Ma première pensée, en revenant à moi, fut de le rejoindre. Je m’élançai sur la route, en courant de toutes mes forces. Tantôt je l’appelais par son nom, tantôt je poussais des cris perçants, tantôt j’exhalais en gémissements sourds et continus le délire de mon désespoir. Je ne sais s’il m’entendit ; mais je ne le rencontrai, je ne le vis, je ne l’entendis point. J’arrivai ainsi dans la ville, où j’errai longtemps au hasard. Enfin je m’arrêtai haletante et épuisée sur le port. Je m’assis, ou plutôt je tombai, sur une pierre. Là, je tâchai de rassembler mes idées et de réfléchir. La réflexion ne servit qu’à me montrer toute l’étendue de mon malheur. Je compris que j’étais perdue sans ressources. Le bruit monotone et plaintif des flots attira peu à peu mon attention, que ne fixait plus au