II Ce que coûte un bon repasLe voisinage des blancs rendait le gibier encore plus rare autour de nous ; les kanguroos et les opossums avaient émigré, et nous souffrions d’une cruelle disette. La faim suggéra à quelques-uns des nôtres un acte qui eut les suites les plus funestes. À peu de distance du campement, un squatter avait établi une « station » où il élevait un immense troupeau de bêtes à laine. Une nuit, plusieurs de nos hommes, parmi lesquels se trouvait mon père, se glissèrent dans l’enclos où les moutons étaient parqués, et en dérobèrent une douzaine, qu’ils apportèrent à la tribu. Aussitôt, avec notre imprévoyance habituelle, sans songer aux conséquences probables de ce vol, nous allumâmes de grands feux et nous commençâmes un festin qui ne devait finir qu’à la consommation c