Il y avait déjà une foule immense devant ce tribunal : un corps considérable de troupes, l’arquebuse au poing et la mèche allumée, se tenait là pour contenir les bourgeois dont les intentions n’annonçaient néanmoins rien d’hostile. La plupart regardaient comme avéré le soi-disant sacrilège de Barbe Hollande. Les autres avaient en mémoire la manière expéditive dont le digne lieutenant du duc d’Albe se débarrassait des mutins. Partant, quiconque tenait à la vie et redoutait la hart n’avait qu’à se tenir coi. Ainsi faisait un chacun, et quand Don Juan de Vargas arriva, les flots de curieux s’ouvrirent devant lui et formèrent un large passage d’hommes à têtes nues et humblement déchaperonnées devant le haut et redouté seigneur. Barbe était déjà là chargée de chaînes gardée par huit soldats ap