B - Envers et contre tout

Chapitre 6

- Alors c'est elle, la nouvelle p**e d'Alex ? S'esclaffe une voix nasillarde tandis que nous nous lavons les mains.

Je lève les yeux, surprise par ces paroles si hostiles.

- Ne commence pas, Alice, répond durement Cassie.

- Ce n'est pas une façon de parler de quelqu'un que l'on ne connaît pas, enchéris-je.

- J'en ai rien à foutre, Alexander Blackwood est à moi, et toi, tu es sur mon chemin, crache-t-elle tout en mâchouillant un chewing-gum.

- Alex n'appartient à personne, grogné-je. Qu'est-ce qui te fait croire qu'il veut de toi ?

- On est ensemble depuis l'an dernier, il ne peut pas vouloir me remplacer par... Ça, dit-elle avec dédain en me montrant du doigt.

- Tu prends tes rêves pour la réalité, Alice ! Lui dit Cassie. Tu n'étais qu'un coup d'un soir pendant une soirée trop arrosée, Alex n'a jamais voulu de toi et il te l'a toujours dit !

C'est alors que tout part en vrille. Alice pète un câble et se jette sur Cassie, toutes griffes dehors. Mon instinct de protection prend le dessus et tout en poussant Cassie vers nos amies, je pare l'attaque d'Alice, et ses deux copines s'en mêlent dès qu'elle leur ordonne. Cassie et Léa veulent m'aider, mais je le leur interdis, ne voulant pas qu'elles aient des problèmes dès leur deuxième jour de cours.

Grâce à mes cours de kickboxing, je réussis à mettre fin à cette bataille grossière assez rapidement, malheureusement sans avoir pu échapper à quelques coups bien placés. Elles se relèvent et sortent rapidement, après m'avoir prévenu que ce n'était pas fini. L'une d'elles est en larmes.

- Ne dites rien à Alex, murmuré-je en m'appuyant au lavabo.

- Tu dois aller à l'infirmerie, me dit Jess.

- Allez en cours, je me débrouille, dis-je alors que la cloche sonne la reprise des cours.

- Non, je t'accompagne, impose Jess.

- Pourquoi tu ne veux rien dire à Alex ? Me demande Cassie paniquée.

- Il risque de réagir à chaud...

Léa hoche la tête, comprenant où je veux en venir et entraîne Chloë avec elle.

- Mais il doit au moins savoir que tu es à l'infirmerie !

- Non, il voudra rentrer avec moi, il en faut au moins un qui ramène les cours, dis-je sur le ton de la plaisanterie.

Heureusement, elle se déride.

- Qu'est-ce qu'on va lui dire quand il nous verra arriver sans toi ?

- Faites comme si vous ne saviez pas, je m'occupe de le prévenir que je suis rentrée.

- Il va nous tuer, soupire-t-elle.

Mais elles acceptent.

- Je vous revaudrai ça.

La deuxième sonnerie retentit et elles se précipitent en cours. Ma tête me fait atrocement mal. Jess prend mon sac d'une main et passe mon bras sur ses épaules de l'autre. Elle me soutient jusqu'à l'infirmerie où l'infirmière est aux abois en me voyant.

Je suis à deux doigts de m'évanouir en voyant le sang qui coule de mon arcade, maculant ma joue, bouchant ma vue et souillant ma chemise.

- Je vais appeler les pompiers, nous dit l'infirmière après que Jess lui a raconté ce qui s'est passé.

- Non ! S'il vous plaît. Je ne veux pas alerter tout le monde. Appelez Mason Blackwood, il m'emmènera aux urgences, assuré-je.

Je donne mon numéro à Jess, et lui dis qu'elle peut me laisser.

- Tu peux y aller, demoiselle, son référent sera là dans dix minutes, je m'occupe d'elle. Donne ça à ton professeur pour justifier ton retard.

- Merci, lui dit Jess en prenant le bout de papier. Artémis, donne des nouvelles.

J'acquiesce et la remercie pour son aide avant qu'elle ne sorte. Puis l'infirmière m'ordonne de m'allonger et éponge mes blessures à la lèvre et à l'arcade. Elle essaie de me faire parler pour que je ne m'endorme pas, mais j'ai trop mal à la tête.

Au lieu de voir Mason arriver, c'est Baptiste que je vois débarquer. Le regard inquiet, il informe l'infirmière que comme ses cours sont finis, il va se charger de me conduire aux urgences, afin d'éviter un déplacement à son ainé. Elle jette un œil à mon dossier, puis accepte.

- Baptiste, qu'est-ce que tu fais là ? Demandé-je en me redressant avec difficulté.

- Hé ! Laisse-moi faire, dit-il soucieux en me prenant à bout de bras pour me caler contre son torse.

- Tu n'as pas répondu à ma question, ne puis-je m'empêcher d'insister alors que ma tête bascule contre son épaule.

- Mason m'a envoyé voir ce qui se passait...

Après un passage aux urgences qui confirme qu'il n'y a pas de commotion cérébrale et quelques points de suture, Baptiste me ramène à la maison où je dors deux bonnes heures.

En me levant, je veux prendre une douche, mais je n'ai pas de change sous la main, mes cartons n'ayant pas encore été vidés.

- Tu vas mieux ? Me demande Baptiste en entrant.

Je suppose qu'il venait voir si je dormais encore.

- Je n'ai plus l'impression que je vais tourner de l'œil à tout instant, donc je suppose que oui, dis-je entre mes dents et la voix rauque.

- Tu as mal ?

- Mm, un peu, minimisé-je.

- Tu devrais prendre une douche, je vais te préparer des cachets.

- C'est ce que je voulais faire quand tu es arrivé, mais je dois trouver du change...

- Va à la douche, je m'en occupe, dit-il très sérieux.

- Merci, Baptiste, soupiré-je.

- T'inquiète, tu me revaudras ça, dit-il taquin avec un sourire en coin.

- Ne me fais pas rire, ça fait mal, me plains-je.

Je sors de la salle de bain, enroulée dans ma serviette. Baptiste est assis sur mon lit, le nez sur son portable avec à côté de lui un ensemble de sous-vêtements, un jogging et un t-shirt qui m'attendent.

- Ça va aller si je te laisse seule vingt minutes, le temps d'aller chercher mes frangins ? Me demande-t-il inquiet.

- Oui bien sûr, pas de soucis. Mais, pourquoi Mason n'a pas la voiture ?

- Je l'ai récupérée ce midi, comme je finissais plus tôt. Je t'ai préparé un verre d'eau et tes médicaments sur le comptoir de la cuisine.

- Merci beaucoup. Au fait, l'interpellé-je alors qu'il s'apprête à sortir de ma chambre. Comment se fait-il que l'infirmière t'ait autorisé à m'emmener, alors que c'est Mason mon référent ?

- Il a été convenu que je veillerais sur toi quand tu n'es pas avec Alex.

Je fronce, réalisant que je suis une corvée de plus pour lui.

- Désolée d'avoir gâché ton après-midi.

- Ça m'a fait plaisir de pouvoir m'occuper de toi, déesse, dit-il avec un clin d'œil. Mais Alex te demandera des comptes quand même.

Je hausse les épaules en guise de réponse.

- À tout à l'heure.

Je m'habille et brosse mes cheveux avant de descendre. J'avale mes cachets, perchée sur un tabouret, et m'attelle à envoyer un message aux filles pour les rassurer, m'apercevant au passage qu'Alex m'a harcelée de messages remplis d'inquiétude et de colère. Puis je passe un appel groupé avec Vincent, Astride, Noémie et Élène. Ils décrochent tous très rapidement.

- Oh p****n, Artémis ! Qu'est-ce qui t'est arrivé ?

Ça me fait sourire, ils posent tous plus ou moins la même question en même temps.

- Bonjour à vous aussi, ricané-je. Aïe !

- Sérieux Arté, crache le morceau ! S'énerve Astride.

- Je me suis battue, mais ça va, je n'ai rien de grave, dis-je aussitôt.

- Pourquoi ? Demande Vincent.

- Contre qui ? Demande Élène.

- Tu les as séchés, j'espère ! Crie Noémie.

- Pour défendre une amie et mon honneur, contre trois pestes, et oui, je les ai séchées, même si ce n'était pas assez à mon goût. Mais on était dans l'enceinte du lycée, je ne pouvais pas risquer trop gros...

- Racontes en détail, m'ordonne Astride.

J'obéis avec difficulté, ma mâchoire me fait un mal de chien, les cachets n'ont pas encore agi. Soudain, j'entends la porte d'entrée et Alex hurle mon nom.