Ulysse
Occupé à débourrer un jeune étalon que je dois vendre, je n’entends pas Mary s’approcher de l’enclos. Mais je l’entends clairement me hurler dessus…
_ Ulysse Mackeen, je peux savoir pourquoi tu ne travailles plus chez mademoiselle O’Hara ?
_ Tout simplement parce qu’elle ma gentiment envoyer promener.
_ Pourquoi ? Qu’est-ce que tu as encore fait ?
_ Je n’ai rien fait !! Elle n’a peut-être pas apprécié que Kalis monte Moon.
_ C’est ridicule… Il y a sûrement autre chose.
_ Peut-être, mais je m’en fiche !! Je ne vais pas céder au caprice d’une petite-bourgeoise qui est en pleine crise d’identité !!
_ Ulysse !! Tu devrais avoir honte de toi !! Tu ne sais pas ce qu’elle a traversé ou même vécu.
_ Parce que toi, tu le sais ?
_ Non… Mais je suis sûr qu’il y a une raison pour qu’elle se soit isolé des siens… Elle a peut-être perdu toute sa famille ou… Elle s’est disputée avec eux pour une raison ou une autre.
_ Ou alors, elle fait un caprice et veut prouver à papa qu’elle sait se débrouiller seule. Aller Mary, ont ne va pas ce disputé à cause d’elle. Dis-je en me rapprochant d’elle.
_ Non, mais la pauvre doit se sentir seule.
_ On ne sait rien d’elle. Tu m’as demandé d’aller l’aider. C’est ce que j’ai fait. Maintenant, si elle ne veut plus de notre aide, tant pis. J’ai d’autres chats à fouetter…
_ Pourtant, elle te plaît.
Je me fige et me tourne vers elle… Sourcils froncés, je la fixe…
_ Non… Tu te trompes…
_ Je n’en suis pas si sur… Je ne t’avais jamais vu regarder une femme de cette manière.
_ Mais qu’est-ce que tu vas encore t’imaginer.
_ Que tu quittes tout pour elle… Ce ne serait pas la première fois…
_ Mary… On est bien tous les deux. On a besoin de personne d’autre dans notre vie.
_ Oui, on est bien… Mais on ne pourra pas toujours vivre comme ça. Il faudra bien que l’on fasse notre vie… Tu ne veux pas d’enfant ?…
_ Mary…
_ Je vais aller la voir. J’aimerais au moins comprendre pourquoi elle ne veut plus de ton aide.
_ Non, Mary…
_ Tu n’as pas d’ordre à me donner. Je suis encore libre d’aller rendre visite à notre voisine. Toi, occupe-toi de débourrer ce cheval.
_ Mary… Grrr…
Je n’ai pas le temps d’en dire davantage, quel est déjà loin. Je l’adore, mais parfois qu’est-ce qu’elle peut se montrer casse-pieds…
Emma
Je crois que je ne vais pas y arriver… J’ignore comment faisait monsieur Mackeen pour nettoyer toutes ses bûches, mais je n’en peux plus… Il faut que je trouve une autre solution pour terminer le travaille de…
Toc, toc, toc…
Je descends en bas et ouvre la porte. Tombant sur Madame Mackeen. Mince, qu’est-ce qu’elle vient faire là ?
_ Bonjour Emma. Comment aller vous ?
_ Eu… Bien, merci… Qu’est-ce qui vous amène ?
_ Je viens de faire un gâteau et je me suis dit qu’il s’accompagnerait bien avec un café. Et comme Ulysse travaille sur l’un des jeunes poulains, je me suis dit que nous pourrions bavarder entre femmes. Puis-je ?.. Dit-elle en désignant la maison.
À contrecœur, je m’écarte et la laisse entrer. Il doit y avoir derrière cette visite. Je sais encore faire la différence entre une visite de courtoisie et une embuscade au questionnaire. Et là, c’est clairement la deuxième option qui me pend au nez… Je ne dis pourtant rien, préparant du café et rapportant un couteau afin de couper le gâteau… Tout ça dans un silence religieux… Mary regarde autour d’elle, me complimente sur la décoration que j’ai mise en place. Puis retirant sa veste, elle s’installe à table. Et me fixe d’un regard bienveillant… Je sers le café et apporte le sucre et le lait. Puis, je nous serre une part chacun du gâteau qu’elle a apporté…
_ Bon, qu’elle est la véritable raison de votre visite.
_ N’ai-je pas le droit de venir vous rendre visite ?
_ Si, bien sûr que si… Mais là, il y a anguille sous roche.
_ Pas faux… Je suis démasqué… Je ne vais pas passer par quatre-chemins et je vais vous demander directement… Pourquoi ne voulez-vous plus qu’Ulysse vienne vous aider ?
_ Je n’ai plus besoin de lui et puis, il doit également s’occuper de ses terres.
_ Nos terres vont très bien. Mais les vôtres sont à l’abandon. Ulysse voulait simplement vous aider.
_ Très bien, puisqu’il a votre bénédiction. Qu’il vienne… De toute façon, je n’arrive à rien seule.
_ Il n’a pas besoin de ma bénédiction pour faire ce qu’il veut.
_ Je ne veux aucun ennuie avec vous. Vous êtes jusqu’ici, la seule personne qui ressemble le plus à une amie et je n’ai pas envie d’entacher ça.
_ Et pourquoi entacheriez-vous ça ?… Allons, Ulysse ne fait que vous aidez.
_ Si vous le dites… Mary, votre gâteau est délicieux.
Malgré la gêne que je ressens, je passe un bon moment en sa compagnie. Elle me raconte comment elle a atterri ici avec Ulysse. Depuis qu’ils se sont installés, ils ont acquis une dizaine de chevaux et vendent régulièrement des jeunes poulains. J’élude la question quand elle me demande d’où je viens. Si j’ai de la famille. Et je prends pour excuse de l’heure tardive pour lui faire comprendre qu’elle devrait y aller. Que j’ai encore des choses à faire.
_ Désolé de vous chasser de cette manière.
_ Oh, mais non, vous avez raison. Moi aussi, j’ai encore à faire. En plus, Ulysse déteste manger trop tard.
_ Vraiment ?
_ Oui, tous les soirs, il faut qu’il ait mangé à 19 heures et ça depuis qu’il est tout petit.
_ Ce n’est pas dérangeant pour vous ?
_ Non, j’ai la même habitude.
_ J’en prends note, si jamais je vous invite à dîner un de ces jours.
_ Si vous savez préparer du lapin à l’estragon, vous l’aurez conquis.
_ Je suis une excellente cuisinière, ma mère veillait à ce que ses filles soient de bonne future épouse pour plus tard. Elle a tenu à ce que l’on soit éduqué pour ça.
_ C’est pour ça que vous êtes partie si loin ? Pour souffler un peu ?
Je la regarde et réalise que je viens de dévoiler un peu de ma vie privée. Il ne faut pas qu’elle puisse remonter à qui que ce soit. Je ne veux pas qu’on retrouve ma trace…