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Le médecin insista pour que Carmen passe une nuit supplémentaire à l’infirmerie. Il s’inquiétait de la quantité de sang qu’elle avait perdu et il voulait s’assurer qu’elle était complètement guérie. Ariel regarda autour d’elle dans la pièce. Trisha était assise sur une chaise près du mur, où elle pouvait s’étirer un peu. L’immense créature d’or était roulée en boule à ses pieds. À présent, la pièce était presque vide. Seuls deux hommes étaient encore présents dans l’aile médicale. Il était tard. Du moins, c’était ce qu’il lui semblait, d’après l’horloge interne de son corps. Carmen et elle parlaient doucement de ce qu’il s’était passé.
— Et Cara ? demanda doucement Carmen, ne voulant pas déranger Trisha qui avait l’air totalement épuisée. Est-ce qu’elle a réussi à s’échapper ?
— Je n’en suis pas sûre. Je ne l’ai pas vue, alors j’espère que oui, répondit Ariel. Elle était près d’Abby. Abby, Cara et l’autre gars étaient encore sur la route quand on a été téléportées ici. Je n’en reviens toujours pas de voir la technologie qu’ils ont. J’espère vraiment qu’ils sont amicaux et qu’ils ne prévoient pas d’attaquer la Terre. Nous aurions un sacré désavantage si c’était le cas, murmura Ariel en regardant autour d’elle.
Carmen hocha la tête.
— Est-ce qu’ils ont eu l’air menaçants ?
— Non, Ariel fronça les sourcils. Plutôt tout le contraire, en fait. Ils étaient déterminés à sauver Abby, et quand je les ai suppliés de t’aider, ils l’ont fait. Nous avons été traitées exceptionnellement bien.
— Comment cela se fait-il que j’arrive à comprendre tout ce qu’ils disent ? J’entends ce qui sort de leur bouche et ce n’est pas de l’anglais, mais dans mon esprit, je comprends tout, dit Carmen en passant sa main sur son oreille gauche.
— Ils nous ont mis un genre de traducteur dans l’oreille. Quoi que ce soit, ça traduit tout ce qu’on dit pour eux, et inversement, répondit Ariel, regardant, sourcils froncés, l’un des hommes encore présents dans l’aile médicale.
Il les fixait depuis un assez long moment.
Les yeux de Carmen suivirent le regard d’Ariel. Elle vit l’immense homme qui la fixait avec un désir évident. Carmen secoua la tête et eut un sourire narquois. Il importait apparemment peu de quelle espèce un homme était, s’il avait une queue, il était excité.
Malheureusement pour le grand garçon ici présent, il désirait la mauvaise femme. Carmen lança un regard au gars qui lui disait sans équivoque qu’il se mettait le doigt dans l’œil. Encore plus malheureux pour lui, il ne sembla pas comprendre le message. Carmen fit signe à Ariel quand elle vit son expression changer et son regard se charger de détermination. Il semblait que c’était l’heure de la raclée.
— Ariel, réveille Trisha, murmura Carmen à sa sœur pendant qu’elle s’asseyait dans le lit étroit et qu’elle balançait ses jambes sur le côté.
Ariel regarda le gars qui marchait vers elle et secoua la tête. Certains gars devaient apprendre à la dure. N’importe quel crétin avec un cerveau aurait dû être capable d’interpréter que, d’après l’expression dans les yeux de Carmen, ça allait chier. Ariel se tourna et secoua doucement la jambe de Trisha. Trisha se réveilla, surprise, regardant autour d’elle avec confusion pendant un instant avant que ses yeux ne s’écarquillent à la vue de l’immense mâle qui s’arrêtait devant Carmen.
— Femelle, dit doucement mais avec détermination le mâle immense. Je suis Tammit. Je suis guéri. J’ai entendu le guérisseur dire qu’il te relâchait demain. Je désire te revendiquer et coucher avec toi. Tu viendras avec moi, dit Tammit d’une voix grave.
Les yeux de Carmen se rétrécirent sur l’immense homme devant elle. Qu’est-ce qu’ils donnaient à manger à ces gars, p****n, des hormones de croissance dans leurs biberons ? Ses yeux se posèrent brièvement sur Ariel, qui se rapprochait d’elle. Carmen reposa son regard sur l’homme et leva un délicat sourcil arqué.
— Je me fous de connaître ton nom, et encore moins ce que tu désires. Si tu ne t’éloignes pas de moi, p****n, je vais faire remonter tes testicules dans ta gorge, dit Carmen avec une moue amusée.
Est-ce que ce gros lard pensait vraiment qu’il pouvait juste dire « je veux te revendiquer et coucher avec toi » et qu’elle allait accourir vers lui tout excitée ? Peut-être qu’elle pourrait s’amuser un peu avant de se tirer de cette boîte de conserve.
Tammit fronça les sourcils en entendant la traduction.
— Tu ne me parleras pas de cette manière. Je suis un guerrier valdier. Les femelles ne parlent pas ainsi à leur guerrier. Je te pardonnerai cette fois-ci parce que tu ne connais pas encore nos façons de faire. Je vais devoir t’apprendre la bonne façon de t’adresser à un guerrier valdier ou tu seras punie, dit lentement Tammit comme s’il s’adressait à une espèce à l’intelligence moins développée. Ne t’inquiète pas, cheveux-blancs. Je veillerai à ce que tu apprécies la punition.
Ariel grimaça en entendant ce que disait Tammit.
— Heu, Tammit, c’est ça ? commença à dire Ariel.
Tammit regarda brièvement Ariel et ses yeux s’assombrirent.
— Je suis également attiré par toi. Je n’étais pas certain de savoir quelle femelle revendiquer. Je me suis décidé pour celle-là comme elle a besoin de plus de protection. Tu peux être revendiqué par mon frère quand nous serons de retour à Valdier. Ne t’inquiète pas, petite humaine. On s’occupera très bien de toi. Tammit jeta un coup d’œil à Trisha qui le fixait avec une expression de stupeur. Tu as déjà été revendiquée par notre commandant. Je ne t’approcherai pas.
Le visage de Trisha s’empourpra à ce commentaire et ses poings se serrèrent.
— Carmen, si tu ne lui mets pas une raclée, je vais le faire, lança-t-elle, incrédule.
— Oh, ma chérie, ne t’inquiète pas, dit Carmen d’une voix douce et mielleuse. Quand j’en aurais fini avec lui, il ne se méprendra plus jamais sur la capacité à se « protéger » d’une humaine, ou sur son intelligence.
— Tammit, dit fermement Ariel, essayant de laisser une dernière chance au gars avant qu’il ne prenne une raclée royale. Si tu sais ce qui est bon pour toi, tu vas faire demi-tour, t’en aller, et oublier que tu nous as vues.
Tammit reporta son regard sur Ariel avec un petit sourire amusé.
— Mon frère va t’apprécier. Il te partagera peut-être, dit-il, curieux.
Ariel fixa un instant Tammit avant de regarder sa sœur avec un hochement de tête incrédule.
— Carmen, mets-lui une raclée.
— Je croyais que tu ne demanderais jamais, dit Carmen juste avant de lancer son pied dans l’entrejambe de Tammit aussi fort qu’elle le pouvait.
Tammit écarquilla un instant les yeux avant de mettre un genou à terre, le souffle coupé. Carmen prit le plateau métallique à côté de son lit et le balança aussi fort qu’elle le put. Avec la force de son geste, le plateau se moula pratiquement sur le côté de la tête de Tammit. Elle sauta rapidement du lit et atterri sur son dos à l’endroit où il était tombé, puis elle tira son bras haut dans son dos. Carmen appuya son genou au milieu du dos de Tammit et essaya d’avoir une bonne prise sur lui. Ce fut difficile car il était bâti comme une armoire à glace.
— Si tu me parles encore sans ma permission, p****n, je vais te faire mal. Est-ce que tu comprends les mots qui sortent de ma bouche maintenant ? siffla Carmen à l’oreille de l’immense guerrier.
Ariel entendit le grondement profond de Tammit juste avant qu’il ne bondisse, renversant Carmen en arrière. Sans réfléchir, Ariel balança le pied de table métallique et frappa Tammit dans le ventre au moment même où le pied de Carmen entra en contact avec son menton, l’envoyant voler en arrière dans une autre table qui se renversa dans un grand fracas tandis que Tammit tombait au sol.
— Que se passe-t-il ? demanda Zoltin d’une voix forte en se précipitant hors de son bureau.
Il se tint d’un côté tandis que Tammit roulait et se mettait à quatre pattes avant de regarder Ariel et Carmen avec un air renfrogné. Zoltin écarquilla les yeux quand il vit Carmen, Ariel et Trisha prendre une posture défensive. Tammit grogna avant de cracher du sang de sa lèvre fendue.
Il essuya sa bouche de sa main avant de grogner à Carmen :
— Tu n’aurais pas dû faire ça, femelle. Je t’ai revendiquée et tu m’obéiras.
Carmen renifla.
— Je vous reverrai d’abord en enfer, toi et tous les autres connards qui pensent ça. Allez, mon petit, tu n’as rien de mieux en toi ? Si c’est comme ça que se bat un guerrier valdier, je suis stupéfaite que vous ayez le culot de vous appeler des guerriers.
Ariel regarda sa sœur et secoua la tête. Il n’y avait que Carmen pour attraper un taureau par les testicules et le traiter de mauviette. Ariel regarda Trisha qui secouait elle aussi la tête. Cela allait encore se transformer en bagarre de bar.
— Tu es prête pour ça ? demanda Ariel à Trisha qui arriva derrière elle.
— Oh, ouais, répondit Trisha en prenant un autre plateau métallique et en le faisant tourner dans ses mains. Bottons quelques derrières.