Construire un feuL’aube, ce jour-là, était froide et grise, très grise et très froide, lorsque l’homme, quittant le large tracé que dessinait le Yukon gelé, gravit le haut coteau qui s’élevait sur une des rives du fleuve et où se dessinait confusément une piste étroite, qui s’en allait vers l’est, à travers l’épaisse futaie des sapins Le coteau était à pic. Une fois arrivé au sommet, l’homme fit une pause, pour reprendre haleine ; puis, machinalement, il regarda sa montre. Elle marquait neuf heures. Il n’y avait pas de soleil, pas un soupçon de soleil, quoique aucun nuage ne fût au ciel. Le firmament était pur. Et cependant un impénétrable voile semblait s’étendre sur toutes choses. De ténues et fines ténèbres, qui n’étaient pas la nuit, mais l’absence du soleil, tamisaient le plein jou