VSur le plateau de l’Algérie, à dix heures, la compagnie Beaudoin était toujours couchée parmi les choux, dans le champ dont elle n’avait pas bougé depuis le matin. Les feux croisés des batteries du Hattoy et de la presqu’île d’Iges, qui redoublaient de violence, venaient encore de lui tuer deux hommes ; et aucun ordre de marcher en avant n’arrivait : allait-on passer la journée là, à se laisser mitrailler, sens se battre ? Même les hommes n’avaient plus le soulagement de décharger leurs chassepots. Le capitaine Beaudoin était parvenu à faire cesser le feu, cette furieuse et inutile fusillade contre le petit bois d’en face, où pas un Prussien ne paraissait être resté. Le soleil devenait accablant, on brûlait, ainsi allongé par terre, sous le ciel en flammes. Jean, qui se tourna, fut inqu