XVIII
Je remerciai Reine de la complaisance qu’elle avait eue de m’ouvrir ainsi son cœur, où l’amour d’un oiseau tenait une si grande place. Madame de Lamartine entra, l’accueillit avec cette cordialité tendre qui enlève toute timidité à une étrangère, et la mena dîner avec nous sous un lentisque où le vent de mer rafraîchissait et chantait des airs aussi doux que l’ombre du chardonneret de Reine dans son oreille de poète. Accoutumée à vivre avec les paysannes de Saint-Point et de Milly, ma femme n’avait qu’à changer le paysage pour se croire encore avec ces compagnes habituelles de sa vie des champs. Reine l’aima du premier coup d’œil, s’y attacha par la conformité des bons cœurs, et n’a pas cessé de lui écrire depuis, une ou deux fois chaque année, pour lui envoyer des vœux et des souvenirs renfermés dans de petits ouvrages à l’aiguille de sa main.