XIII Une nuit d’hiverLorsqu’Isidore, après avoir commandé le dîner, revint auprès de son père, il trouva celui-ci qui, à moitié assoupi par la douce chaleur du foyer, fredonnait entre les dents un couplet de sa chanson favorite : C’est pour aller voir Madelon, ma belle ;Elle a des écus trois fois gros comme elle,Don ! daine !C’est l’amour qui nous mène.Derizelles ne s’éveilla complètement que lorsqu’il sentit l’odorante fumée de la soupe lui monter aux narines. Six heures venaient de sonner à l’auberge de l’Écu, et Derizelles et son fils achevaient leur repas assez largement arrosé, lorsque le conducteur de la voiture où leurs places étaient retenues vint les prévenir qu’on allait se mettre en route. La neige avait alors cessé de tomber, mais le froid était devenu plus intense, et les