La vie va vite dans certaines circonstances. Eugénie n’avait été occupée toute la journée que de la crainte de voir Thérèse divulguer son secret. Cette crainte n’avait pourtant pas eu toute la portée que tu peux croire. Le calme de son âme lui avait rendu de la force, le témoignage de sa conscience la soutenait, elle s’était dit qu’en désespoir de cause elle quitterait cette maison et chercherait un autre asile ; mais lorsque le soir vint et qu’Alfred parut, l’effroi que Thérèse avait inspiré à Eugénie et contre lequel elle s’était senti la force de lutter, domina complètement son âme. Dans le premier mouvement de cet effroi, elle voulut cacher l’amour d’Alfred et redoubla de précautions contre lui. Elle aimait donc cet amour, puisqu’elle le protégeait contre une dénonciation. Puis, quand