RIM

15

Sans perdre plus de temps, je m'étais engouffré dans ce long couloir, j'espérais atteindre le virage avant que Baal ne puisse me voir.

J'espérais pouvoir visiter un peu, et pourquoi pas prendre la fuite si l'occasion se présentait à moi.

Après tout, pourquoi attendre ? rien ne me retenait ici.

J'avais enfin atteint le virage, je m'étais caché contre le mur, je respirais doucement mais vite, je ne gérais pas très bien le stress et l'adrénaline, je n'aimais pas ça, j'essayais de reprendre doucement ma respiration, au bout de longues secondes j'avais penché la tête en direction du couloir de ma chambre :

Rien.

J'avais attendu encore un peu :

Personne.

Il avait opéré un demi-tour ?

Ce n'était pas lui ?

Ce n'était qu'une coïncidence ?

Je n'en n'avais aucune idée, il y avait beaucoup trop de variables à ces questions.

Il fallait que je mette ça de côté pour l'instant.

J'avais repris ma route, toujours sur la pointe des pieds, je n'y voyais pas grand-chose, mais les rayons de la lune éclairaient suffisamment pour que je ne puisse pas me cogner contre les murs.

J'avais glissé mes doigts le long du mur pour être sûr de ma trajectoire et je tendais l'oreille, prête à décamper ou à me cacher si quelqu'un arrivait.

J'allais me diriger en direction des escaliers lorsque j'entendis des grattements contre une porte.

Comme si, un chien était enfermé derrière.

Un chien, ou quelqu'un.

J'y vais ?

Je vais voir ?

En réfléchissant à ça j'étais déjà devant la porte, mon corps avait décidé à la place de mon cerveau.

Je m'étais agenouillé instinctivement, et j'avais collé mon oreille :

Frrr frrr frrrr

Et si c'était une des filles ? et si je pouvais la libérer en même temps que moi ?

Il fallait que je tente ! je ne pouvais pas partir sans rien faire ! si je pouvais l'aider j'allais le faire.

- Y'a quelqu'un dis-je en murmurant à travers la porte.

- Oui ! aide-moi, je t'en supplie, je suis enfermé !!!

C'était une fille, j'en étais sûre, mais, mon intuition me disait de fuir le plus loin possible de cet endroit, pire encore, mon intuition me criait de ne pas ouvrir la porte.

Je n'avais pas réfléchi, j'avais mis ma main sur la poignée, peu de chance qu'elle soit ouverte mais je devais essayer.

Si jamais elle ne s'ouvrait pas je m'en irais.

Oui, je ferais ça.

Malheur !

A peine avais-je eu le temps de tourner la poignée que j'avais été littéralement aspirée dans la pièce avec une puissance qui ne laissait de place à aucun doute : c'était un démon.

Je ne sais pas comment, mais je m'étais fait piéger, en beauté.

Ma tête avait tapé contre le mur en pierre en face de la porte.

J'ai opéré un demi-tour presque immédiatement pour connaître le visage de mon agresseur : c'était lui.

Celui qui avait littéralement déchiqueter June sous mes yeux, dans la forêt, dans la forêt maudite, au moment où je n'avais plus aucun espoir, le sol s'était dérobé sous mes pieds, le ciel me tombait sur la tête, je l'avais perdu, perdu et je n'avais rien fait pour l'aider.

Que faisait-il ici ?

Il ne devrait pas être puni pour son crime ?

Il n'était pas en fuite ?

Je n'avais pas eu le temps de réfléchir, tout s'était passé à la vitesse de l'éclair, mon front avait une coupure dû au choc, je saignais beaucoup.

C'est ce soir-là que j'ai pu voir et constater à quel point leur pouvoir était puissant.

C'est ce soir-là que j'ai pu voir à quel point un démon n'est rien d'autre qu'une bête de l'enfer, un sauvage, un monstre, une créature qui n'a sa place nulle part.