Chapitre 18 Je ne vous dirai pas ce qui se passa en moi à cet horrible spectacle. Ce fort pris, ses défenseurs égorgés, vingt familles massacrées, tout ce désastre général, je l’avouerai à ma honte, ne m’occupa pas un instant. Marie perdue pour moi ! perdue pour moi peu d’heures après celle qui me l’avait donnée pour jamais ! perdue pour moi par ma faute, puisque, si je ne l’avais pas quittée la nuit précédente, pour courir au Cap sur l’ordre de mon oncle, j’aurais pu du moins la défendre ou mourir près d’elle et avec elle, ce qui n’eût, en quelque sorte, pas été la perdre ! Ces pensées de désolation égarèrent ma douleur jusqu’à la folie. Mon désespoir était du remords. Cependant mes compagnons, exaspérés, avaient crié : vengeance ! nous nous étions précipités le sabre aux dents, les pis