XII Jusqu’à neuf heures du matin, je dormis d’un bon sommeil. J’en avais besoin, ayant pris ma part d’une rude bataille : à mon âge, on n’est plus de force à combattre, et l’on regarde la paix comme le premier des biens. Je m’enfonçai délicieusement dans mes draps, et je fermai les yeux en rêvant à ma belle Proserpine. Voici mon rêve : Je me promenais avec elle dans les bois… vous entendez bien ?… dans les bois. Tous deux seuls. J’étais étonné moi-même de mon bonheur. Elle me disait des mots si doux que jamais aucune femme n’en a dit de pareils à un homme, et en particulier à moi Denisot aîné, même au temps de ma verte jeunesse… Quels étaient ces mots ? Je les entendais, je les comprenais, j’étais heureux, mais je n’aurais pas pu les répéter. Sans doute, ils appartenaient à cette langu