VIIIQuand vient la nuit, nous allumons deux lampes suspendues, d’une forme religieuse, qui brûlent jusqu’au matin devant notre idole dorée. Nous dormons par terre, sur un mince matelas de coton que l’on déploie et que l’on étend chaque soir par-dessus nos nattes blanches. L’oreiller de Chrysanthème est un petit chevalet d’acajou emboîtant bien la nuque, de façon à ne pas déranger la volumineuse coiffure qui ne doit jamais être défaite, les jolis cheveux noirs que je ne verrai sans doute jamais dénoués. Le mien, de mode chinoise, est une sorte de petit tambour carré que recouvre une peau de serpent. Nous dormons sous un vélum de gaze d’un bleu vert très sombre, d’une couleur de nuit, tendu sur des rubans d’un jaune orange. (Ce sont des nuances consacrées, et tous les ménages comme il faut