LETTRE XII Mademoiselle d’Albémar à DelphineMontpellier, 25 août. Pour la première fois, ma chère amie, je désapprouve entièrement les sentiments que vous m’exprimez. Quoi ! Léonce en se refusant à vous voir, écrit formellement qu’il a cessé de vous estimer, et dans le moment où cette conduite révoltante ne devrait vous inspirer que de l’indignation, votre lettre à moi n’est remplie que du regret de ne lui avoir pas parlé, de n’avoir pas essayé de vous justifier à ses yeux ! On dirait que vous devenez plus faible quand il se montre plus injuste ; vainement vous vous faites illusion en m’assurant que ce n’est point l’amour, mais la fierté, mais le sentiment de votre dignité blessée, qui ne vous permet pas de supporter qu’il se croie le droit de vous offenser, en parlant, en pensant mal de