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4171 Words
Nous traversons le grand salon sous le regard interrogateur d'Elsa. Ses yeux scrutent la scène à la recherche d'explications. -Daemon ? Tout va bien, pourqu- -Mêles-toi de tes affaires Elsa, la coupe-t-il d'un ton cinglant. Elsa sursaute et tente de capter mon regard. Mais je n'ai pas le temps de crier à l'aide que le démon ouvre une porte et m'y jette à l'intérieur comme un vulgaire déchet. Mon corps heurte violemment le sol et je renifle péniblement. Ose encore une fois lever la main sur moi, et c'est empailler sur le mur que tu finiras. Et sur ces menaces, il claque la porte et me laisse seule dans ce lieu que je ne connais pas. Les battements de mon cœur résonnent si forts que je les entends dans mon cerveau. Tellement insupportables que je me bouche les oreilles en espérant que ça va passer. Mais rien ne change, toujours ces mêmes palpitations désagréables me martelant la tête. Tu es vivante. Oui, je suis vivante, mais pour combien de temps ? Le démon est un monstre, il n'a pas de limites. Cette noirceur dans ses yeux, je n'avais jamais vu ça. Quand ses mains se serraient de plus en plus fort autour de mon cou, ses pupilles ne transmettaient plus aucunes émotions. Elles étaient vides, obscures, elles me faisaient peur. C'est comme si un voile s'était interposé et lui empêchait de se rendre compte de ce qu'il faisait. Ou peut-être qu'il savait très bien ce qu'il faisait... Mais comment peut-on faire ça ? Comment peut-on prendre du plaisir à faire souffrir quelqu'un ? Il ne me connaît pas, alors pourquoi me fait-il ça ? Les flashbacks menacent de resurgir et je supplie mon cerveau de ne pas s'infliger ça. j'en ai assez de revivre ces moment si douloureux. Mais c'est trop tard, les souvenirs me frappent et je ne peux rien contrôler. Ils me giflent si violement que je ne peux rien arrêter. Je ne suis plus que spectatrice de mes démons, une ombre dans l'obscurité. Je suis là, je vois tout, je ressens tout, mais je ne peux rien faire, et c'est encore pire. Je me souviens de son regard. Il reflétait une telle noirceur, une si grande froideur qu'il m'a glacé le sang. Plus les secondes passaient, plus ses yeux devenaient noirs et plus mon corps tremblait. J'avais peur. Peur de lui. Peur de mourir. La vérité c'est que, même si je ne suis plus rien, je ne veux pas mourir. J'ai toujours cet espoir que quelque chose de bien m'attends derrière tout ça. Peut-être me fais-je des illusions ? Sûrement À mesure que ses mains me comprimaient la gorge, ma respiration devenait de plus en plus faible. Le souffle me manquait, les mots dans ma gorge étaient comme bloqués, j'étais incapable d'hurler, je n'étais même pas capable de respirer. Les larmes continuent de couler le long de mes joues et je me demande quand est-ce qu'elles vont s'arrêter. Les images repassent en boucle dans ma tête et je frissonne quand les sensations me frappent. Je ressens ses mains serrer mon cou comme si je n'étais qu'une poupée. Comme si je ne méritais pas qu'on me traite convenablement. Mon corps bloqué par le sien, je n'avais aucun moyen de me défendre, il était plus grand, plus lourd, plus fort. Un sanglot s'échappe et je ne peux le retenir. Mais malgré ces coups, malgré son regard froid, ce qui m'a fait le plus de mal sont ces mots. Il avait osé. Il sait ce que j'ai vécu avec Sohan, et je sais qu'il sait aussi pour lui. Et pourtant, cela ne l'a pas empêché de frapper là où ça fait mal. Car il le savait que ces mots m'auraient blessés, il le savait et il n'a pas hésité à me les cracher à la figure. Sans aucuns remords, sans aucune pitié, sa voix était froide et cruelle. Exactement comme lui. Je ne sais pas pourquoi ils m'ont fait si mal, pourquoi les coups de Sohan me paraissent ne rien être à côté. Car il a raison. Ma tête est sur le point d'exploser et les bourdonnements dans mes oreilles ne cessent d'augmenter. Je n'y arriverais pas. - Ne t'inquiètes pas Kali, je vais essayer de lui parler, me chuchote la voix d'Elsa à travers la porte. Le son de sa voix me ramène au présent et je me rends soudain compte de la fraicheur de la pièce. Je réalise enfin où je suis. Et cela me provoque aussitôt un manque d'air. Je n'arrive plus à respirer normalement, chaque bouffée d'air se fait de plus en plus compliquée. Mes yeux traversent la pièce avec toujours ce même son agaçant dans les oreilles. Le sol est froid, la pièce peu éclairée, une voiture rouge est garée sur ma gauche accompagnée d'une moto à sa droite. Je tourne la tête et prend conscience qu'il vient de me jeter dans son garage. La crise de panique m'envahie et je sens mon rythme cardiaque s'accélérer. J'ai peur de cet enfermement, de cette absence de fenêtre où j'ai l'impression d'être une nouvelle fois prisonnière de cet espace clos qui bloque ma respiration. Comme avec Sohan. Tout d'un coup, c'est comme si les murs se refermaient sur moi, une boule dans ma gorge m'empêche de respirer normalement et j'ai subitement l'impression de m'étouffer. La chaleur de mon corps augmente, j'ai chaud, beaucoup trop chaud pour une pièce aussi froide. C'est la première fois que ça m'arrive, je ne contrôle rien, je me sens partir mais je ne peux rien faire. Les mains encore tremblantes, je tente de me relever et puise dans le peu de force qu'il me reste pour atteindre la porte. Mes jambes sont faibles et rejoindre Elsa me paraît être tellement compliqué. Après plusieurs secondes à me débattre avec mon corps, je m'appuie sur la poignée pour me relever complétement et tente d'ouvrir la porte. Fermée. Je réessaie, sentant la panique redoubler d'intensité. Toujours fermée. IL M'A ENFERMÉ DANS SON p****n DE GARAGE CE b****d Je tambourine à la porte, tape de toutes mes forces, je ne peux pas rester enfermée ici. Je ne me sens pas bien, ma tête tourne et les murs se rapprochent dangereusement de moi. Je vais mourir. - Elsa, aide-moi, je souffle sans comprendre comment j'y suis arriver, tout en martelant la porte de coups insignifiants. Mon corps tremble malgré les gouttes de transpiration qui perlent mon front et la voix d'Elsa tente de me calmer : - Je ne peux pas Kali, la porte est fermée à clé et il possède le seul exemplaire. Non, non ,non, c'est impossible. Il n'a pas fait ça. Dites-moi que tout ça n'est qu'un horrible cauchemar. Que cette journée était juste un mauvais rêve. DITES MOI QUE JE VAIS ME REVEILLER ! Mais rien ne se passe. Et je me retrouve une nouvelle fois piégée dans un endroit qui me fait peur. - Je ne supporte... pas... enfermement, j'étouffe, j'articule difficilement. Mes coups contre la porte se font progressivement plus faibles et sans que je m'en aperçoive, mon corps s'effondre sur le sol gelé. Un bruit fort me parvient inexplicablement jusqu'aux oreilles lorsque mon corps rentre en contact avec le sol. - Kali ? Tout va bien ? Je suis consciente, j'entends Elsa, je ressens encore les battements de mon cœur, pourtant, je n'arrive pas à articuler quelque chose. Mes mots restent bloqués dans ma gorge et cela me fait encore plus paniquer. Après plusieurs secondes, Elsa tente une énième fois d'ouvrir la porte, en vain. - Kali dis-moi ce qui se passe, insiste-t-elle commençant elle aussi à paniquer. J'aimerais lui hurler que je ne peux plus respirer, que je suis en train de faire une crise de panique, mais aucuns sons ne sort de ma bouche. Elle continue de me parler et sa voix ne devient qu'un fond sonore. Je perçois quelques mots de la conversation, mon cerveau lutte pour ne pas sombrer. - Daemon !!! Le souffle court, j'essaie d'imaginer la voix de ma psychologue me conseillant de prendre des grandes bouffées d'air, comme lors de mes autres crises de panique. Mais d'habitude, j'arrive progressivement à me calmer, alors pourquoi ma panique ne fait qu'augmenter ? - Elle s'est évanouit, hurle Elsa derrière la porte. S'il te plaît, Elsa, aide moi, je la supplie intérieurement. - Laisse la, elle simule, lâche-t-il naturellement. - Son corps s'est écroulée, je crois qu'elle est... Les bourdonnements dans mes oreilles remontent jusqu'à mon cerveau et j'ai l'impression de perdre le total contrôle. Je me sens partir. Quelques secondes s'écoulent sans qu'aucuns bruits ne me parviens, puis la clé tourne lentement dans la serrure. Et dans la seconde qui suit, je distingue le doux visage d'Elsa se jeter sur moi. Elle me secoue violemment en me hurlant des choses que je suis incapable de comprendre. Ses yeux remplient de panique me détaillent de la tête aux pieds. Elle me caresse délicatement le visage et me fait de grands signe espérant une quelconque réaction de ma part. Mais j'en suis incapable, les yeux dans le vide, je lutte pour capter le moindre oxygène passant près de mon visage. Elle pose ses doigts dans mon cou et prend mon poult en s'écriant : - Elle est vivante. Oui je le suis, ne voit-elle pas que je la regarde ? - Je crois qu'elle fait une crise d'angoisse, il faut la sortir d'ici. Elle passe son bras derrière ma nuque, l'autre derrière mes genoux et tente de me soulever. Mais je suis trop lourde, effondrée sur ce sol, je ne peux pas l'aider. Je ne peux même pas parler. - Il faut que vous le fassiez, je ne suis pas assez forte, je n'y arrive pas, dit-elle en se tournant vers le démon. Ses yeux sont fixés sur mon corps inerte, les sourcils froncés il s'exclame : - Hors de question que je la porte. Elsa le fusille du regard et le sermonne avec des mots auxquels j'ai décroché dès la première seconde. Il souffle de colère et d'un pas nonchalant, son corps se rapproche du miens. Elle laisse sa place au démon et avec un visage froid, il me soulève comme une crêpe et me colle contre lui. Ma tête contre sa poitrine, ses mains se resserrent derrière mes genoux et il s'avance vers la sortie. Il me porte si facilement que j'ai l'impression de n'être qu'une feuille de papier. Mon rythme cardiaque toujours accéléré, mon visage se détend légèrement quand j'aperçoit enfin de la lumière. Rapidement, il traverse le salon et je dois presque m'accrocher à son tee-shirt pour ne pas tomber en avant. Je sens ses muscles se contracter à travers son tee-shirt et bizarrement, mes mains n'ont plus envie de se détacher. Une odeur mentholée arrive jusqu'à mes narines et je prends conscience que, petit à petit, mon souffle se régule. Elsa nous suit à la trace et ne me lâche pas du regard. - A-t-elle les yeux ouverts, demande-t-elle au démon. Ses yeux descendent vers mon visage et nos regards se scellent pendant quelques secondes. Une certaine électricité plane dans l'air, ou peut-être que c'est moi qui me fait des films, je ne suis pas vraiment dans mon état normal. Il hoche positivement la tête et continu d'agrandir sa foulée. Mes mains tremblent et il les saisit sèchement entre les siennes atténuant ainsi mes frémissement. Son cœur bat vite dans sa poitrine et sa mâchoire se contracte quand il se retrouve devant les escaliers. Les mêmes où, quelques minutes avant, il me trainait sans pitié, me tirant violement les cheveux. Son corps hésite un instant à monter mais Elsa le réprimande et dit : - Amenez-la dans sa chambre, elle doit se reposer. Les dents serrées, il gravit les marches et trouve rapidement ma chambre. Je suis surprise de l'autorité d'Elsa envers le démon. Malgré son mécontentement, il execute ses ordres, non sans un regard noir en sa direction. Et alors que je pensais qu'il m'aurait jeté telle une vieille serviette sur le lit, il prend le temps d'étendre mon corps maladroitement et d'accompagner ma tête, lui évitant ainsi un choc brutal. Une fois allongée dans mon lit, il se fige une seconde devant et me regarde étendue dessus. Ses pensées ont l'air ailleurs, parti beaucoup trop loin, et j'aimerais tellement comprendre ce qu'il ressent, qu'il me parle. Mais la seconde suivante, il secoue la tête et se dépêche de sortir, laissant entrer Elsa. Elle s'avance doucement vers moi et elle me sourit en disant : - Tu as reprit des couleurs. Elle s'assoit à mon chevet et allonge la couverture sur mon corps. - Repose-toi Kali, me dit-elle en passant sa main dans mes cheveux. Encore tremblante, je laisse ma tête retomber et ferme les yeux savourant les mains douces d'Elsa me caressant le visage. Elle me chuchote des pensées positives et je m'endors sous ses mots réconfortants. * Quand je me réveille après ce qui me semble une éternité, le soleil est de nouveau haut dans le ciel et je devine que nous sommes passés au jour suivant. J'ai donc dormi de longues heures. Je tourne la tête et remarque une silhouette assise sur le fauteuil près de ma fenêtre. Je me redresse lentement et découvre Hayley, un magazine de mode à la main, tournant énergiquement les pages. Ses cheveux lui retombent devant le visage et elle lève les yeux lorsque je me débats avec ma couverture. - Enfin. Je vais chercher le médecin, dit-elle simplement avant de s'élancer vers la sortie et de claquer ma porte. Je regarde l'heure sur le petit réveil noir de la table de chevet et ouvre grand les yeux en découvrant 11:33 d'affiché en blanc. J'ai dormi presque quinze heure ?? C'est hallucinant le nombre d'heures de sommeil que je devais rattraper. Se réveiller à 3h52 toutes les nuits ne reposent pas plus que ça, me rappelle ma conscience comme si j'avais oublié l'heure à laquelle il venait. Des coups à la porte me font sursauter : - Kali, je peux entrer, demande cette voix gentiment. J'acquiesce d'un mouvement de tête et patiente assise dans mon lit. Mais rien ne se passe et je me souviens bêtement qu'il ne peut pas me voir. Idiote - Oui pardon, je m'exclame sentant le rouge me monter aux joues. Niveau stupidité, tu fais fort Kali ! Un homme, d'une trentaine d'années je dirais, en chemise blanche et avec une barbe naissante entre. Un carnet dans les mains, il me rejoint près du lit. - Bonjour Kali, je m'appelle Ayden, je suis psychologue. Je fronce les sourcils à ces paroles et me demande ce qu'il fait ici. Ma crise de panique n'était pas si grave, ce n'était pas la peine d'appeler un psychologue. Ce n'est pas ma première, je sais gérer. Même si celle la était un peu différente des autres. Ayden saisit le fauteuil où se trouvait Hayley quelques secondes auparavant et le rapproche de moi. - Comment te sens-tu, me demande t-il en s'asseyant sur celui-ci. Je réfléchie un instant. En fait, je me sens beaucoup mieux que tout à l'heure. Je ne saurais expliqué ce qui s'est passé mais c'était tellement fort et tout est arrivé si vite que ma panique a décupler. J'avais vraiment l'impression que j'allais mourir. - Ça va mieux, lui dis-je avec un sourire. Il secoue la tête et d'un regard affectueux, il s'exclame : - Cela ne t'embête pas que je te pose quelques questions ? J'aimerais vérifier quelque chose. Je secoue la tête avec un léger sourire et patiente en attendant sa question, ne comprenant pas trop où il veut en venir. - Pourrais-tu me décrire ce que tu ressentais en bas, enfermée dans cette pièce. Cette première question me surprend et je dois prendre plusieurs secondes avant d'avoir les idées claires à nouveau. Me remémorer les sensations d'il y a quelques heures n'est pas quelque chose de facile et je respire profondément en serrant les poings. Je m'imagine de nouveau enfermée seule dans le garage, des larmes menacent de s'échapper et Ayden m'encourage d'un mouvement de tête et d'un sourire. - C'était comme si la pièce se refermait sur moi, m'empêchant de respirer correctement. J'avais des frissons mais en même temps je transpirais, c'était tellement étrange, lui dis-je. Il note des choses dans son carnet et je penche la tête en avant, essayant de voir, trop curieuse de savoir ce que c'est. Mais il ramène le carnet vers son torse et recule la chaise en rigolant. - Ce n'est pas de ton âge, plaisante-t-il alors qu'il ne doit pas avoir plus d'une dizaine d'année de plus que moi. Je lui fais la grimace et me réinstalle dos au mur. - Tu avais l'impression d'étouffer, me demande-t-il. - Exactement. Il continu de me poser plusieurs questions, se renseigne même sur mon passé, sur Sohan. Et après une dizaine de minutes à lui répondre, il referme son carnet et souffle lourdement. - Je crois que j'ai compris ce qui s'est passé, pourquoi c'est arrivé. J'ai paniqué, c'est tout, je ne vois pas ce qu'il y a à comprendre de plus. - Je vais aller prévenir Monsieur Cole, ça peut être grave si nous ne faisons rien pour que tu te sente à l'aise. Je fronce les sourcils en essayant de déchiffrer ces paroles. Mais de quoi parle-t-il ? Qu'est ce qui peut être grave ? Je ne suis pas malade, je me sens en forme, pourquoi dit-il cela ? Il ramasse ses affaires et se lève pour quitter ma chambre. Mais je ne peux pas le laisser partir avant de savoir ce qu'il a comprit, alors, je l'attrape par le bras et l'oblige à s'arrêter. Il se retourne vers moi et je croise ses iris bleues. - Qu'est ce que j'ai, je lâche d'un coup. Ses épaules s'affaissent et il hésite avant de me le dire. Mais je l'oblige d'un regard et sa réponse me laisse sans voix : - Tu es claustrophobe. Quoi ? - Non, c'est impossible, je ne peux pas être claustrophobe. Je croyais que cette maladie était diagnostiquée à notre naissance et il ne m'est jamais arrivée quelque chose de semblable, vous devez vous tromper. - La claustrophobie n'est pas héréditaire ou diagnostiquée à la naissance, elle se déclenche à un moment pendant lequel tu es en état de fragilité. Un événement dans l'enfance ou un événement traumatique dans un lieu clos peut expliquer la claustrophobie. J'écoute attentivement ses explications, encore sous le choc de son annonce. - Ce que tu m'as raconté avec Sohan, ces nuits à répétitions où il venait, je pense que ton traumatisme a déclenché ta claustrophobie. Tu étais enfermé dans ta cellule, tu ne pouvais pas sortir, tu étais piégée. Les pièces du puzzle s'assemblent petit à petit et je réalise que Sohan m'a fait beaucoup plus de mal que ce que je croyais. - Mais je peux la soigner ? Il se rassoit en ne me lâchant pas du regard et s'exclame : - Je peux te donner quelques conseils. Je le scrute et oublie mes pensées négatives et les insultes que j'aimerais cracher à Sohan. - Tu peux tout d'abord être suivie par un spécialiste, faire des exercices de respiration et de relaxation. Cela me rappelle étrangement cette partie de ma vie. - N'hésite pas à en parler autour de toi, à te confier, comme Monsieur Cole ou quelqu'un d'autre en qui tu a confiance. Je me retiens d'exploser de rire. Vient-il vraiment d'insinuer que je pourrai parler avec le démon ? Que j'ai confiance en lui ? Non, j'ai du rêver. - Mais surtout, ne laisse pas cette phobie t'étouffer petit à petit et te priver de faire des choses. Lorsque tu sens que la crise est sur le point d'arriver, penses à des choses positives et essaie de rester calme. Facile à dire... Et comme s'il lisait dans mes pensées, il s'exclame : - Je sais que ce n'est pas aussi simple mais je sais que tu es courageuse, tu vas y arriver, me dit-il en attrapant la main et me regardant profondément. La porte s'ouvre brusquement et Hayley tombe sur nos mains l'une sur l'autre : - J'interrompt quelque chose apparemment... Ayden se lève rapidement et lui lance un regard noir. Elle se marre en s'approchant de nous et lui tape sur l'épaule en lui lançant un regard pour se faire pardonner. Il cède finalement et l'accompagne d'un rire franc, tandis que moi, je reste plantée dans mon lit, surprise par ce que m'a dit Ayden. Je n'en reviens toujours pas. Après plusieurs secondes à se chamailler, Hayley me dit par dessus l'épaule d'Ayden : - Romy t'attends en bas. Romy est ici ? Il ne fallait pas autre chose pour me remonter le moral. J'attrape rapidement mon pull et descends la rejoindre, ne prêtant pas attention au fait que je suis en short de pyjama. Arrivée au rez de chaussée, je fais la moue lorsque mes yeux se posent sur la silhouette du démon. Affalé sur le fauteuil près du canapé, un verre à la main, son regard sévère fixe le coin du tapis. C'est fou, rien que le fait de le voir me met de mauvaise humeur. - Kali ! Comment te sens-tu, Elsa m'a appelé, tu m'as fait peur. Assise sur l'une des chaises autour de la table et dos au démon, elle m'invite à venir près d'elle. Je vais l'embrasser et la rassure en lui disant que ça va mieux. - Daemon n'aurait jamais du te laisser nettoyer le garage seule. Nettoyer le garage ? De quoi parle-t-elle ? Je tourne mon regard vers le démon en espérant avoir une explication mais je n'ai le droit qu'à un sourire narquois de sa part. - Mais je ne le- - Je lui avait pourtant dit que ce n'était pas nécessaire de le faire, me coupe le démon. Le s****d. Mon cerveau comprend enfin où il veut en venir et je dois me retenir pour ne pas lui donner un autre coup dans ses couilles. Son sourire me nargue et je n'ai qu'une envie, lui donner un coup de poing si fort dans les dents qu'il n'oserait plus sourire par crainte de faire peur. Mais je ne fais rien, je serre les dents et le regarde se faire passer pour le gentil. Car je suis sûre qu'il ne lui a pas non plus parlé de ce qui s'est passé avant. - Daemon a parfois raison tu sais, il faut que tu fasses attention à toi, dit Romy ne se doutant pas que tout ça n'est qu'un mensonge inventé par le démon. Pourquoi ne veut-il pas dire la vérité ? Le démon aurait-il peur ? J'hésite à tout révéler, la seule pensée que peut-être je pourrais me venger me fais sourire. Mais il se lève et me lance un regard noir ne pouvant être vu que par moi, il me menace sans même prononcer une seule parole. Alors, je ravale mes mots et reste sagement debout, trop effrayée par ce qu'il pourrait me faire sinon. Je le regarde s'approcher de moi, ses yeux descendent sur mes jambes nues et quelque chose passe dans ses yeux. De la haine ? Du dégoût ? De l'indifférence ? Son corps se rapproche du miens et, sans manquer de me toiser, il souffle : - Commence par t'habiller convenablement avant de vouloir nettoyer le garage. Et sans une parole de plus, il sort par la porte de devant, la sensation de son souffle chaud encore dans ma nuque. Je vais vraiment finir par le tuer. - Alors comment se passe tes premiers jours ici, me demande Romy en m'invitant à m'asseoir. Romy me ramène à la réalité et je me reconcentre sur elle, énervée qu'il occupe toutes mes pensées. - Si je mets de coté Daemon, ça va, dis-je en m'asseyant en face d'elle. - Aller ça va le faire, il va se calmer ne t'inquiète pas. Si elle savait... - Dis-moi, où est-ce que tu loges, je lâche, cette question me trottant depuis longtemps dans le tête. - J'habite dans un petit appartement que j'ai loué pas très loin d'ici en colocation avec Derek. - Oh... Mais pourquoi vous ne venez pas habiter ici, je demande curieusement. La maison est immense et il reste encore beaucoup de place. - Tu penses réellement que j'ai envie de partager mon quotidien avec Daemon ? Je l'adore hein, mais le supporter 24 heures sur 24 non merci. Surtout quand il fait ses crises de nerfs, je pourrai l'étrangler. Oh un point commun. En tout cas, c'est super rassurant pour le reste de mon séjour ! - Si tu veux, je peux t'emmener quelque part demain pour te changer les idées, me propose-t-elle. J'hoche positivement la tête avec un sourire, cela fait tellement longtemps que je ne suis pas sortie comme une personne normale. L'idée que demain je pourrai sentir le vent frais dans mes cheveux me fait garder espoir sur le reste de mes semaines ici. Il faut juste que je l'oublie.
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