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Le Jeune Homme

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Extrait : "Peu vous importe, n'est-ce-pas, le pays où j'ai vu le jour et la famille d'où je sors ? Que je sois né en deçà ou par delà la Loire, au nord ou au midi, Gascon ou Normand, vilain ou gentilhomme, prolétaire ou bourgeois, riche ou pauvre hère, que vous importe, je vous prie ?"

À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN :

Les éditions LIGARAN proposent des versions numériques de grands classiques de la littérature ainsi que des livres rares, dans les domaines suivants :

• Fiction : roman, poésie, théâtre, jeunesse, policier, libertin.

• Non fiction : histoire, essais, biographies, pratiques.

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Préface des éditeurs
Préface des éditeursParis a eu de tout temps dans ses murs des lieux de réunion où se donnaient rendez-vous les hommes qui, par leur position dans le monde, furent l’expression des mœurs de leur siècle. De telle sorte que, dans la physionomie de chacune de ces réunions, l’observateur peut voir se refléter et se résumer toute une époque. Ainsi, sans remonter plus haut, la Régence se résume dans la petite maison du faubourg. Le café Procope et les salons de la Du Deffand sont l’expression des poètes et des philosophes du 18e siècle. Les clubs, où se ruait le peuple avec sa voix forte et ses bras nerveux, sont les représentants fidèles d’une société en travail de démolir et de réédifier. Dans les salons parfumés, sur les coussins moelleux du Luxembourg, pose la pourriture impuissante du directoire et de sa jeunesse dorée. Sous l’empire – Oh ! dans ce temps de féerie la société française, pour refléter sa grandeur et son éclat, eût été à l’étroit dans une petite maison, dans un salon, dans un café ; – il lui fallait le Carrousel pour ses revues, des pays envahis pour ses faits d’armes, et pour ses fêtes les palais des rois vaincus : on la trouvait partout ; il lui fallait le monde ! La société de la restauration, mélange bizarre de dévotion et de philosophie, de rêveries spiritualistes et de spéculations mathématiques, se groupe merveilleusement dans les soirées semi-mondaines de l’Abbaye-aux-Bois. En 1833, après la révolution de juillet, qui, quoi qu’on en dise, a été une révolution sociale ; – nous n’en voudrions pour preuve que les changements qu’elle a apportés dans les mœurs : – nous ne sommes pas, Libertins comme les roués de la régence, Philosophes à la façon du 18e siècle, Républicains comme en 93, Efféminés comme du temps du directoire ; Quoique nous portions des moustaches et des éperons, nous n’avons pas l’humeur guerroyante de l’empire ; Le sac de Saint-Germain-l’Auxerrois doit démontrer aux plus obstinés que ce n’est pas seulement à prier Dieu que nous userons désormais nos genoux ; Et, à voir notre amour du positif, on peut affirmer que nous ne sommes plus de ceux qui se passionnent exclusivement pour les rêves du spiritualisme. Nous sommes mieux ou pires que tout cela : car nous sommes un peu de tout cela. La société actuelle offre un ensemble composé de chacun des caractères que présentent ces époques diverses. Il y a chez nous du libertinage de la Régence, De la philosophie de Voltaire, Du républicanisme d’autrefois, De la corruption du directoire, Du soldat de Bonaparte, Du positif et du spiritualisme de la restauration. Tout cela nous donne une physionomie étrange, qui ne ressemble à rien de ce qu’on a vu, et qui par cela même fait de notre époque une époque bien distincte dans l’histoire des mœurs, et qui mérite qu’on se donne la peine de l’étudier et de la mettre en relief. Eh bien ! telle qu’elle est, cette époque, – à laquelle un jour la postérité donnera, peut-être, pour la flétrir, le nom d’hermaphrodite, – a dans Paris un lieu de réunion où, comme il est arrivé pour toutes les époques antérieures, ses représentants se donnent rendez-vous et posent devant l’observateur attentif. C’est le café de Paris ! Il ne nous appartient pas, – devançant le tableau qu’en ont tracé dans le second volume les auteurs qui veulent garder l’anonyme, – de démontrer par quelle série d’observations fines et satiriques ces auteurs ont été amenés à penser que notre époque venait se résumer dans les élégantes salles de ce temple élevé à Comus. Qu’il nous suffise de dire que cette pensée leur a fait envelopper sous le titre général de Chroniques du café de Paris l’ouvrage qu’ils se proposent de publier sur les mœurs de ce temps. Peinture fidèle et animée qui nous a semblé ne point manquer de piquant et d’originalité, dans un moment où l’on nous jette à la tête des mœurs fausses et de convention en criant : Voilà le siècle ! Les auteurs ont divisé leur ouvrage en trois séries. La première que nous donnons au public, le Jeune Homme, renferme à la fois un aperçu de la vie de province et de la vie de Paris ; c’est la peinture de cet âge où l’imagination est encore fraîche et riante, et où l’expérience chèrement payée n’a pas fait encore s’effeuiller, une à une, les illusions comme une rose au vent. Ce sont les mémoires d’un homme d’esprit et de cœur qui n’a rien vu ni rien fait qui fût en dehors de la nature. C’est enfin un ouvrage écrit pour ceux que charme l’existence réelle et qui aiment à se retrouver dans les pages d’un livre. La seconde, le Viveur, dénote un pas de plus dans la vie. Les illusions sont déjà déflorées ; là le jeune homme abandonne les jouissances de l’esprit et du cœur pour se plonger dans celle des sens. Il a hâte de dévorer l’existence pour ne pas être débordé par les douleurs qu’elle prépare à la vieillesse : Courte, mais bonne, voilà sa devise. La troisième et dernière série sera Infamie et grand monde, ou le Roué du siècle ; avec cette épigraphe, La vie est un grand chemin. C’est l’homme qui, rapportant tout à soi et parvenu à vivre sans passions, exploite à son profit les passions des autres, élevant ou flétrissant l’infamie, honorant ou foulant aux pieds la vertu, sans autre guide que son intérêt ; ne voyant dans chacun de ses semblables qu’un marchepied dont il se sert pour arriver à ses fins, et qu’il brise quand il n’en a plus besoin. Ce sont toutes les lâchetés, toutes les turpitudes revêtues de ce vernis, de cet éclat, qui leur attirent les hommages qu’on refuse à la vertu non parée ou enrubannée ; c’est enfin le complément, le degré culminant de l’échelle parisienne : ce livre, pour tout dire, sera un monument élevé à l’esprit du siècle par l’observation et la satire. Sur la simple annonce de la publication des Chroniques du café de Paris, il nous est venu de Paris et des départements des demandes si multipliées, que nous avons cru pouvoir livrer au public le premier volume du Jeune Homme, d’autant plus qu’en traçant la vie de province, il forme un tout à peu près complet. Le second volume paraîtra dans un mois. Les séries suivantes paraîtront de mois en mois. L’ouvrage entier formera cinq volumes.

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