LETTRE VII Delphine à mademoiselle d’AlbémarBellerive, ce 8 août Ne puis-je donc faire un pas qui ne renouvelle plus cruellement les chagrins que je ressens ? Pourquoi m’a-t-on conduite encore chez madame de Lebensei ? Elle est heureuse par le mariage ; elle l’est parce que son mari a su braver l’opinion, parce qu’il a méprisé les vains discours du monde, et qu’à cet égard il est en tout l’opposé de Léonce. Madame de Lebensei est heureuse, et je l’aurais été bien plus qu’elle, car son caractère ne la met point, entièrement au-dessus du blâme : son cœur est bien loin d’aimer comme le mien ; et quel homme, en effet, pourrait inspirer à personne ce que j’éprouve pour Léonce ? Madame de Vernon vint me prendre hier pour aller à Cernay, comme nous en étions convenues. En arrivant, nous apprîm