CHAPITRE 5J’arrivai Quai Des Orfèvres en plein désarroi. La nouvelle de l’assassinat d’Esther m’avait brisé. Pas suffisamment toutefois pour ne pas réaliser très vite que j’étais en position de suspect numéro un.
Après m’avoir installé dans une salle d’interrogatoire, les deux policiers m’assaillirent de questions. Ils se ressemblaient vaguement, même taille, cheveux bruns coupés courts, tenue sombre. Robin était à peine coloré, sans doute antillais. On aurait dit le duo de Men in black. Il ne leur manquait que les lunettes de soleil !
– Puis-je vous demander ce que vous faisiez jeudi soir entre dix-neuf et vingt-deux heures, Monsieur Liotais ? commença Pivert (Pivert… Je ne pus m’empêcher de faire le rapprochement avec Louis de Funès dans Rabbi Jacob, mais la comparaison s’arrêtait là…).
Atterré, je compris à quel moment était morte Esther. Ma première pensée me rassura : je ne pouvais être soupçonné, au moment du meurtre, j’étais sur la route de Saint-Prest. Mais je réalisai aussitôt que je ne pouvais révéler mes occupations de la soirée sans compromettre gravement Isabelle. J’imaginais le scandale. Je lui avais déjà fait assez de mal.
– J’étais en dehors de Paris, chez une amie.
– Pourriez-vous nous donner son nom et son adresse, je vous prie ? C’est pour une simple vérification.
– Je… Euh, je ne peux pas vous le dire.
– Vous ne pouvez pas nous le dire ? intervint Robin, qui échangea un regard éloquent avec son collègue. C’est très regrettable.
– Écoutez, comprenez-moi, il s’agit d’une femme mariée, je ne veux pas la mettre en difficulté…
– C’est vous qui vous mettez en difficulté, cher Monsieur.
– Mais enfin, vous n’allez pas me soupçonner du meurtre d’Esther ? Je l’aimais !
– Ah, vous l’aimiez ? Mais vous passiez la soirée avec une autre femme, mariée. Vous avez une conception élastique de l’amour, Monsieur Liotais.
Je ne trouvai rien à répondre. J’avais moi-même tendu la perche pour me faire battre.
– Vous savez, nous pouvons la contacter discrètement, reprit Robin.
– C’est ça, la légendaire discrétion de la police…
– Il me semble que vous n’avez guère le choix, répondit-il sèchement.
J’essayai encore de me rattraper.
– J’avais rendez-vous avec elle vendredi, nous devions partir en week-end ensemble, enfin quoi, c’est insensé ! Je l’ai appelée je ne sais combien de fois vendredi soir parce que je ne la trouvais pas, c’est facile à vérifier.
– Nous l’avons déjà fait, mais vous comprendrez aisément que ça ne prouve rien. Il peut s’agir d’une manœuvre grossière pour détourner les soupçons, reprit Pivert.
Brusquement, un détail me revint en mémoire.
– Ça y est, je me souviens, j’ai essayé de lui téléphoner jeudi soir vers vingt heures d’une station-service de l’autoroute A 10.
Les fesses posées sur le bord de son bureau, Pivert consulta brièvement une liasse de documents sur sa droite.
– Effectivement, il y a eu un appel en provenance de l’Eure vers cette heure-là, jeudi soir. Vous avez le nom de cette station-service ?
– Je sais seulement que c’était la première station-service après le péage de Saint-Arnoult. L’employé s’en souvient certainement, j’ai dû utiliser la cabine téléphonique. La batterie de mon téléphone portable était à plat.
– Nous allons voir ça.
Une coulée glaciale descendit à nouveau le long de mon échine. J’avais passé deux appels et il serait facile d’identifier l’autre destinataire.
– Vous ne pouvez pas me dire ce qui s’est passé ? implorai-je.
– Plus tard. Nous devons d’abord procéder à quelques vérifications.
Autrement dit tenter de contacter l’employé de la station-service pour s’assurer qu’il se souvenait bien de moi.
Les deux inspecteurs me confièrent à un agent en tenue et disparurent. J’attendis un long moment, absorbé dans de sombres pensées. J’admirai néanmoins leur efficacité car ils réapparurent une heure plus tard et m’emmenèrent à nouveau dans la pièce d’interrogatoire.
– Bon, l’employé était de repos, attaqua Pivert, mais nous avons réussi à le joindre chez lui. Vous avez de la chance, il se souvient parfaitement que vous avez fait le plein et que vous avez passé deux appels de la cabine téléphonique. Ce n’est pas qu’il écoutait, mais comme l’appareil est tout près de la caisse…
– Nous avons néanmoins noté le deuxième numéro que vous avez composé, car je suppose qu’il s’agit de celui de l’heureuse élue de la soirée, dit Robin avec un mauvais sourire. Nous nous permettrons quand même de vérifier les horaires de votre présence auprès d’elle. Rassurez-vous, ajouta-t-il en voyant mon expression horrifiée, nous l’appellerons en l’absence de son mari, qui est, d’après ce que j’ai cru comprendre, un chirurgien très occupé. Vous verrez que la police sait se montrer discrète.
Il jubilait littéralement. Ils avaient avancé très vite et il tenait à me le faire savoir, en m’humiliant un peu au passage. Je n’avais plus qu’à m’incliner.
– S’il vous plaît, comment est-ce arrivé ?
Cette fois, Pivert condescendit à me répondre.
– Mademoiselle Stern a été tuée entre dix-neuf heures et vingt-deux heures jeudi soir, à l’aide d’un objet contondant, un gros cendrier en cristal retrouvé sur les lieux du crime. Elle a eu le crâne défoncé et est très probablement morte sur le coup. Le corps n’a été découvert qu’hier soir après les appels désespérés d’une de ses tantes qui s’inquiétait de ne pas avoir de nouvelles. Elle ne passait jamais un vendredi soir sans la voir ou lui téléphoner. Vous aviez également tenté d’avertir Police Secours, il me semble ?
Décidément, ils étaient forts.
– C’est exact.
– Vous ne lui connaissiez pas d’ennemis ? Question traditionnelle, je sais…
Je pensais aussitôt aux menaces de Myriam. Mais je n’allais pas évoquer ça maintenant. Je voulais la voir avant.
– Non, aucun. Il y a juste un incident curieux…
– On vous écoute.
– Eh bien, deux jours avant sa mort, elle m’a dit qu’elle avait reçu un avis de passage d’un huissier, l’invitant à venir retirer un document à son étude. Ça semblait l’inquiéter beaucoup car elle ne voyait pas de quoi il s’agissait. Ce n’était pas le genre de personne à avoir des dettes. Elle devait s’y rendre la semaine suivante…
Pivert prit quelques notes, d’un air peu convaincu.
– Bien. Nous effectuerons des recherches. Monsieur Liotais, nous allons vous laisser partir. Il est inutile de vous rappeler que vous devez rester à notre disposition. Nous aurons sûrement d’autres questions à vous poser et le commissaire principal Maupas souhaitera probablement vous voir. Il tient à suivre les enquêtes de près en l’absence de notre chef de groupe. Pouvez-vous nous laisser votre numéro de portable ? Je vous laisse nos coordonnées, au cas où un détail important vous revienne en mémoire, ajouta-t-il en me tendant une carte.
*
Dans la tradition juive, l’enterrement doit avoir lieu le plus rapidement possible après le décès. L’inhumation d’Esther dut être retardée de plusieurs jours en raison de l’autopsie. J’assistai à ses obsèques au cimetière juif de Bagneux. Il y avait plusieurs collègues de l’hôpital Foch, quelques amis, et surtout ses deux tantes que je repérai facilement. Elles devaient avoir entre soixante-cinq et soixante-dix ans, elles paraissaient effondrées. J’étais moi-même très retourné et, après les prières et la mise en terre, je les abordai. Nous étions tous trois en larmes.
Celle qui paraissait la plus jeune ne me laissa même pas le temps de me présenter.
– Ah, vous devez être Francis, le jeune homme avec qui elle devait partir en week-end. Elle nous avait beaucoup parlé de vous, vous savez, notre Esther. Elle nous avait dit que vous alliez peut-être vous fiancer. Quel malheur ! C’est affreux. Cette pauvre petite qui avait déjà perdu ses parents… Dans quel monde vit-on ?
Pour la première fois de ma vie, je maudis mon besoin permanent de conquêtes ; je me sentis écrasé de culpabilité et je me méprisai. J’étais sur le point de f***********r à une autre au moment où Esther se faisait assassiner. Alors que je l’aimais vraiment, que j’envisageais de vivre avec elle. Elle tenait à moi, elle en avait parlé à ses tantes. Et ces deux femmes, qui me voyaient pour la première fois, m’accueillaient à bras ouverts comme si je faisais déjà partie de la famille. Si elles avaient su… Je devais à Esther d’aider au maximum la police à retrouver celui (celle ?) qui avait fait ça.
– C’est horrible, il n’y a pas de mots pour ça. J’arrivais à peine à parler, la gorge nouée par des sanglots. Pourrais-je me permettre de vous rendre visite un jour ?
– Mais quand vous voulez, Francis, me dit la plus jeune en me prenant les mains. Nous n’avons plus de famille, maintenant.
J’appris qu’elles étaient toutes les deux vieilles filles et qu’elles habitaient ensemble boulevard Voltaire. Je leur laissai mes coordonnées et je leur promis de venir les voir rapidement. Et cette fois, ce n’était pas une promesse en l’air !
Comment le sort peut-il s’acharner à ce point sur certaines personnes ? C’est pour cela que j’ai du mal à croire en Dieu, me disais-je en quittant le cimetière, désabusé. Bonne excuse pour m’épargner une réflexion que je n’avais jamais entamée sérieusement sur le sens de la vie.
*
Le soir même, je déboulai chez Myriam. Je ne lui avais pas reparlé depuis que j’avais quitté son appartement, après notre algarade au sujet d’Esther.
À ma grande surprise, elle m’ouvrit avec un grand sourire et me sauta au cou. Enfin, sauter au cou n’était pas le terme vraiment approprié, étant donné notre différence de taille. Disons qu’elle m’enlaça presque tendrement. Mais pour une fois, je n’avais pas l’esprit à la bagatelle. Je me dégageai doucement.
– Pardonne-moi, mais un drame épouvantable est arrivé. Esther…
– Tu vois, je t’avais prévenu : elle était condamnée ! dit-elle d’un ton théâtral en se redressant de toute sa hauteur. Puis, devant mon air effaré, elle changea radicalement d’attitude.
– Je suis désolée, c’est de l’humour très noir. Je suis incorrigible.
Je ne m’attardai pas à analyser cette réaction plus que déplacée. J’étais glacé.
– Peux-tu m’expliquer comment tu es au courant ?
Elle sembla réellement surprise.
– Mais enfin, Francis, c’est dans les journaux. Pas en première page, d’accord, mais ils en ont même parlé aux informations télévisées. Esther Stern, pharmacienne à l’hôpital Foch. C’est bien elle ?
Je me trouvai stupide, mais mon air méfiant ne lui échappa pas.
– Tu ne vas quand même pas imaginer que… ?
– Je ne sais plus que penser de toi, Myriam. Tu profères des menaces de mort sur une de mes relations professionnelles, après tu me dis que tu m’avais prévenu, je trouve ça un peu singulier, tu vois…
– Ce n’est pas moi qui ai fait irruption dans ta vie avec des dizaines d’amants !
– Puis-je juste savoir où tu étais vendredi soir ?
– Ah non là c’est trop ! Tu te prends pour un flic ou quoi ? Fiche le camp d’ici ! Hors de chez moi !
Et pour la deuxième fois, je pris la porte et m’enfuis de son appartement. Ça devenait une habitude !
*
Je tournai plusieurs jours en rond sans me décider. Devais-je parler à la police du comportement particulier de Myriam ? Ne serais-je pas pris pour un fabulateur ? Je serais encore obligé de leur préciser qu’il s’agissait d’une autre maîtresse… J’avais mesuré leur réaction la première fois, et après tout, elle était bien compréhensible. Je sombrais dans la culpabilité et l’auto-flagellation. Heureusement, le travail ne manquait pas et ça m’obligeait à penser à autre chose.
Isabelle avait été contactée par Pivert, heureusement en l’absence de son mari. L’inspecteur avait tenu parole… De toute façon, j’avais réussi à la joindre auparavant pour la prévenir. Je n’avais pas été jusqu’à lui conseiller d’appeler elle-même la police, je craignais que ça jette un doute sur la spontanéité de son témoignage en ma faveur. Je ne peux pas dire qu’elle fut enchantée de se trouver mêlée à cette affaire, surtout lorsqu’elle comprit qu’Esther n’était pas qu’une simple amie. La discrétion de Pivert n’avait pas été jusque-là. Je devinai que désormais, nos relations ne seraient plus les mêmes.
Dès le lundi qui avait suivi le meurtre, j’avais raconté toute l’affaire à José, et lorsque je le mis au courant de ma conversation houleuse avec Myriam, il tenta plutôt de me calmer, sans renoncer à son langage fleuri.
– Oui, c’est vrai, elle fait un peu psychopathe, et on ne sait jamais de quoi peut être capable une femme jalouse, néanmoins ça ne prouve rien. À ta place, je laisserais faire la police. Tu risques de perdre tes derniers attributs virils si elle apprend que tu l’as signalée à leur aimable attention… Attends de voir s’ils te réinterrogent sur les ennemis potentiels d’Esther. Il sera toujours temps. Tu sais bien que dans quatre-vingt-dix pour cent des cas, l’assassin fait partie de l’entourage immédiat. Tu vas me dire que dans son cas, l’entourage est réduit aux deux tantes, qu’on peut difficilement soupçonner. Mais bon, c’est le boulot de la Crime. Quant à cette histoire d’huissier, je ne vois pas ce que ça vient faire là-dedans. On peut tout imaginer, mais je te le répète, les policiers sont payés pour ça. Je comprends que c’est très dur pour toi, mais arrête de te ronger les sangs. La vie continue, et on a du boulot !
*
La semaine suivante, je reçus une convocation pour venir rencontrer le commissaire principal Maupas. Je n’avais aucune nouvelle récente de Myriam bien sûr, et j’évitais soigneusement de passer devant sa librairie. D’ailleurs, je devais me forcer pour aller à l’hôpital Foch, mais il fallait bien assurer le suivi des clients. Comme disait José, la vie continuait.
Je m’attendais à trouver le commissaire entouré de ses deux pitbulls, mais il n’en fut rien. Je fus reçu à l’heure dite par un grand type presque chauve, qui sortit en personne de son bureau pour m’accueillir. L’homme était habillé de façon peu recherchée, mais une impression de force et de droiture émanait de lui. Son regard bleu clair était franc et direct. Il lui restait de chaque côté, au-dessus des oreilles, une petite b***e de cheveux poivre et sel. Je remarquai un ruban rouge au revers de son veston. Ce policier m’inspira immédiatement confiance.
– Commissaire principal Maupas. Merci de vous être déplacé.
– C’est normal.
– Asseyez-vous, je vous prie. J’ai préféré vous voir seul pour discuter quelques points de détail avec vous. Mes collaborateurs m’ont tenu au courant, mais le travail de terrain me manque, j’aime bien revoir certains points moi-même. Ce sont des garçons très sérieux et efficaces, mais je sais qu’ils sont parfois un peu, comment dirais-je, rugueux lors des interrogatoires.
Ça y est, on me faisait le coup des méchants et du gentil, me dis-je. Mais la suite me donna tort.
– Bon, d’après ce que j’ai compris, Monsieur Liotais, vous êtes célibataire et menez une vie plutôt libre, ce qui du reste est votre droit, attaqua-t-il avec un sourire apaisant.
– On peut dire ça comme ça, Monsieur le commissaire. Et parfois, comme dans le cas présent, ça me joue des tours. Je sais que les apparences sont contre moi, mais je voudrais réaffirmer avec force que j’étais amoureux d’Esther Stern. Seulement, j’ai du mal à être fidèle.
– Bien, de toute façon je ne suis pas là pour vous juger et encore moins vous faire la morale, mais pour élucider un meurtre. Vous ne connaissiez personne qui aurait pu en vouloir à mademoiselle Stern ?
Je restai silencieux. Je n’osais pas citer les étranges menaces de Myriam. Maupas, qui semblait avoir perçu mon malaise, me sauva la mise.
– Je vais être obligé de vous demander la liste de toutes vos connaissances, comme on dit, je dis bien toutes. N’ayez aucune crainte, je vous l’ai dit, je n’ai pas de jugement à porter, je dois seulement faire mon travail. Précisez-moi sans hésiter celles qui ne vivent pas seules, de façon à éviter autant que possible de les placer en situation difficile. Nous essaierons de ne pas mentionner vos liens particuliers avec mademoiselle Stern (il fit mine de ne pas remarquer ma grimace éloquente, car je pensai aussitôt à Isabelle), mais nous devons tout vérifier, nous n’avons jusqu’à présent aucune piste.
Je m’exécutai, très gêné malgré toutes ses précautions oratoires. J’avais l’impression de trahir les innombrables secrets qui jalonnaient ma vie. Il nota soigneusement les noms et les adresses, sans faire aucune réflexion.
– Merci. D’autre part, vous avez parlé à mes inspecteurs d’un courrier qu’aurait reçu mademoiselle Stern, peu de temps avant sa mort. Qui viendrait d’un huissier.
– Tout à fait. Un avis de passage. Esther semblait très inquiète, c’était la personne la plus honnête qui soit et elle ne voyait pas ce qui avait pu justifier l’intervention d’un huissier. De plus, elle était orpheline et pratiquement seule pour faire face aux problèmes de la vie. C’est pourquoi elle m’avait appelé pour m’en parler…
– Si j’en crois mes notes, effectivement, sa mère est décédée dans un accident d’avion lorsqu’elle était âgée de trois mois, elle a été élevée par son père et deux tantes, et son père est lui-même décédé il y a plusieurs années. Avez-vous d’autres détails sur ce fameux papier ?
– Attendez que je réfléchisse… Je l’ai appelée le mercredi, elle m’a dit qu’elle l’avait trouvé sous sa porte la veille, et qu’elle s’y rendrait la semaine suivante. Elle ne pouvait pas y aller avant, et elle n’en avait manifestement pas envie. Je lui ai proposé de l’accompagner, elle a refusé.
– Sous la porte, dites-vous ?
– Oui, les boîtes aux lettres de l’immeuble avaient été vandalisées deux semaines auparavant.
– Ah… Mais c’est curieux, on n’a pas retrouvé ce document chez elle.
– Et dans son agenda ?
– Nous avons cherché, bien sûr, dit Maupas, d’un ton un peu agacé. J’aurais dû vous le dire tout de suite. Il n’y avait pas d’agenda chez elle. Soit elle n’en possédait pas, soit il a disparu.