Chapitre 1
Lillian
_ Maman, racontez nous l'histoire !! Cria la petite fillette aux cheveux bouclés.
_ Encore, vous la connaissez par cœur. Dis-je d'un air amusé dans la voix.
_ S'il te plaît !!! Disent-ils tous en écho.
_ Je peux vous la raconter si vous voulez. Dit mon époux qui venait de rentrer dans la pièce.
_ Non, toi tu ne la racontes pas comme maman. Dit ma cadette.
Je lève des yeux amusés vers lui.
_ Soit, asseyez-vous tous. Je vais commencer...
Les cinq enfants se plaçaient de manière à former un cercle autour du fauteuil. Et je commençai mon récit…
_ À cette époque, les temps étaient durs. Depuis que notre père était parti pour la guerre contre les ogres. Notre mère faisait tout ce qu'il fallait pour nous élever mes six frères et sœurs et moi. Étant l'aîné, j'aidais du mieux que je pouvais. Je commandais mes sœurs afin qu'elle fasse le ménage, pendant que mes frères s'occupaient de la ferme. Ce qui me faisait le plus peur, c'étaient les soldats, qui venaient régulièrement recruter pour cette guerre incessante. Dimitri n'allait pas tarder à avoir seize ans et donc l'âge pour être recruté. Je ressentais déjà ce vide dans ma poitrine depuis que notre père était parti en compagnie de mon frère jumeau Nicole, âgés de 22 ans et de mon autre frère Tyler âgé lui de 18 ans. C'est compliqué, je sais. Nous sommes une fratrie de 9 enfants. Ma mère elle-même s'embrouille avec tous nos prénoms surtout en ce qui concerne Susie et Suzanne les jumelles de 14 ans. Il y a aussi Katerina de deux ans ma cadette, puis Dimitri qui a bientôt 16 ans et enfin Dawn 10 ans et Sue 8 ans. Alors pour éviter les disputes, nous avons chacun nos taches. Et en ce qui concerne la nourriture, là, c'est un peu plus ma spécialité. J'ai beau être une femme, je chasse encore mieux qu'un homme. Je suis plus légère que ses chers messieurs. Mais ça, ils ne le savent pas, à vrai dire personne ne le sait, or mis Dimitri et Katherina. Depuis que le nouveau shérif a interdit les sorties en forêts. Je suis obligé de me cacher. Ce type me met hors de moi à chaque fois que je le rencontre...
... : Lillian ?
Moi : Hein ? Oh, c'est toi, Kate... Qu'est-ce qu'il y a ?
Kate : Maman voudrait que tu ailles chercher ses deux ou trois choses au village. Elle ne veut pas que se soient nous qui y allons...
Moi : Je sais. Donne, je m'en charge... Katherina, as-tu été ramassé les œufs ?
Kate : Oui, il y en a une trentaine. Tu vas en prendre pour là-bas ?
Moi : Oui, on va en garder quinze pour nous et quinze à vendre.
Je prends ma sœur par le bras et on se dirige tous les deux vers la maison. On habite un joli manoir, mais qui demande beaucoup d'entretien.
Mère : Fait attention sur la route et fait vite.
Moi : Ne t'inquiète pas maman. Je ferais vite. Que te faut-il ?
Mère : Pas grand-chose, je te l'ai noté.
Je prends le panier et, mais mon chaperon sur la tête, le vent souffle et je veux éviter que les soldats me repèrent. Ma chevelure châtaine et assez passe-partout, mais la longueur de mes cheveux, elle se repère de loin, il m'arrive à mi-cuisse. Mais ce que je veux cacher en premier lieu, ce sont mes yeux. Il ne me faut qu'une demi-heure de marche pour arriver à l'entrée du village.
... : Bonjour Miss Zander. Comment aller vous ?
Moi : Bonjour, père Jones. Je vais bien merci à vous.
Père Jones : quelle belle journée pour une promenade.
Moi : oui, elle s'annonce belle. Je vous prie de m'excuser, je dois faire mes emplettes.
Père Jones : Oh, je ne vous retiens pas dans ce cas. Pouvons-nous compter sur votre présence à vous et votre famille dimanche à l'église ?
Moi : Je pense que nous prierons à la maison, par les temps qui courent, il est mieux d'éviter de trop s'exposer près de la forêt.
Père Jones : Bien, vous avez sûrement raison. Passer une bonne journée miss Zander.
Je continue mon chemin et commence les cours que mère m'a demandé. Je m'arrête chez le boulanger afin de lui revendre mes œufs. Avec de la chance, je ne croiserais pas se sataner shérif. À chaque fois que je le croise, j'évite de le regarder droit dans les yeux. Cela me donne le tournis et j'ai toujours peur qu'il ne me reconnaisse à cause de leur couleur assez unique. À peine ai-je fini que je me sauve hors du village. Pas de shérif en vue, génial !
... : Bonjour, miss Zander...
Je me fige en reconnaissant la voix de mon interlocuteur. Pitié pas lui !! Je me retourne à contrecœur, le vissage caché par ma capuche et l'observe descendre de son cheval. Un bel étalon noir et blanc.
Moi : Bonjour, shérif... Quel plaisir de vous voir.
Shérif : Moi de même. Puis-je connaître votre destination, je vous pris ?
Moi : Je m'en retourne chez moi. Pourquoi, y a-t-il un problème ?
J'ai cru que j'allais m'étrangler avec ce dernier mot. Je me force à sourire.
Shérif : Vous devriez savoir depuis tout ce temps qu'il n'est pas autorisé de se promener dans les bois... Les loups pourraient vous attaquer.
Moi : Je prendrais soin de ne pas les croiser. Dis-je en voulant reprendre route.
Shérif : Je n'en doute pas, miss. Mais en moins, je préférerais vous raccompagner. Si cela ne vous dérange pas.
« Et si ça me dérangeait, être en votre compagnie me donne envie de vomir ! »
Je garde mes pensées pour moi, et lui répond en essayent de dissimuler la rage que j'ai en moi. Je me racle la gorge et réponds calmement, un sourire forcé.
Moi : Un peu de compagnie ne fait de mal à personne, mais je ne voudrais pas vous déranger dans votre travail, shérif.
Shérif : Ça fait aussi partie de mon travail Miss. Puis-je prendre votre panier ? Il me semble bien lourd.
Je lui tends celui-ci à contrecœur, ne voulant en rien attirer l'attention sur moi, en lui refusant cette simple requête.
Moi : Puis-je vous poser une question ?
Shérif : Je vous en prie...
Moi : Pour quelle raison ne pouvons-nous plus traverser les bois. Je me souviens qu'il y a peu, je m'y promenais encore avec mon frère en toute sécurité et nous n'avons jamais croisé le moindre loup.
Shérif : Effectivement, les loups ne sont qu'un prétexte. Je ne voudrais pas affoler les villageois, en leur disant la vérité.
Moi : Oui, c'est sur qu'en criant au loup, vous n'affolerez pas la population.
Shérif : Voyez-vous miss, les loups ne sont pas si dangereux. Il suffit de leur faire une belle frayeur pour qu'ils partent... Mais les bandits eux n'en ont pas peur...
Moi : Des bandits !!!
Je fais mine d'avoir peur. Mais intérieurement, je rigole, sachant pertinemment de qui il parle. En l'occurrence... Moi.
Shérif : Oui, c'est une des raisons qui m'a poussé à vous raccompagner. J'ai eu peur pour votre sécurité.
Moi : Oh, ses... Vraiment gentil de votre part, shérif Mackenzie.
Shérif : Je vous en prie, appelez-moi Léo...
Je lui lance un rapide sourire, qui ne lui échappe pas et qui le laisse momentanément abasourdi. Ce qui me fait regretter immédiatement mon geste.
Moi : Je ne peux accéder à votre requête, ce serait déplacé.
Shérif : En quoi est-ce déplacé ? Ce n'est que mon prénom. Dit-il sourient.
Moi : Eh bien, je ne vous connais pas assez pour vous nommer ainsi... Et par ailleurs, je me dois de respecter votre rang.
Il rigole à plein poumon, et se tourne vers moi. Cherchant à capter mon regard dissimulé sous ma cape. Il m'intime de me stopper dans notre avancée et se tourne vers moi, la tête légèrement penchée.
Shérif : Vous êtes la femme la plus mystérieuse que je connaisse, miss Zander. Je ne sais même pas à quoi vous ressemblez. Maintenant que j'y pense, je ne vous ai jamais vue sans votre chaperon, que se cache-t-il là-dessous. Dit-il en désigner mon chaperon.
Moi : Juste un visage parmi tant d'autres.
Shérif : Laissez-moi jugé par moi-même... Vous permettez. Dit-il en désignant ma capuche...
Je baisse encore plus la tête, pour plus me dissimuler. Je le vois poser mon panier et s'avancer vers moi un peu plus. Je ne peux rien faire, rien dire et la peur me tétanisait. Je devrais l'arrêter, mais curieusement, je n'en fais rien…