L’opiumJe suis le sombre oiseau des vieux soirs d’amertume,J’ai des ailes de jais, je suis magique et beau,J’ensorcelle les cœurs quand je lisse mes plumes,L’esprit des Bouddhas morts habite en mon cerveau. Moi qui suis l’habitant des temples millénaires,Je viens planer ce soir chez les civilisés.Je suis l’étrange ami de l’homme solitaireEt de tous ceux dont le courage s’est brisé. Par la fenêtre ouverte au large crépuscule,Je pénètre en tournant fantastiquement noirDes tapis au plafond je danse et je hulule,Je suis terrible et grand comme le désespoir. Je me perche au sommet d’un meuble et l’on m’adore,L’on remue à mes pieds la chimère et l’ennuiEt je suis toujours là quand montent les aurores,Je réchauffe mon corps contre la chair des nuits. Le grand Bouddha d’ivoire et les vases de cuiv