Les portes de l'ascenseur se refermèrent derrière Dallas avec un léger grincement, instaurant une atmosphère d'intimité dans cet espace clos. L'insistance du regard de Shawn sur Dallas la plongeait dans un malaise profond, comme si ses yeux pénétraient les recoins les plus intimes de son être. Ce contact visuel la rendait vulnérable et exposée, provoquant l'effondrement de ses barrières émotionnelles en un instant.
Cependant, après avoir repris ses esprits, Dallas réussit à libérer son poignet de l'emprise de la main de Shawn et s'affaira immédiatement à manipuler les boutons de l'ascenseur, cherchant désespérément une issue pour échapper à cette situation délicate.
— Arrête ! intima Shawn d'un ton ferme.
Malgré l'avertissement, Dallas resta focalisée sur son objectif, s'efforçant de trouver le bouton permettant d'ouvrir les portes de l'ascenseur. La tension de l'espace clos semblait l'étouffer davantage en présence de cet homme qu'elle haïssait plus que tout.
Malgré ses doigts tremblants, elle persista à fouiller les boutons de l'ascenseur, ignorant l'insistance de Shawn pour la retenir.
Agacé par son refus de l'écouter, Shawn saisit fermement l'épaule de Dallas, la forçant ainsi à le regarder.
— Je t'ai demandé d'arrêter ! lui intima-t-il avec un ton qui ne laissait aucune place au doute.
Sous l'emprise ferme de Shawn, Dallas se figea, ses yeux rencontrant ceux de son pire cauchemar. Leurs regards se verrouillèrent dans un échange silencieux, où les émotions tourmentées de Dallas étaient palpables.
— Lâche-moi ! gronda-t-elle d'une voix à peine audible, mais chargée d'une émotion cinglante.
La tension dans l'ascenseur monta d'un cran. Shawn lâcha finalement Dallas, mais son expression demeurait froide.
— Je veux des explications, commença-t-il d'une voix sans émotion, son regard toujours rivé sur Dallas.
Perplexe, Dallas le fixa avec un regard interrogateur pendant plusieurs secondes.
— Des explications ? Parvenait-elle à cracher malgré son trouble. Tu veux des explications ? Répéta-t-elle sans masquer l'amertume dans sa voix.
— N'ai-je pas le droit d'en demander ? Fit-il tentant de réprimer sa colère. Cette propriété…
— La propriété…, elle le coupa d'une voix cinglante, n'en croyant pas ses oreilles.
Soudainement, elle éclata de rire. Son comportement suscita un mélange de surprise et d'incompréhension chez Shawn. Son visage, auparavant marqué par la confusion et la colère, changea subitement. Ses lèvres se courbèrent en un sourire étrange et amer, presque figé, tandis que ses yeux reflétaient une lueur intense empreinte de détresse.
Ce rire n'était en aucun cas un rire joyeux. Au contraire, il était teinté d'une profonde amertume, laissant transparaître sa douleur. Ses émotions semblaient déborder, faisant osciller son rire entre rancœur et tristesse contenue.
Alors que ses émotions semblaient s'emballer, Dallas lutta pour garder le contrôle. Les éclats de rire continuèrent à échapper de ses lèvres, mais ils étaient désormais accompagnés de sanglots étouffés.
— Tu…tu m'as donc forcé à prendre cet ascenseur avec toi, juste pour me parler de cette fichue propriété ?
Lorsqu'il avait abordé le sujet des explications, Dallas avait instinctivement supposé qu'il faisait allusion à leur passé tumultueux, à cette nuit éprouvante où il l'avait expulsée de chez lui avec des menaces à l'appui.
Cette perspective l'avait troublée, car elle ne s'attendait pas à ce qu'il cherche des réponses de sa part. Elle avait plutôt anticipé que c'était elle qui aurait pu réclamer des explications pour ses actes passés. Cependant, elle réalisa rapidement que ses suppositions étaient erronées.
Lorsqu'il parlait d'explication, il faisait plutôt référence à la propriété qu'Eleanor avait catégoriquement refusé de lui céder, en dépit de la meilleure offre qu'il avait formulée et cela l'irritait.
— Tu sais quoi ? Va te faire foutre, cingla-t-elle en posant un regard sombre sur lui.
Shawn était convaincu qu'elle avait joué un rôle dans son échec à acquérir cette propriété. Il se souvint qu'au début de la soirée de vente, Eleanor Friedmann était enthousiaste à l'idée de le voir, mais à la fin, elle avait renoncé à lui céder la propriété, probablement à cause de Dallas. Cette réalisation le mit en colère, alors qu'il soupçonnait une certaine vengeance derrière tout cela.
Il considérait cette vengeance comme absurde et regarda Dallas, les yeux emplis d'amertume, sachant que cette situation était liée à leur histoire de rupture.
— Je ne peux m'empêcher de penser que tu as délibérément fait échouer la vente de cette propriété, dans le seul but de te venger de notre rupture il y a dix ans, déclara-t-il d'un ton accusateur.
Sans répondre à cette accusation, Dallas resta silencieuse. Elle était trop submergée par ses émotions pour se préoccuper de ce qu'il pouvait penser d'elle. Dès que l'ascenseur s'ouvrit, elle s'éclipsa immédiatement de la cabine, soulagée d'être enfin libéré de cette emprise infernale. Cependant, Shawn ne semblait pas prêt à abandonner. Tel un loup à l'affût, il la suivit discrètement, la rattrapant avant qu'elle ne s'éloigne davantage.
Tandis qu' elle s'éloignait rapidement vers la sortie, Shawn sentit une bouffée d'adrénaline le pousser à la rattraper. Il accéléra le pas, déterminé à confronter Dallas et à obtenir des réponses.
Ses pas résonnaient dans le couloir, et il finit par atteindre la porte de sortie. Sans hésiter, il la saisit par le poignet, l'arrêtant net dans sa course. Dallas sursauta, surprise par cette prise ferme.
— Attends une minute, Dallas, lui lança-t-il d'un ton ferme, l'obligeant à lui faire face.
Leurs visages étaient à quelques centimètres l'un de l'autre, et elle pouvait sentir son souffle chaud sur sa peau. Shawn la tenait fermement par le poignet, l'obligeant à faire face à cette confrontation. Dallas se sentait troublée par cette proximité forcée.Son cœur battait la chamade, et elle avait du mal à détourner le regard de ses yeux brûlants de colère. Elle était partagée entre l'envie de se dégager de son emprise et celle de laisser libre cours à ses émotions refoulées depuis si longtemps.
Shawn lui serrait toujours le poignet, mais son regard semblait s'adoucir légèrement, comme s'il hésitait entre maintenir sa fermeté ou trouver une autre approche.
De son côté, il était également troublé par cette proximité. Il sentait la chaleur de sa peau sous ses doigts et ne pouvait ignorer l'effet qu'elle avait sur lui. Malgré sa colère et son désir de la faire réagir, il ne pouvait s'empêcher de se rappeler les moments passés ensemble, les souvenirs heureux et les regrets qui les accompagnaient.
Il ressentait le besoin de lui faire comprendre sa colère, mais en même temps, une partie de lui avait du mal à être aussi sévère, se remémorant les moments où ils étaient proches et complices. Cependant, la trahison qu'il avait vécue et la douleur persistante de leur rupture rendaient difficile son désir d'être moins dur envers elle. Ces sentiments contradictoires le troublaient, rendant la situation encore plus complexe.
— Vas-tu me lâcher enfin ! s'exclama Dallas durement. Qu'est-ce que tu me veux à la fin ? Ça ne t'a pas suffi de m'avoir brisé, et maintenant tu réapparais telle une fleur à vouloir me rendre à nouveau la vie dure ?
— À quoi fais-tu allusion ? S'enquit-il.
Shawn se retrouvait plutôt confus quant à l'interprétation de ses propos. La déclaration de Dallas selon laquelle il était revenu pour lui rendre à nouveau la vie dure le perturbait. Il avait du mal à comprendre comment ses intentions pouvaient être interprétées de cette manière.
Dallas était décontenancée par l'expression de Shawn. Il semblait sincèrement ne pas savoir de quoi elle faisait allusion. Son visage exprimait une véritable perplexité, comme s'il était perdu face à la signification de ses propos.
Elle avait espéré que ses mots seraient clairs, mais maintenant elle se sentait confuse elle-même. Cependant, un doute commença à s'insinuer en elle. Se rappelant que Shawn pouvait être impitoyable, elle refusa de croire qu'il ne savait pas de quoi elle parlait. Les souvenirs douloureux de son comportement passé la hantaient, lui rappelant les moments où il avait montré sa cruauté et sa froideur.
— Je ne peux accepter que tu fasses semblant de ne pas savoir de quoi je parle. Tu m'accuses d'avoir joué un rôle dans l'affaire de cette propriété, alors que de ton côté, tu as soumis une offre audacieuse dans le but évident de t'approprier le terrain que je convoitais. Veux-tu prétendre ne pas être au courant de mes intentions concernant ce terrain ? Est-ce précisément pour cette raison que tu as choisi de réapparaître dans ma vie, afin de me causer encore plus de mal ? Ne penses-tu pas que tu as déjà causé suffisamment de torts ?
Elle marqua une pause, cherchant à capter son regard.
— — J'aimerais te poser une question, Shawn, fit-elle en maintenant difficilement le rythme normal de sa respiration. Au début, je refusais de penser que tu avais un lien avec le fait que mes demandes d'emplois étaient constamment rejetées par des entreprises immobilières de San Francisco alors que mes compétences correspondaient parfaitement au poste pour lequel j'avais postulé. Je me retrouvais toujours confrontée à des refus sans explication valable. Tu y étais impliqué, n'est-ce pas ? S'enquit-elle d'une voix brisée, réalisant à quel point l'homme qu'elle avait aimé, l'homme qu'elle appréciait pouvait être un monstre de la pire espèce.
Shawn parut surpris et peiné par l'accusation portée contre lui. Son regard trahissait une certaine incompréhension face à ce reproche.
— Je tiens à clarifier que je n'ai jamais eu l'intention de porter atteinte à ta carrière, répliqua-t-il d'un ton empreint de fermeté. En aucun cas, je n'aurais envisagé de saboter tes opportunités professionnelles. Comment peux-tu même penser que je serais capable d'une telle conduite ? Et pour ce qui est du terrain de Beverly Hills, je tiens à souligner que je n'avais absolument aucune connaissance de ton intérêt à son égard.
— Tu as commis des actes terribles par le passé, comment puis-je être certaine que tu ne peux pas les répéter aujourd'hui ? Ta réapparition après dix ans suggère que tu as l'intention de me nuire à nouveau. Ton intérêt pour ce terrain ne fait que confirmer que tu es lié aux refus passés de mes demandes d'emploi. J'avais pensé que tu avais mis fin à notre relation parce que tu ne me désirais plus, que je ne t'intéressais plus, mais j'avais tort. Tu as réussi à rendre ma vie impossible après notre rupture, probablement parce que tu me détestais, et ce qui est ironique, c'est que je ne fais plus partie de ta vie pour des raisons que j'ignore.
Sans un mot de plus, Dallas s'éclipsa en larmes sous le regard perplexe de Shawn. Au lieu de la rattraper immédiatement, il l'observait avec plusieurs questions qui se bousculaient dans sa tête concernant les accusations de Dallas. Il se sentait bouleversé par la détresse évidente qu'elle venait de montrer, mais aussi frustré de ne pas comprendre complètement ce qui avait pu la pousser à dire de telles choses.
Sentant le besoin de clarifier la situation, Shawn se décida enfin à la rattraper une nouvelle fois. Il la trouva adossée à un mur, essuyant ses larmes avec frustration.
— Dallas…
Elle leva les yeux vers lui, ses yeux rougis témoignant de sa détresse émotionnelle.
— Fiche moi la paix, clamat-elle d'une voix déchirante.
Alors que les larmes continuaient de couler sur le visage de Dallas, elle héla immédiatement un taxi, et s'engouffra dans l'habitacle après avoir mentionné au conducteur son adresse.
Shawn testait planté là, le regard perdu dans le vide. Il se sentait déchiré entre la colère et la confusion suscitées par cette rencontre avec Dallas. Les accusations portées à son encontre l'avaient blessé profondément, et il se demandait s'il pourrait jamais rétablir la vérité avec elle.
— Si tu ne fais plus partie de ma vie c'est à cause de ta trahison, Dallas, murmura-t-il sans détourner son regard, alors que le taxi qui l'emportait s'éloignait à perte de vue.
Il avait cru à un amour sincère, mais la réalité l'avait rattrapée de façon brutale. La trahison dont elle avait fait preuve cette nuit-là l'avait marquée à jamais, le laissant avec des cicatrices invisibles qui ne s'étaient jamais tout à fait refermées.