Le lendemain de l’événement, un malaise palpable régnait dans l’appartement de Clara et Petter. Le silence pesait entre eux, et Clara ne parvenait pas à chasser de son esprit la scène qu’elle avait surprise entre Petter et Émilie. Elle avait tenté de se convaincre qu’il s’agissait d’une simple conversation entre deux connaissances, mais l’intensité dans leurs regards et l’émotion qu’elle avait lue sur le visage de Petter la hantait. Elle sentait au fond d’elle qu’il y avait quelque chose de plus, quelque chose qu’il lui cachait.
Au petit-déjeuner, elle jeta des coups d’œil furtifs à Petter, cherchant à déchiffrer ses pensées. Lui, visiblement troublé, évitait soigneusement de croiser son regard.
— Petter, tout va bien ? demanda-t-elle doucement, espérant le pousser à s’ouvrir.
Petter, pris de court, chercha ses mots avant de répondre.
— Oui, oui, tout va bien… Juste un peu fatigué, répondit-il, tentant de masquer la culpabilité dans sa voix.
Clara acquiesça, mais elle ne pouvait s’empêcher de sentir que cette réponse évasive ne faisait qu’ajouter à ses soupçons. Elle hésita, se demandant si elle devait pousser la conversation, mais quelque chose la retint. Elle se disait qu’il valait peut-être mieux attendre, lui laisser l’opportunité de s’ouvrir de lui-même.
Après le petit-déjeuner, elle se prépara pour se rendre au bureau, sachant qu’elle y croiserait Émilie. Une idée lui vint soudain : peut-être pourrait-elle aborder la question discrètement avec elle, essayer de comprendre s’il y avait quelque chose de plus entre elle et Petter sans éveiller la méfiance de son amie.
En arrivant au bureau, Clara croisa Émilie près de la machine à café. Elle l’invita à s’asseoir pour discuter, espérant que cette conversation anodine l’amènerait à en savoir plus.
— La soirée d’hier était vraiment belle, tu ne trouves pas ? dit Clara avec un sourire naturel.
Émilie hocha la tête, mais Clara sentit une certaine réserve dans son regard.
— Oui, c’était très beau. Ton père a vraiment mis les moyens pour faire de cet événement quelque chose d’inoubliable, répondit-elle avec un léger sourire.
Elles continuèrent de discuter de manière légère, Clara cherchant l’occasion de glisser la question qui la brûlait. Finalement, elle prit une inspiration et se lança.
— D’ailleurs, j’ai vu que tu parlais avec Petter, hier soir, sur le balcon, dit-elle en tâchant de garder un ton détaché. Vous sembliez… très sérieux.
Émilie, prise de court, baissa les yeux et tenta de masquer son trouble.
— Oh, c’était une conversation banale, vraiment… rien de bien important, répondit-elle, sa voix trahissant une certaine gêne.
Clara scruta son visage, cherchant à discerner la moindre émotion qui pourrait confirmer ses soupçons. Mais Émilie, consciente de l’attention de Clara, retrouva rapidement son calme et esquissa un sourire.
— Petter est quelqu’un de bien. Je comprends pourquoi tu es avec lui, dit-elle d’une voix douce, comme pour éteindre tout soupçon.
Clara acquiesça, mais au fond d’elle, elle sentait que cette réponse évasive cachait quelque chose. Émilie avait détourné la question avec habileté, mais le malaise dans son regard, aussi bref fut-il, n’avait pas échappé à Clara. Elle comprenait que l’approche directe ne l’amènerait à rien pour le moment, mais son besoin de réponses restait plus fort que jamais.
De retour chez eux, Petter se retrouva seul pour la première fois de la journée. La conversation de la veille avec Émilie le hantait, et il sentait le poids de la culpabilité peser de plus en plus sur ses épaules. Chaque fois qu’il croisait le regard de Clara, il ressentait un tiraillement insupportable entre son désir de protéger leur relation et l’envie de se libérer de ce secret.
Il s’assit dans le salon, le regard fixé sur une photo de lui et Clara prise lors de l’un de leurs voyages. Sur cette image, ils paraissaient insouciants, heureux, comme s’ils ne doutaient de rien. Cette image semblait appartenir à une autre époque, une époque où leur relation n’était pas marquée par les non-dits et les questions enfouies.
Une idée lui traversa l’esprit : et s’il lui disait tout ? S’il trouvait le courage de lui expliquer son passé avec Émilie, les sentiments qui refaisaient surface malgré lui ? Peut-être qu’elle comprendrait, qu’elle pourrait lui pardonner. Mais une autre part de lui redoutait qu’une telle révélation détruise tout ce qu’ils avaient construit.
Petter se passa une main dans les cheveux, la gorge nouée par l’hésitation. Il savait qu’il devrait prendre une décision rapidement, car ce secret devenait de plus en plus difficile à porter.
Le soir, Clara rentra du bureau, encore troublée par sa conversation avec Émilie. Elle avait passé la journée à analyser chaque mot, chaque expression de son amie, cherchant à comprendre ce qui la troublait tant. En rentrant, elle trouva Petter assis dans le salon, l’air pensif.
Elle s’approcha de lui et posa une main douce sur son épaule, tentant de capter son regard.
— Petter, je sais que quelque chose te pèse. Tu n’es pas toi-même ces derniers temps, murmura-t-elle, une lueur d’inquiétude dans les yeux.
Petter détourna le regard, incapable de lui offrir une réponse honnête. Il sentit la culpabilité l’envahir, et son cœur se serra en voyant la sincérité dans les yeux de Clara.
— Clara, je… je traverse une période un peu compliquée. Je ne sais pas vraiment comment l’expliquer, répondit-il, cherchant désespérément des mots qui ne viendraient pas compromettre la confiance qu’elle lui portait.
Elle hocha la tête, mais son expression trahissait la douleur que lui causait ce silence.
— Je comprends, Petter. Mais sache que tu n’as pas à porter ça seul. Je suis là pour toi, dit-elle avec une douceur qui accentua encore la culpabilité de Petter.
Ils passèrent le reste de la soirée en silence, chacun perdu dans ses pensées. Petter réalisait de plus en plus qu’il ne pourrait pas échapper à cette conversation. Il comprenait qu’il devrait choisir entre la vérité, aussi dévastatrice qu’elle puisse être, et la préservation d’une relation construite sur des secrets.
Clara, incapable de trouver le sommeil, fixait le plafond de leur chambre, les pensées tourbillonnant dans son esprit. Elle se remémorait chaque regard, chaque moment de distance, chaque mot échangé entre Petter et Émilie. Elle sentait une ombre s’étendre entre eux, et elle redoutait qu’elle ne finisse par assombrir leur relation à jamais.
De son côté, Petter se tournait et se retournait dans le lit, incapable de fermer les yeux. La proximité de Clara, son amour, le rendaient encore plus conscient de la trahison qui pesait sur lui. Il savait qu’il ne pourrait pas supporter cette situation éternellement, mais l’idée de briser le cœur de Clara lui était insupportable.
À mesure que les heures passaient, Petter réalisa qu’il ne pourrait éviter cette confrontation indéfiniment. Il prit une décision : le lendemain, il irait parler une dernière fois avec Émilie, pour obtenir les réponses définitives dont il avait besoin avant de tout révéler à Clara. Peut-être que cette dernière rencontre l’aiderait à mettre fin à ce tourment intérieur.
Au petit matin, alors que Clara dormait encore, Petter se leva en silence, les pensées plus claires. Il était décidé à affronter Émilie, à obtenir des explications sur son départ, pour qu’il puisse enfin tourner la page. Il espérait qu’en obtenant des réponses, il serait capable de revenir vers Clara, libéré de ses doutes et prêt à se consacrer entièrement à leur relation.
Mais une part de lui craignait que ce dernier tête-à-tête avec Émilie ne fasse que raviver les sentiments enfouis qu’il tentait désespérément de dissimuler.
Dans le calme de l’appartement, alors que
Clara dormait paisiblement, Petter se préparait pour la journée à venir, conscient que celle-ci pourrait marquer un tournant décisif dans sa relation avec Clara.