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1182 Words
" Il est établi que notre population vieillit a vu d'œil, nous empêchant de nous nourrir correctement (…) Les femmes ne sont plus capables d’enfanter (..) Ainsi, afin de préserver notre race sur la durée, nous avons établi un plan, que je qualifie personnellement de révolutionnaire." Mon cœur palpitait de plus en plus vite, je n’avais jamais été aussi heureuse et excitée de toute ma vie, peu m’importait de quel Roi de quel pays il parlait, je voulais connaître le plan à suivre pour le futur ! Une arme permettant d’éradiquer les monstres ? une armée spéciale surentrainée ? Des médicaments permettant de nous rendre immortel, invisible ??? "Toutes les jeunes femmes dont l'âge est compris entre 20 ans et 25 ans, l'âge parfait pour donner la vie, devront voir s'attribuer un partenaire démoniaque (...) " Mon monde s'était écroulé en quelques secondes, le petit monde dans lequel je vivais et que je m'étais construit au fur et à mesure, l'équilibre que j'essayais de maintenir, tout avait été envoyé en l'air en une fraction de seconde. "Ainsi, la race humaine et la race démoniaque vont pouvoir fusionner, donnant naissance à une nouvelle race" Il se racla la gorge, comme-si ce qu'il allait venir ensuite serait d'autant plus terrible que les conneries qu'il avait pu débiter jusqu'à présent. "Cependant, afin que NOUS, la race humaine puissions vivre en paix, les démons (...) Après de féroces négociations, Les démons vont repartir dans leur monde, mon très cher peuple ! nous sommes débarrassés de ces ignominies, de ces créatures de l'enfer, définitivement ! Voyez mon sourire, Voyez mon enthousiasme ! Nous allons, après toutes ces décennies, pouvoir reconstruire notre peuple! Plus fort, Plus vaillant! Au prix d'un immense sacrifice, je le reconnais, mais ce sacrifice n'est rien comparé à l'avenir de notre race.... " Je ne l'écoutais plus, seul résonnait un bourdonnement de plus en plus fort dans ma tête. Mon monde, mon si petit monde venait de s'écrouler en l'espace d'un battement de cils. Ce fils de p**e était en train de sacrifier des centaines de femmes. Sous nos yeux, publiquement. Dans le plus grand des silences, il avait osé dire ça. Sous son bunker, sous terre, si loin de nous, Ce lâche, ce foutu rat. Le reste était allé très vite, comme-si, les démons attendaient patiemment la fin du discours pour s'emparer de nos pauvres âmes. Dans ma ville, nous n'étions que trois jeunes filles : Sarah, June et moi. Il ne restait plus que nous, le reste avait péri ou elles n'avaient pas encore atteint l'âge requis, l'âge du sacrifice, du bien-être commun à défaut du bien-être individuel. Le compte était rapide, facile, un jeu d'enfant. Les dés étaient jetés dès le début de la partie. Mes beaux-parents n'avaient rien fait pour empêcher ça. Personne n'avait rien fait, on n'en n'avait pas eu le temps. Pas le temps pour le peuple de se rebeller, Pas le temps de protester, Pas le temps de se cacher. On avait tapé à la porte de la maison, trois coups distincts. TOC. TOC. TOC. Trois chocs. Trois percussions qui allaient changer le reste de ma vie. Je regardais les visages ahuris de ma belle-famille, ils étaient perdus, mais ils savaient quoi faire, quoi faire pour rester en vie, je voyais, dans leurs yeux, cette lueur. Ils avaient peur. Ils allaient me donner, me donner contre leur vie, sans aucune once d'hésitation. Je le savais. Au fond de moi je l'avais toujours su, ce n'étaient pas eux qui me protégeaient, mais bel et bien moi. Luc m'avait lâché la main, il n'osait plus me regarder. Il ne voulait pas que je lise ses sentiments sur son visage, il ne voulait pas que je réalise, il était lâche, et il me le montrait de la plus atroce des façons. Laisser sa fiancé à l'ennemi, laisser sa femme aux meurtriers de ses parents. Le mot lâche était faible pour décrire son absence de réaction. Alors, sans dire au revoir ni adieu, sans attendre leur lamentation, sans attendre leurs arguments, leurs excuses, je me suis levé en direction de la porte. Mais pas de la porte d'entrée. La porte de la cuisine, qui donnait sur le derrière de la maison. La nuit était tombée à présent, mais peu m'importait mon sort, je n'allais pas rester les bras croisés face à mon destin funeste. J'étais en train d'ouvrir la porte, lorsque ma belle-mère cria aux démons que je m'enfuyais. Elle avait osé, après toutes ces années, elle avait osé me trahir, en quelques secondes. Aussi facilement. Elle aurait pu se taire, elle aurait dû le faire! Par reconnaissance pour toutes ces années, Peut-être même par amour, Elle m'avait planté un couteau dans le dos, elle venait de signer mon arrêt de mort, Volontairement. Alors, dans un élan de rage, de haine ultime, j'avais pris de l'élan pour me donner de la vitesse, et je courais à travers les différentes habitations du quartier, tantôt essayant de me cacher, tantôt essayant de reprendre de la vitesse. Je devais mettre de la distance avec eux. C'était ma seule porte de sortie, mon plan ? Nous n'étions que trois dans cette ville, alors j'espérai au fond de mon cœur, qu'il n'y ait pas beaucoup de démon qui soit venu à notre recherche. Pendant ma course folle, je réfléchissais à tout ce bordel, Comment peuvent-ils rentrer chez eux ? ils étaient venus nous massacrer pendant toutes ces décennies, et soudainement ils souhaitaient repartir ? Nous ne savions même pas qu'ils en avaient une autre... planète ? monde ? Trop occupée par mes pensées, je n'avais pas vu cet homme au loin éclairé par les lampadaires de la rue. Ce n'était pas un homme, c'était ce qu'on pouvait appeler l'évolution, il était imposant, il semblait puissant, il avait le même corps que celui d'un humain, mais en plus fort, plus grand. Seule différence, ses oreilles étaient pointues, elles sortaient de ses longs cheveux blonds. Il n'avait suffi que d'un seul regard pourtant furtif, au creux de ses yeux rouges. Et je m'étais effondré comme paralysée sur le goudron encore ardent de la journée. J'essayais de reprendre mon souffle, mais j'avais l'impression de suffoquer, j'essayais de me mouvoir mais impossible. Je ne pouvais même plus crier, appeler à l’aide, je pouvais seulement respirer, et encore, avec des difficultés. Je voyais cette espèce de surhomme avancer vers moi, doucement, il n'était pas pressé par le temps, pas pressé par la situation. Il savait que j'étais piégé, il savait qu'il était tout-puissant face à quelqu'un comme moi, une simple humaine. Était-ce un démon ? Il n'était pas aussi monstrueux que les créatures de mes souvenirs. Il n'était pas aussi terrifiant que les descriptions et les rumeurs que l'on entendait quotidiennement. Tout ce que je pouvais dire, c'était qu'il avait la démarche assurée, il était sûr de lui, sûr de ce qu'il allait faire. Il avait accompli la mission, la mission que ce foutu roi avait dû lui donner. Il était le chasseur et j'étais la proie, Il était le tigre et j'étais le lapin, La partie était truquée d'avance.
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