ÉpigrapheNe pousse pas la grille en fer de ce domaineOù sont morts le jet d’eau, le lavoir et la cloche.Vois, l’herbe a recouvert le sentier qui t’y mèneEt nul chien sur le seuil n’aboie à ton approche. On nomme ce logis la maison des tristesses…Jamais les contrevents ne battent les murailles.Nulle lampe aux carreaux n’allume sa caresseEt le perron est obstrué par les broussailles. Ne te penche qu’un peu pour regarder et passe…Le colombier muet n’a plus de tourterelles.Mille oiseaux autrefois volaient sur la terrasseEt des roses croissaient ici, mais où sont-elles ?… Le maître de l’endroit est un homme bizarre.Il eut jadis un grand chagrin. De quelle sorte,Nul ne le sait… Il est de paroles avare…Le vent dans les sapins chante sa douleur morte. Il aimait tant bêcher un peu, soigner les roses,Arracher l’herbe folle aux coins des avenues :Mais les petits bonheurs de ces petites chosesSont partis pour jamais quand la peine est venue. Si tu le vois avec une étrange démarche,Des habits mal soignés, dire des mots sans suite,Ou compter au hasard les arbres ou les marches,Ne lui fais pas de signe, éloigne-toi très vite. Car ses vieux compagnons, le tilleul et le hêtre,À ce pauvre homme-là savent ce qu’il faut dire.Tout d’un coup à ta vue il pleurerait peut-être…Ce serait plus affreux s’il se mettait à rire… – Ô lecteur, c’est ici la maison des tristesses.Voici le beau parc mort où l’oubli fait sa trame.Le maître du logis y passe… Le jour baisse…Voici le puits sans roue et l’ortie et mon âme…Les Belles de nuit