CHAPITRE IV La mère Il était un peu moins de minuit. Jean-Marie Biot veillait seul dans sa loge et travaillait. Sainte et Gaston écoutaient les merveilles du dernier acte de Moïse. La duchesse douairière dormait enfouie dans l’édredon, derrière le double rempart de ses opaques rideaux de soie. Il faisait un temps doux et humide. La lune, cachée sous des nuages, disséminait les rayons de son disque invisible et blanchissait toute l’étendue du ciel. Une femme, enveloppée des pieds à la tête dans une mante de soie noire, se glissait, craintive, le long des allées du jardin de l’hôtel de Maillepré. De ce côté, les fenêtres du premier étage de la façade étaient éclairées. Comme nul bâtiment ne commandait cette partie de l’hôtel défendue contre le regard par les grands arbres du jardin,