XLII Brest, 15 juin 1878. Nous habitons pour aujourd’hui un logis de hasard, rue de Siam, à Brest, où l’Ariane est revenue mouiller ce matin. En réponse à l’avis de son arrivée, Yves a reçu de Toulven, du vieux Keremenen, la dépêche suivante : « Petit garçon né cette nuit. Se porte très bien, Marie aussi. – CORENTIN KEREMENEN. » La nuit venue et nous couchés, impossible de dormir. J’entends Yves dans son lit qui se tourne, se vire, comme il dit avec son accent breton. À l’idée qu’il ira demain à Toulven voir ce petit nouveau-né, son bon et brave cœur déborde de toute sorte de sentiments dans lesquels il ne se reconnaît plus. … Deux jours après lui, je dois, moi aussi, me rendre à Toulven pour le baptême. Et il fait mille projets pour cette cérémonie : – Je n’ose pas vous dire, mais,