Diplôme en poche, Félix décida de se lancer dans la vie active. Il était déterminé à trouver un emploi correspondant à ses compétences. Mais jusqu’ici, il s’était exclusivement concentré sur l’école, et avait besoin de soutien pour savoir comment chercher et trouver un emploi. Sa meilleure amie Emma se proposa de l’aider. Mais Félix était un peu inquiet. Il savait que le chômage faisait rage dans le pays, et que même des personnes qualifiées avaient souvent du mal à trouver un emploi décent, et correspondant à leurs aptitudes et compétences. D’ailleurs un de ses oncles, Rigobert, a passé sa vie à faire des petits métiers, alors qu’il avait fait l’université, et plusieurs formations pratiques. Mais il n’avait personne pour le pistonner. Et il n’était pas prêt à faire un certain nombre de compromis pour obtenir un emploi digne de ce nom. Félix avait peur de vivre le même calvaire que son oncle Rigobert. Mais Emma le rassura : "Ne t’en fais pas Félix. Tu vas trouver quelque chose à faire", dit-elle. "Tu as des diplômes et des compétences. Tu as aussi la volonté et la détermination, donc tu as tout ce qu’il faut pour trouver un emploi". Ces paroles rassurèrent Félix.
Emma et Félix passèrent un temps fou à rédiger les demandes d’emploi, à établir un bon Curriculum Vitae, à lire les annonces sur internet relatives aux offres d’emplois, à déposer les demandes en ligne. Ils étaient persuadés qu’après ces efforts, Félix trouverait un emploi dans les plus brefs délais. Mais mal leur en a pris. Des jours, des mois passèrent sans qu’aucune structure ne fasse signe à Félix pour lui accorder un entretien d'embauche. Il commença à se décourager. Un jour, il dit à Emma : "Je ne comprends pas. J'ai fait tout ce que j'ai pu pour décrocher ne serait-ce qu’un entretien d’embauche. Pourquoi jusqu’à présent personne ne m’a fait signe ?" Emma ressentit de l’inquiétude et un début de découragement chez Félix. Elle lui dit : « Sois patient, Félix. Certes aucune structure ne t’a encore fait signe, mais ça ne saurait tarder ». Félix parla de cette situation également à ses parents. Mais ces derniers le rassurèrent. "N'abandonne pas, Félix", dit son père. "Le chômage est difficile à vivre, mais tu vas trouver quelque chose, j’en suis sûr." Ses parents et Emma lui conseillèrent de continuer de faire des petites formations, d’acquérir de nouvelles compétences, de réviser de temps en temps ses cours de l’université, pour être prêt au cas où il serait appelé pour un entretien d’embauche.
En attendant, Félix décida de faire des petits boulots pour payer le loyer, les factures et pour aider ses parents à subvenir aux besoins de la famille. Il travailla comme serveur, livreur de pizzas et même nettoyeur de bureaux. Au départ, il trouvait inadmissible qu’un ingénieur comme lui se rabaisse au point d’effectuer ce genre de petits boulots, en compagnie de personnes qui pour la plupart, ont un niveau intellectuel largement inférieur au sien. Mais il se rappela de deux valeurs importantes que ses parents lui avaient toujours inculquées : l’humilité et la patience. C’était là une bonne occasion de manifester ces deux vertus. Il décida donc de mettre son orgueil de côté et de faire avec ce qui se présentait, en attendant. Mais ses collègues de service ne lui facilitaient pas la tâche. Ils avaient fini par savoir qu’il venait d’avoir son diplôme d’ingénieur, et prenaient un malin plaisir à le rabaisser, à le railler. " Le chômage fait rage dans le pays. Tes diplômes ne te serviront à rien", disaient certains. "Tu es trop qualifié pour ce travail. Tu vas te rendre compte que tu as étudié pour rien", ajoutaient d’autres.
Ces paroles avaient le don de révolter Félix. Il en parla à Emma. Cette dernière pensa que l’attitude de ses collègues l’avait davantage découragé, mais c’était tout le contraire. "Je ne vais pas abandonner", dit-il à Emma. "Je vais continuer de me battre pour trouver un emploi décent et bien rémunéré." Emma esquissa un sourire. "Je sais que tu vas y arriver, Félix", dit-elle. "Tu es fort et déterminé."
Au bout d’un moment, Félix ne put plus payer ses factures, notamment le loyer. Les petits boulots qu’il faisait ne lui permettaient pas d’avoir assez d’argent pour supporter ses charges. Il reçut une lettre d'expulsion et fut contraint de quitter son appartement. Félix fut complètement anéanti par cette nouvelle. Pour lui, c'était comme un retour à la case départ. Il en parla à son grand-frère, Thomas. "Cette situation me fend le cœur. J’ai comme un sentiment d’échec." Thomas lui donna une petite tape à l’épaule et lui dit : "Tu n'as pas échoué, Félix. Tu es juste confronté à des difficultés. Nous allons t'aider à traverser cela."
Félix retourna vivre à la maison. Il s’installa dans la chambre de sa défunte sœur Sarah. Bien qu’il fut revenu dans la maison où il avait grandi, Félix ne s’y sentait pas à l’aise. Revenir habiter à la maison était un peu humiliant pour lui. Ses parents remarquèrent cela, et lui apportèrent un soutien psychologique. Mais ce soutien ne fut pas suffisant pour aider Félix. Les jours qui suivirent furent difficiles pour lui. Il passa par une période de stress et de dépression, qui dura plusieurs mois. Sa famille commença à s’en inquiéter sérieusement. Son amie Emma aussi. Un jour, Félix lui dit : "Je ne vois pas d'issue, Emma. Je me sens piégé. Il m’arrive même souvent d’avoir des pensées suicidaires". Emma lui tint la main. "Cette situation est passagère, Félix", dit-elle. "Tu vas voir, bientôt tout va s’arranger. Nous sommes là pour toi. Tu peux compter sur nous pour t’aider à traverser ce moment difficile."
Ses parents, ses frères et sœurs l'aidèrent à tenir le coup. Ils lui offrirent un soutien émotionnel, et parfois financier. Félix commença à se sentir mieux, grâce à leur soutien. Il repensa à tout ce qu’il avait enduré pour arriver jusqu’ici. Il comprit que ce n’est pas le moment d’abandonner, et fut plus que jamais déterminé à se battre pour trouver du travail.