Je me sentis vaincu, mais aussi j’étais brisé. Je n’avais pas prévu les suites de ma passion, ou du moins je n’avais rêvé qu’une succession de joies ou de douleurs terribles, auxquelles je m’étais vaillamment soumis. Alida me montrait un autre avenir tout à fait inconnu et plus effrayant encore. Elle m’imposait la tâche d’adoucir son existence brisée et de lui donner un peu de repos et de bonheur au prix de tout mon bonheur et de tout mon repos. Si elle voulait sincèrement m’éloigner d’elle, c’était le plus habile expédient possible. Épouvanté, je gardai un cruel silence en baissant la tête. — Eh bien, reprit-elle avec une douceur qui n’était pas sans mélange de dédain, vous voyez ! j’ai bien compris, et j’ai bien fait de vouloir comprendre : vous ne m’aimez pas, et l’idée de remplir enve