Chapitre 1

3160 Words
Temps présent : Avec impuissance, Darkos regarda son coéquipier et meilleur ami être transporté sur un brancard. Leur entraîneur fut autorisé à monter et l'ambulance se referma avant de démarrer à vive allure. Darkos faillit pousser un cri de rage mais se retint in-extremis. Son équipe avait remporté avec brio le match les ayant opposés à celle de l'Inde. Ils avaient gagné leur passe pour le prochain match de qualification. Mais à quel prix ? En essayant de marquer le but décisif, son ami Nistace avait été percuté en plein fouet par un autre joueur alors qu'il s'était penché pour donner un coup de mallet dans la balle. La chute l'avait assommé au point de lui faire pisser du sang par le nez et il y avait de forts risque que sa colonne vertébrale ainsi que sa jambe soient endommagées. Sans plus attendre, il galopa jusqu'aux écuries du centre équestre. Il y trouva Eleni qui refermait un box. En le voyant descendre de son cheval, la rousse accourut vers lui. — Toutes mes félicitations pour cette victoire. — Merci, mais je ne la savourerai pas en sachant que mon meilleur coéquipier se trouve dans une ambulance. Il se mit à ôter son casque, ses gants et ses lunettes. Il avait besoin d'enlever la boue qui le recouvrait au niveaux des jambes. — Je sais, c'est triste. Mais je suis là pour t'aider à te sentir mieux chéri. Elle se mit à parsemer son cou de bisous. La sueur de Darkos ne semblait pas la déranger, au contraire. Épuisé, il la repoussa mais elle était plutôt coriace comme femme. — Je suis couvert de boue et tu vas te salir. — Avec un métier comme le mien, on s'habitue vite aux salissures. Je trouve que ça te rend encore plus sexy. Lorsque tu étais sur le terrain je ne voyais que ton corps parfaitement moulé dans cette tenue de cavalier. Ça te dirait qu'on aille faire des trucs coquins dans un des box vides comme la dernière fois, la rousse tenta de l'allumer en se frottant vulgairement à lui. — Et risquer d'être aperçus par quelqu'un d'indiscret qui ira ensuite ragoter à la presse grecque ? Non merci. — Tu ne disais pas ça la dernière fois. — La dernière fois le centre était fermé et il faisait nuit. — Mais- — Ça suffit Eleni ! Tu penses vraiment que c'est le moment de s'envoyer en l'air ? Nistace vient d'être conduit à l'hôpital. Tu m'excuseras mais j'ai mieux à faire que de me taper une palefrenière. Occupe-toi de Zeus, ordonna-t-il d'un ton tranchant et en lui tendant sa laisse de sa monture ainsi que ses affaires. — Attends ! Tu seras présent ce soir à la soirée organisée par mon père ? — Je n'en sais rien, il lui répondit en continuant de marcher vers la sortie. — Au moins regarde-moi quand je te parle ! Je ne suis pas un mur mais ta copine. Je te signale que tu es sensé être mon cavalier ce soir alors tu as intérêt à ne pas me faire faux bond... Dark, tu m'entends ?! s'emporta Eleni en voyant qu'elle n'avait pas son attention. — Je te contacterai, dit simplement Darkos en s'éloignant dans un bruit de bottes. Il partit prendre une douche express dans les vestiaires afin de se débarrasser de la saleté, puis il remit des vêtements secs et propres. Sans prendre la peine de sécher ses cheveux humides, il emprunta un chemin autre que la voie principale afin d'éviter les journalistes en quête d'informations et les supporters en délire. Une fois sur le parking, il ouvrit la portière de sa Tesla noire avant d'y grimper et de quitter les lieux. À son arrivée, son oncle Charis se trouvait déjà dans l'hôpital où Nistace avait été admis. — Comment va-t-il ? — Mal pour le moment. D'après les médecins il va s'en sortir mais pas avant huit mois minimum. Sa jambe est f****e. — Huit mois ?! L'entraîneur hocha tristement la tête. — Je suis tout aussi étonné et bouleversé que toi. Pour le moment son état physique laisse à croire qu'un rétablissement est plus ou moins possible. Mais ils attendent le résultat des radiographies pour nous donner un avis stable. Il ne pourra donc plus jouer durant le reste de la saison. Peut-être même qu'il sera incapable de prendre part à la prochaine. — Fais chier, jura Darkos avant de se mettre à réfléchir comme un lion en cage. T'a-t-on au moins laissé le voir ? — Il est encore inconscient mais je ne pense pas que ce soit possible aujourd'hui. — Sans vouloir paraître égoïste et uniquement préoccuper par le sort de l'équipe, la finale a lieu dans un peu plus de deux mois. Comment allons-nous nous débrouiller sans lui ? Il est de loin le meilleur attaquant qu'il nous ai été donné d'avoir. — Je l'ignore Dark, je l'ignore. En cette période, il va être difficile pour nous de trouver un remplaçant à la hauteur. — On peut peut-être faire appel à Nikolaï. — Ne sois pas ridicule, cette option est à bannir. À présent mon fils se moque du polo et tu le sais. Depuis qu'il dirige sa propre société, il n'a plus le temps pour ça. En plus il a beau être doué, ça fait ses années qu'il n'a plus pratiqué. C'est perdu d'avance. Je ne veux pas non plus prendre une des jeunes recrues pour remplacer Nistace. Vous êtes mes quatre meilleurs éléments. La finale ne sera pas garantie avec l'un de vous en moins. — Alors quoi ? Maintenant qu'on est plus que trois dans l'équipe, on va se retirer du championnat en déclarant forfait ? — Non, on a trop travaillé pour en arriver là. Il nous faut quelqu'un d'aussi expérimenté que vous quatre et vite. Le prochain match est pour bientôt, il n'y a donc pas de temps à perdre. — Organisons un mini championnat de sélection. — ... J'en ai une meilleure, fit Charis tout en caressant pensivement sa barbe grise. J'ai un ami que j'ai perdu de vue. Si j'ai bonne mémoire, son fils était un joueur hors pair selon ses dires. La dernière fois que je l'ai vu c'était encore un gamin mais son père croyait beaucoup en lui. Il nous sera d'une grande utilité. Je vais essayer de retrouver leur contact d'ici demain. J'ignore si le gamin a entre-temps arrêté mais- — JAMAIS DE LA VIE ! tonna Darkos en oubliant où ils étaient. Des têtes se tournèrent vers eux avec des mines réprobatrices. — Parle-moi autrement jeune homme. As-tu oublié qui je suis pour toi ? — On ne va quand-même pas laisser un novice sorti de nulle part tout foutre en l'air ! — Il est un peu comme Nistace, Yannis, Homer et toi, il a commencé à tenir le maillet très tôt dès son jeune âge. Laisse-lui donc une chance. Il ne va rien foutre en l'air, j'en suis convaincu. À l'époque il était aussi bon joueur que son père. En plus c'est toujours mieux que d'envoyer les jeunes remplaçants sur le terrain. Je ne veux prendre aucun risque. Cette année, le trophée sera à nous et non aux Argentins. Darkos ne pouvait que comprendre l'envie qu'avait son oncle de remporter la coupe. Il n'était pas seulement le défenseur de l'équipe, il en était le capitaine. Sur ses épaules reposait le poids de la réussite. Alors il avait le droit de s'opposer à cette décision sans tête ni queue. — En tant que capitaine, j'ai mon mot à dire! — Et moi je suis votre entraîneur, je sais ce qui est bien pour cette équipe, je foule ce terrain depuis que je suis tout petit. C'est moi qui t'ai enseigné tout ce que tu sais sur ce sport, c'est moi qui décide de qui rentre et de qui sort de ce groupe. Tu n'as pas à me dire ce que je dois ou ne dois pas faire. — Charis je ne suis pas d'accord. Nous avons assez de remplaçants pour- — Dark, encore une seule objection et je te retire du championnat. Je n'aimerais pas en arriver là, mais je t'enlèverai même ton capitanat s'il le faut. Ais-je été assez clair ? Il le regarda effaré. — Tu n'oseras pas me faire ça. — Mets-moi donc à l'épreuve. Charis ne voulait rien lacher. Il supportait déjà assez mal les frasques de son neveu, le Playboy notoire le plus connu de la Grèce. Mais n'étant pas du genre à s'étendre sur la vie privée de ses joueurs, il fermait toujours les yeux là dessus. La dernière bêtise de Darkos avait récemment fait le tour des presses à scandales. Il n'avait trouvé mieux que de faire d'Eleni Loverdou son nouveau joujou. Sortir avec la fille du propriétaire du centre équestre qui leur fournissait un terrain d'entraînement, il avait fait fort sur ce coup-là. Si cette relation venait à ne pas aboutir, ce qui allait très certainement être le cas, son amitié avec le père de cette dernière allait partir en fumée. Leonidas était très rancunier comme homme. — Il faut qu'on se comprenne tout se suite. Ton idée n'est pas mauvais et s'il s'agissait d'un simple match amical, j'aurai suivi ton conseil. Mais cette fois-ci l'enjeu est de taille. On parle du mondial. Je sais que tu es capable de transformer un novice en joueur exceptionnel, mais on a pas le temps pour refaire une sélection et recadrer le meilleur d'entre eux. On ne va pas s'appuyer sur un des juniors, ce serait suicidaire. — Parce que avec un inconnu ça le sera moins ? rétorqua-t-il buté. — Me suis-je bien fait comprendre ou pas ? trancha son entraîneur avec fermeté et sans lui répondre. Les deux hommes se defièrent du regard pendant quelques secondes puis Darkos finit par marmonner un "oui" malgré lui. Il n'aimait pas qu'on lui parle sur ce ton, il n'était pas du genre à s'incliner même devant son oncle. Mais son envie de gagner la finale était plus forte que tout alors il allait devoir prendre sur lui cette fois-ci. Mais ce christos allait baver, il s'en fit la promesse. La conversation s'acheva lorsque ses deux autres coéquipiers arrivèrent et Charis décida de prendre congé car sa femme Polina ne cessait de l'appeler. — Tenez-moi au courant s'il y'a du nouveau concernant Nistace. Je reviendrai dans quelques heures. En attendant, sachez que lundi matin, il y aura une réunion d'urgence. Je vous veux donc tous dans mon bureau à neuf heures précises et gare à celui qui sera en retard. Darkos le regarda s'éloigner d'un pas furieux. — Que se passe-t-il ? demanda Homer, le roux du groupe. — Charis n'a pas l'air content du tout, renchérit Yannis en passant la main dans ses longues mèches blondes retenues en queue de cheval basse. — Il se passe que mon très cher oncle veut déjà trouver un remplaçant pour Nistace. — Qu'y a-t-il de mal à ça ? — Ce qu'il y'a de mal ? Je vais vous le dire moi ce qu'il y'a de mal. Il va sûrement nous ramener un gosse de riche pourri gâté. J'ai déjà assez à faire avec l'entraînement des jeunes recrues. Je n'ai pas envie de devoir me farcir un nouveau joueur que personne ne connait de surcroît. — Calme-toi ! soupira Homer devant son attitude grincheuse. Si ça se trouve, ce mec sera bénéfique pour nous. — Ça, j'en doute fortement. — Comment s'appelle-t-il déjà ? — Je l'ignore et n'ai aucune envie de le savoir. Il faut que j'arrive à convaincre Nikolaï de se joindre à nous. Ainsi ça nous évitera de nous retrouver avec une tare sur le dos. — Je doute que Nikolaï accepte, fit Yannis perplexe mais avec un ricanement. Ton cousin à sûrement mieux à faire que de venir jouer à la balle avec nous. — C'est ce qu'on verra, grinça Darkos avant de s'emparer de son téléphone. Il s'éloigna un peu des autres et du bruit environ. Trouvant refuge dans un couloir, il s'appuya dos au mur et attendit impatiemment que Nikolaï décroche. À peine ce dernier eut décroché que Darkos prit la parole. — Nikos, j'ai besoin de ton aide. — Que se passe-t-il ? C'est mon père ? Il lui est arrivé quelque chose de grave ? — Non déstresse. Charis va bien. Mais c'est notre équipe qui risque de pâtir à cause de ses décisions absurdes. — Je ne comprends rien. Il lui expliqua brièvement la situation. — Je suis vraiment navré pour Nistace. Mais qu'est-ce que j'ai à voir dans tout ça moi? — Justement, j'ai besoin que tu viennes le remplacer... Allô ? Nik, tu es toujours là ? s'inquiéta-t-il suite au silence qui suivit sa déclaration. — Tu t'entends parler ? Je suis chef d'entreprise maintenant. Je n'ai pas le temps pour ça. Le polo et moi, c'est une histoire morte et enterrée. — Tu es notre unique espoir ! — Tu devrais écouter mon père. S'il a foi en ce type, c'est que c'est le bon. — NON ! — Dark, tu es entrain d'agir capricieusement. As-tu peur que cet homme te prenne ta place de capitaine ? — Ne dis pas des conneries, je suis le meilleur dans ce domaine, personne ne m'égale et mon oncle le sait. — Alors pourquoi en fais-tu toute une histoire ? — Je ne veux pas qu'on prenne le risque de tout foirer à cause de lui. — Laisse-lui sa chance. — Mais arrêtez tous de me dire ça! Il faut que tu te joignes à nous. — Ne me donne pas d'ordre Darkos. — Je ne suis pas entrain de te donner un ordre. Je suis entrain de te demander un service en tant que ton cousin et ton ami. — Désolé Dark, mais tu t'adresses à la mauvaise personne. Je me suis juré de ne plus jamais toucher à un maillet ou de monter à cheval. Darkos soupira. Décidément tous le monde était têtu dans cette famille. Cette équipe courrait tout droit vers sa perte si n'importe qui pouvait être sélectionné. Pourquoi était-il le seul à avoir de la lucidité ? — Merci de ne pas m'avoir aidé, cracha-t-il avant de raccrocher. — Alors? s'enquit Yannis en le voyant revenir. Son air grave ne présageait rien de bon. — Il ne viendra pas. — Je te l'avais dit. — Et moi je n'ai pas dit mon dernier mot. Je vais tellement malmener ce type qu'il partira de lui-même. S'il est nul comme je le pense, il va souffrir deux fois plus. — Du calme, il ne t'a rien fait. — Et puis si ça se trouve, c'est un bon joueur. Tant qu'il nous aide à atteindre le trophée, c'est tout ce qui importe non? — Je ne demande qu'à en avoir la preuve. Je vais céder pour cette fois-ci. Mais une seule erreur lors de sa mise à l'épreuve et il sera "out". Le trio de sépara quelques heures plus tard lorsque la famille de Nistace arriva de la ville de Mykonos. Le soir, il enfila un costume simple et se rendit à la soirée organisée par le père de sa "maîtresse". Il détestait aller à ce genre de fête ennuyeux. Ce n'était pas leur victoire de ce matin qui allait être célébrée mais plutôt une affaire que Leonidas Loverdou avait conclut avec une marque de vêtements dont Darkos était lui-même l'égérie. Il fallait dire que dans ce milieu, l'occasion la plus futile était bonne pour célébrer. Dès son arrivée, il fut aveuglé par les flashs d'appareils photos. Eleni en profita pour se jeter sur lui afin d'alimenter les ragots qui disaient qu'ils étaient officiellement en couple. Darkos cacha son énervement pour ne pas l'humilier publiquement. Ce n'est pas qu'il avait de la considération pour elle, mais se disputer avec elle n'était pas bon pour les affaires. Avec le recul, il se dit qu'il aurait mieux fait de réfléchir à deux fois avant de jeter son dévolu sur cette petite sangsue. Eleni avait beau être douce et gentille, elle commençait à le gaver sérieusement. Mais il devait avouer qu'elle était délicieuse dans cette courte robe bustier mauve fendue au niveau de la jambe droite. Lorsqu'elle ne portait pas sa hideuse tenue de travail, elle était toujours un régal à voir en robe...et en sous-vêtements. Après avoir passé deux heures parmi ces nombreux hommes d'affaires, Darkos pensait sérieusement à décamper. Pour un oui ou non, la rousse assise à ses côtés ne cessait de rigoler comme une pie. Un air de Jazz fort lassant flottait dans l'air en se mélangeant aux parfums capiteux des dames couvertes de bijoux. Les conversations autour de la table étaient ennuyeuses par dessus le marché. Qu'est-ce qu'il faisait là, se demanda t'il pour la millième fois. Il lança un regard circulaire à la salle en espérant voir Yannis, Homer ou même son oncle. Mais aucun d'eux n'était là ce soir. C'est alors qu'il la vit au loin. Elle était assise au milieu d'un groupe de personnes distinguées mais semblait perdue dans une autre galaxie. Une main parfaitement manucuré posée sous le menton, elle sirotait tranquillement son verre de rosé. Ses cheveux bruns bouclés et attachés descendaient en cascade le long de son dos. Elle avait piqué dans sa coiffure quelques fleurs dont la couleur était semblable à celle de sa robe blanche à fine bretelles, un robe qu'on confondrait presque avec sa peau diaphane. Dans ce fourreau en mousseline qui ne la moulait pas vulgairement contrairement aux autres femmes de l'assemblée, celle-ci ressemblait à une jeune mariée encore pucelle de tout acte sexuel. Était-ce la réalité ou une enveloppe destinée à cacher un tempérament orageux et lubrique? Elle dégageait quelque chose d'extraordinaire, un mélange d'aristocratie, de fougue et d'innocence. Il devait reconnaître que ça piquait sa virilité physiquement parlant. Dark avait commencé très tôt à séduire alors il savait déceler la personnalité de ces beautés qui ne demandaient qu'à passer des nuits de passion dans ses bras. Qui était-il pour leur refuser ça. Il aimait ces créatures et ne s'en cachait absolument pas. Se sentant sans doute observée, la jeune femme leva son regard azuré et le planta dans le sien. Dark fut parcourut par un frisson de désir. Comment était-ce possible. Comment une femme pouvait-elle lui faire éprouver une chose aussi bouleversante à travers un simple contact visuel ? D'habitude il lui en faillait plus quand il s'agissait des femmes. Il lui fallait toucher leurs peaux délicates avant de s'embraser, sentir leurs doux parfums et jouer de ses charmes. Captivé par la sirène blanche se trouvant à quelques mètres de lui, il en oublia Eleni. Il faillit lâcher un rire sonore lorsqu'elle le snoba effrontément en le lorgnant avec dégoût. C'est la première fois qu'une personne du sexe opposé le défiait de la sorte et il aimait ça. Son instinct de lovelace se réveilla. La chasse était officiellement ouverte.
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