CHAPITRE V Assaut de binocles Depuis deux heures que Sainte et Gaston étaient assis aux premières galeries de l’Opéra, c’était pour la jeune fille un enchantement continu. Jusqu’alors elle ne s’était fait aucune idée de ces jeux magnifiques où tous les arts, réunis en faisceau, charment à la fois le regard et l’oreille pour ravir mieux l’intelligence. Elle demeurait sous le poids délicieux d’une sorte de sommeil enivré. – C’était comme un rêve d’or qui déroulait autour d’elle ses magiques illusions. – Elle regardait, elle écoutait. Ses sensations confuses se mêlaient. – Elle ployait presque sous sa voluptueuse lassitude. Elle était fille d’Ève. Peut-être y avait-il eu sous le noble mobile qui l’avait portée à parler d’opéra, de bals, de plaisirs, un atome de cette curiosité vague qui e