LETTRE XXX Léonce à DelphineBordeaux, ce 22 octobre. Delphine, ô femme autrefois tant aimée ! un enfant m’a-t-il révélé ce que la perfidie la plus noire avait trouvé l’art de me cacher ? La voix des hommes vous avait accusée ; la voix d’un enfant, cette voix du ciel, vous aurait-elle justifiée ? Écoutez-moi : voici l’instant le plus solennel de votre vie. Je suis lié pour toujours, je le sais ; il n’est plus de bonheur pour moi : mais si j’étais seul coupable, et que Delphine fût innocente, mon cœur aurait encore du courage pour souffrir. Hier j’ai été chez madame d’Ervins : quelque irrité que je fusse, je voulais entendre parler de vous par ceux qui vous aiment. Madame d’Ervins, toujours livrée aux exercices de piété, a refusé de me voir, Isaure, sa fille, jouait dans le jardin ; je me