Ses mines n’étaient pas sûres, les éboulements y étaient dangereusement fréquents, sachant qu’un homme était facilement remplaçable par deux autres tout autant désespérés. Le cuivre était extrait à un rythme qui faisait de lui un homme encore plus riche que les propriétaires de la voie ferrée. Estimant la fortune du père de Miss Millard, j’en conclus qu’il devait être encore plus riche. Rares étaient les hommes ayant un sens des affaires aussi poussé, utilisant leurs mineurs comme des pions, et même leurs filles innocentes pour agrandir leur empire. Notre conversation avait réchauffé le cœur de Miss Millard et l’avait fait rire. Je savais qu’elle deviendrait une épouse craintive si elle épousait Benson. Il n’y aurait ni humour, ni tendresse, ni amour. Il la baiserait certainement, mais sans qu’elle ne ressente une once de plaisir ou de désir. Benson avait survécu à deux femmes et à toutes les prostituées de Butte. Il était connu pour son infâme cruauté—assez pour que Miss Millard en ait eu vent—et seules les plus blasées aux penchants les plus sombres pouvaient apprécier ses pratiques. Miss Millard avait tout d’une femme passionnée, je n’en avais aucun doute. Ce serait notre plaisir que d’éveiller le sien. De découvrir ce qu’elle aimait, ce qui la ferait balbutier mon nom, crier celui de Sully pendant que nous la baiserions. Mais seule une bague à son doigt et notre besoin de la protéger de Benson pourrait le garantir. Elle devait s’attendre à un arrangement temporaire, et dans sa panique, elle ne pouvait se rendre compte que temporaire était exclu. Un engagement à court terme ne ferait que reculer les projets de son père. Un vrai mariage était la seule manière d’empêcher l’inévitable. Et elle aurait un vrai mariage. Sully serait son mari, il assurerait mieux sa protection que moi. C’était une décision aussi hâtive que sensée, de lui laisser le volet juridique de notre union. En devenant son mari, il la protégerait de Benson et de son père, par la seule force de son nom. Avec son histoire et sa notoriété, personne n’oserait interférer. Quand il la préviendrait qu’il n’était pas comme Benson, qu’il lui formulerait des demandes, alors seulement elle en découvrirait la nature. Cela impliquait juste de laisser deux mâles dominants prendre le contrôle de son lit, et de quelques autres endroits. Certes, Benson aurait exercé le contrôle sur sa femme, mais sans amour. A partir de ce moment, Miss Millard serait le centre de notre attention et se retrouverait là où était sa place, entre nous deux. Quand Sully ôta son doigt de sa bouche, il se pencha pour lui dire. « Souris mon amour. Tu n’es plus seule désormais. » C’était vrai. Elle ne serait plus seule. Elle ne serait plus seule face à son père et serait préservée des types comme Benson. Ils ne pourraient plus la toucher. Ni physiquement, ni émotionnellement. S’unir à deux hommes n’était pas une norme sociétale, surtout pas à Butte. Dans le ranch de Bridgewater, c’était pourtant le standard. Tout le monde se mariait ainsi : deux—voire plus—hommes pour chaque épouse. « Je ne connais même pas votre prénom, » murmura-t-elle, offrant à Sully, un bref regard avant de faire face aux deux hommes qui s’approchaient. Je regardai ses mains lisser les plis de sa robe, en se mordillant la lèvre de nervosité. « Sully. » Il passa sa main le long de son bras. « Ne t’inquiète pas ma chérie. Nous prendrons soin de toi. Toujours. » Après une profonde inspiration—qui fit gonfler ses seins sous sa robe—elle rejeta ses épaules en arrière et leva le menton comme une reine. Je sentais sa nervosité et sa peur, mais elle les cachait bien. Je me demandais simplement dans quel cadre elle avait été amenée à développer cette capacité. Son père et Benson approchèrent, leurs chaussures cirées résonnant sur le sol en brique. Je savais que dès qu’ils poseraient les yeux sur Miss Millard—merde, nous ne savions même pas son prénom—elle serait perdue, mais ils avaient déjà posé les yeux sur elle et la manière dont Sully la tenait de manière aussi possessive. Bien que son père soit petit et rondouillard, son costume sur mesure lui allait parfaitement. Ses cheveux gris se raréfiaient et le haut luisant de son crâne était rouge et taché par le soleil. Des bajoues ornaient son cou. Avec son physique, il ne semblait pas du genre à se faire refuser quoi que ce soit. Cela signifiait qu’il ne serait pas ravi d’apprendre que Benson n’épouserait pas sa fille. Benson était l’opposé de Millard. Grand et fin, il avait un air lugubre d’une personne. Ses mots, ses ordres, apportaient des résultats immédiats. Lui aussi, était habillé de manière immaculée, un costume neuf aussi noir que ses cheveux et sa moustache ; on aurait dit qu’il portait le deuil. « Mary, » dit Mr Millard à sa fille. Mary. Le ton qu’il avait mis dans ce seul mot avait tellement de sens. Rien ne reflétait le plaisir de voir sa fille après un mois de séparation. Il ne la prit pas dans ses bras, il ne posa pas une main sur son épaule. Il ne sourit même pas. Mary fit un pas de plus en ma direction. « Bonjour, père. Mr Benson. » Elle pencha la tête en guise de salut. « C’est très aimable d’être venu me chercher à la gare, mais c’était inutile. — Je présume que ta visite à ta grand-mère a été agréable. D’après ce que Mary—je préférais l’appeler ainsi que Miss Millard—avait dit, à propos de la femme en question, elle devait être la mère de l’homme. Je l’imaginais comme une vieille chouette. « Oui, en effet. » Elle pouvait mentir à son père, mais une fois que nous serions mariés, elle passerait sur mes genoux si elle tentait de nous cacher la vérité. Millard regarda Sully et le rejeta d’emblée. J’essayai de contenir un sourire, l’homme ne réalisait pas qui il venait de repousser. « Alors nous ferions bien d’y aller. Mr Benson est impatient de nous emmener dîner et te raccompagnera à la maison ensuite. » Mr Benson regarda Mary d’un air absent, presque cliniquement, pas comme un fiancé impatient de retrouver sa promise après un mois de séparation. Mary secoua la tête mais Sully parla à sa place. « Cela n’arrivera pas Mr Millard. » Les deux hommes finirent par lui accorder leur attention. « Et qui êtes-vous pour dicter les actions de Mary ? De contester mon autorité sur elle ? » Il haussa légèrement les épaules et je le sentis contenir sa colère face à cet homme hautain. « Je suis son mari, alors je pense que c’est mon autorité qu’elle doit suivre désormais. » Mary se raidit en entendant cela, mais je sus que c’était de cette manière que Millard voyait sa fille, une de ses sbires qui devait suivre ses ordres sans hésitation. La peau de Millard devint rouge écarlate et je craignis qu’il fasse une crise d’apoplexie sur le quai. Benson semblait garder ses émotions… à l’intérieur. Si Sully leur avait donné son nom, leur réaction aurait été toute autre. Mais il avait préféré ne pas le faire. « Je ne sais pas pour qui vous vous prenez, mais Mary Millard est ma promise. » La voix de Benson porta fort sur le quai bondé et de nombreux passants se retournèrent. « Était, Benson. Elle était votre promise. Elle est mariée avec moi. Maintenant, si vous voulez bien nous excuser. » Sully fit un pas en direction de la sortie de la gare, gardant Mary près de lui, mais l’homme ne lui lâcha pas la main. Je ne m’étais pas imaginé que cela se déroule facilement de toute façon. « Je veux une preuve, » dit Benson. Je regardai Mary et lus la peur dans son regard. S’inquiétait-elle que Sully change d’avis et la laisse en pâture à ces deux-là ? Aucune chance. Benson devrait m’éliminer d’abord, et Sully ensuite s’il voulait l’atteindre. Embrassant Mary sur la tempe, Sully murmura. « Dis-leur ma chérie. » De mon point de vue, je sentais son odeur, florale et rayonnante. Je ne pouvais qu’imaginer combien ses cheveux étaient soyeux contre les lèvres de Sully. J’avais hâte de me débarrasser de ces deux hommes et de me retrouver seul avec elle et Sully, mes doigts me démangeaient de la prendre également. « Je… je suis mariée. Il est mon mari. » Elle releva le menton d’un cran. Benson jeta un œil sur Mary avant de l’ignorer. « Ce n’est pas la preuve que je recherche. — C’est le sang sur les draps que vous recherchez ? Je vous promets qu’elle est complétement à moi, » déclara Sully avec aplomb. Dans un éclat de surprise après cette sanglante allusion à la virginité de Mary, celle-ci prit la parole. « Il m’a baisée. C’est ça que vous voulez entendre ? La première fois, il m’a laissée être dessus. Et la seconde, il n’a pas pu se retenir et m’a prise par derrière. » Mr Benson et mon père étaient tous les deux si abasourdis par cette déclaration qu’ils se contentèrent de cligner des yeux. Mais où diable avait-elle appris tout ça ? « Vulgaire, » marmonna Benson, comme si elle devenue répugnante. Je la trouvais encore plus intrigante qu’auparavant. Elle connaissait le sens du mot b****r mais son attitude indiquait encore l’innocence. Qu’était-elle ? Une vierge ou une p****n ? Je voulais me débarrasser de ces bâtards pour trouver la réponse. « Je veux voir un acte de mariage, » ordonna Benson. Sully haussa négligemment les épaules. Il avait le pouvoir—et sans même avoir usé de son nom célèbre—et voulait qu’il apparaisse clairement qu’ils ne lui faisaient pas peur. Pas plus qu’à moi, pas le moins du monde, mais je ne voulais pas qu’ils effrayent Mary. Sully n’en serait pas moins un gentleman s’il mentait pour elle. « Il n’y en a pas, répondit-il au bâtard. Vous pouvez vérifier les registres à Billings. La première église presbytérienne au coin de la rue principale et de la quatrième rue. » Et certainement pour attiser encore la colère de l’homme, il ajouta. « Ma queue a besoin d’être soulagée, vous m’empêchez de b****r mon épouse. » Sully descendit sa main contre sa taille et la posa de sorte que son petit doigt caresse la délicieuse courbe de ses fesses. Cela ne passa pas inaperçu. Le chef de gare siffla et le train se remit en route, le bruit des wagons s’entrechoquant empêchait toute conversation. Bien que ni Benson, ni Millard n’aient de muscles, ni d’armes, ils avaient de l’argent et pouvaient s’offrir les deux. La vie de Sully était menacée désormais. Il le savait. Je le voyais dans leurs regards durs. Ils n’avaient pas besoin de dire ou d’insinuer quoi que ce soit. Avant que le train n’ait complètement disparu, ils avaient tourné les talons et quitté les lieux. Bien que j’aie l’espoir de ne plus jamais les revoir, je savais que ce ne serait pas le cas. Sully écarta Mary pour que nous puissions la regarder tous les deux. « Tout va bien ? » Elle pencha la tête en arrière et nous regarda tous les deux avant d’acquiescer. Elle prit une profonde inspiration. « Je vous remercie de votre aide, mais j’ai probablement mis votre vie en danger. » Je ris. « Qu’ils essayent, ma chérie. Qu’ils essayent. Cela dit, je ne pense pas qu’il soit sage de rester en ville. — Hum, oui, commenta Mary. Je suis sûre d’être bannie de tous les hôtels, restaurants et même les dortoirs dans l’heure. Mon père a le bras long. » Elle ne semblait plus effrayée, ni en colère. Abattue, peut-être. Je regardai vers Sully. « Nous irons à Bridgewater, nous y serons en sécurité. Je t’assure que plus rien ne te retient à Butte. » Elle regarda Sully et fronça les sourcils. « Vous… vous avez rempli votre mission. Je me suis débarrassée des deux hommes, et maintenant qu’ils pensent que nous sommes… intimes, Mr Benson ne voudra plus de moi. » Sully rit. « Je te veux toujours, vierge ou pas. Ce n’est pas ta chatte qui intéresse Benson, mais ton héritage. Pour moi, c’est clairement le contraire. » Elle ouvrit grande la bouche à ces mots très crus. Elle était définitivement vierge. Je parierais cinquante dollars là-dessus. « C’est hors de question que nous te laissions seule à Butte à te débrouiller toute seule, ajouta Sully. Ils te marieront à Benson dès l’aube s’ils te mettent la main dessus, et nous vivants, cela n’arrivera pas. J’ai dit que je t’aiderais, que je serai ton mari, et c’est exactement ce que je compte faire. » « C’est exact ma belle ajoutai-je en passant ma main sur son bras, me déplaçant pour qu’elle se retrouve à sa place, entre nous deux. Tu es coincée avec nous. — A Bridgewater, nous serons prêts à accueillir les hommes de ton père ou de Benson, ajouta Sully. — Oh mon dieu, ils vous tueront pour me reprendre. » Son visage pâlit. Je la pris par les épaules et me baissai pour la regarder dans les yeux. « Il essayera, mais sans succès. Tu ne nous crois pas capables, Sully et moi, de prendre soin de toi ? » Elle regarda Sully par-dessus son épaule, puis reposa ses yeux sur moi. « Si. » Je souris. « C’est bien. — Le soleil se couche et nous n’avons pas de provisions, commenta Sully. — Et je doute que nous puissions en trouver. Pas plus que nos chevaux, » ajoutai-je. Si Benson et Millard sont passés à l’acte, nous serons exclus de tout commerce, relais et même blanchisserie chinoise d’ici demain matin. » Ils avaient leur propre forme de pouvoir. « Il nous faut un endroit où passer la nuit. Un endroit sûr. Un endroit sur lequel ils n’ont pas la main, » ajoutai-je en regardant Sully à la recherche d’une idée. Mary tourna les talons et se mit en marche. Le quai était presque vide maintenant que le train était parti et il nous fallut la rattraper à longues enjambées. « Je connais l’endroit idéal, dit-elle. Dîtes-moi Messieurs, que pensez-vous des putains ? »
Free reading for new users
Scan code to download app
Facebookexpand_more
  • author-avatar
    Writer
  • chap_listContents
  • likeADD