Mais voici que la table est mise, que les fleurs fraîchement cueillies s’étalent dans les corbeilles, que le somptueux surtout d’argenterie étincelle à la clarté de mille bougies. Les convives sont encore dans le boudoir, et l’on n’entend d’ici que l’écho affaibli de leur causerie bruyante, car ils sont plus nombreux que vous ne croyez : Suzanne, qui a retrouvé tout son sang-froid, sinon toutes ses espérances, a jugé à propos d’ajouter quelques personnages à la nouvelle comédie qu’elle se prépare à jouer. C’est d’abord Mme de la Mornais, qui n’est pas précisément un prodige d’esprit, Mme de la Mornais avec ses deux filles, deux grandes et fortes brunes, dont l’insignifiante beauté ne retient jamais longtemps les regards qu’elles attirent ; puis, c’est le vicomte de Nancey, un vicomte émér