XXIIJ’ai été difficile et fier pour tout ce qui porte lévite ou chapeau noir ; personne n’était pour moi assez brillant ni assez grand seigneur ; j’ai beaucoup méprisé mes égaux et choisi mes amis parmi les plus raffinés. Ici, je suis devenu homme du peuple, et citoyen d’Eyoub ; je m’accommode de la vie modeste des bateliers et des pêcheurs, même de leur société et de leurs plaisirs. Au café turc, chez le cafedji Suleïman, on élargit le cercle autour du feu, quand j’arrive le soir, avec Samuel et Achmet. Je donne la main à tous les assistants, et je m’assieds pour écouter le conteur des veillées d’hiver (les longues histoires qui durent huit jours, et où figurent les djinns et les génies). Les heures passent là sans fatigue et sans remords ; je me trouve à l’aise au milieu d’eux, et nulle