CHAPITRE PREMIER Que de fois nous vîmes ainsi finir par des accidents obscurs de modestes existences qui auraient été soutenues et nourries par la gloire collective de l’Empire ! Notre armée avait recueilli les invalides de la grande armée, et ils mouraient dans nos bras, en nous laissant le souvenir de leurs caractères primitifs et singuliers. Ces hommes nous paraissaient les restes d’une race gigantesque qui s’éteignait homme par homme et pour toujours. Nous aimions ce qu’il y avait de bon et d’honnête dans leurs mœurs ; mais notre génération plus studieuse ne pouvait s’empêcher de surprendre parfois en eux quelque chose de puéril et d’un peu arriéré que l’oisiveté de la paix faisait ressortir à nos yeux. L’armée nous semblait un corps sans mouvement. Nous étouffions enfermés dans le ve
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