VI Initiation à la vieComment s’écoulent les heures, les jours, les mois consacrés à la première ivresse d’un amour mutuel aussi tendre qu’ardent, c’est ce qu’il aurait fallu demander au prince et à la princesse de Valberg. Le bonheur est léger comme un songe, il y a longtemps qu’on l’a dit ; on cherche en vain la trace de son passage : il ne laisse que des souvenirs enchantés, mais intraduisibles, dans l’âme de ceux qui l’ont possédé. Amédée et Suzanne avaient d’abord passé près de deux mois dans leur beau manoir de Touraine, oubliant sans être oubliés, charmés l’un de l’autre, tout entiers l’un à l’autre et croyant que le paradis était encore réalisable ici-bas. Puis l’idée leur étant venue de voyager, ils s’envolèrent au printemps vers l’Italie, visitèrent Turin, Milan, Venise, poussè