Chapitre 2. L’apparition Minuit sonna jusqu’au douzième coup, sans qu’aucune apparition se produisit. Je me levai, pensant que j’en étais quitte : j’avais fini de manger, et, après une douzaine de lieues à cheval, je commençais à sentir le besoin du sommeil, lorsque l’horloge du château, qui avait un très beau timbre grave et retentissant, se mit à recommencer les quatre quarts et les douze heures avec une lenteur imposante. Avouerai-je que je me sentis un peu ému de cette sorte de retour de l’heure fantastique que je croyais révolue ? Pourquoi pas ? J’avais fait jusque-là si bonne contenance de philosophe ! Pour être un fervent disciple de la raison, je n’en étais pas moins un très jeune homme, et un homme d’imagination, élevé sur les genoux d’une mère qui croyait encore fermement à tou